La mode en précommande, la nouvelle tendance plus responsable

De plus en plus de jeunes marques proposent la fabrication à la commande. Une manière de lutter contre le gaspillage, mais aussi de cultiver l’envie. Décryptage d'un nouveau phénomène mode plus écoresponsable.

Cora Delacroix, photos D.R. |

Le concept

« 1 jour avant la fin de la précommande. Livraison estimée : avant Noël. » Il ne s’agit pas d’un message de publicité sur un site de ventes privées, mais d'une précision sur le site internet d’Asphalte. Celle-ci concerne un bonnet 100% laine. La particularité ? Au moment où l’on débourse (24 euros) pour le bonnet, celui-ci n’existe pas encore. Il sera confectionné une fois la commande passée. Asphalte, marque de prêt-à-porter masculin suivie par plus de 70 000 personnes sur Instagram, n'est pas la seule marque à miser sur ce que l'on appelle la mode en précommande. Depuis quelque temps, elles sont de plus en plus nombreuses à choisir ce mode de fonctionnement, à l'opposé de la fast fashion. En effet, lancer la production une fois que le client a passé une commande permet d’éviter la surproduction, et donc le problème des invendus. Certains de ces labels 100% en ligne incluent même leurs clients dans leur processus créatif -certains proposent de « co-créer » des modèles. Sans oublier de cultiver le désir à coups de photos ultra-soignées sur Instagram et d’échanges réguliers avec leur communauté. 5 marques parisiennes qui ont passé le pas.

Lire aussi : La mode à louer, la solution pour lutter contre la fast-fashion ?

Réuni : classique au féminin

Chemise en popeline, cardigan en molleton, manteau en laine, bottines en cuir… Depuis son lancement en 2019, Réuni imagine un vestiaire féminin et intemporel. Pour plus de transparence et connaître les besoins de leurs clientes, Adrien Garcia (passé chez Louis Vuitton et créateur du podcast « Entreprendre dans la Mode ») et sa compagne Alice Bailly (elle aussi passée chez Louis Vuitton) misent sur la co-création : la communauté est invitée, via Instagram ou via le site internet de Réuni, à choisir les matières, les couleurs ou mêmes les coupes d’un produit. Ainsi le « gros pull d’hiver » : composé de laine mérinos et tricoté en Espagne, il se décline notamment dans des tons bleu ciel, crème ou framboise. Le prix : 150 euros pour une livraison estimée début janvier.


www.reuni.com

Asphalte : le précurseur

Lancé en 2016 par l'entrepreneur William Hauvette, Asphalte s'est fait connaître avec des pièces à la fois basiques et incontournables : des parkas, des pulls à cols ronds, des sur-chemises à carreaux… La marque basée à Bordeaux s’adresse à ceux (et désormais à celles) qui veulent consommer "moins mais mieux". Pour Asphalte, la précommande va de pair avec la qualité des pièces. « C’est ça qui nous permet de couper les coûts qui ne concernent pas la qualité et de mettre tout le flouze (l'argent) dans ce qui compte pour nous : la qualité des tissus, des confections et des services », peut-on lire sur le site de la marque. La clé pour un business qui fonctionne ?


www.asphalte.com

Coltesse : sophistication made in Paris

Avec un nom qui rend hommage au dramaturge autodidacte Bernard Marie Koltès, Coltesse mise sur l'élégance et la singularité. Cette marque haut de gamme fondée par Florent Coltesse, qui cite le label de luxe Lemaire parmi ses sources d'inspiration, fabrique ses pièces dans un atelier de la capitale française. Au menu cet hiver -en précommande : un manteau oversize fendu sur les côtés, disponible en camel, gris ou marine (les prix varient entre 610 et 690 euros, selon la longueur du manteau). Florent rappelle l'efficacité de la marque : une fois la pièce commandée, il suffit de seulement deux semaines pour la confectionner.


www.coltesse.com

Maison Cléo : rétro sexy

C’est une petite entreprise dont le succès dépasse largement le continent européen. Depuis son lancement par la férue de vintage Marie Dewet et sa maman couturière, Nathalie, Maison Cléo a séduit des milliers de jeunes femmes, dont une flopée de célébrités new-yorkaises. 120 000 personnes sont aujourd’hui abonnées au compte Instagram de la marque. Mais il faut s'armer de patience -et de détermination- pour mettre la main sur une blouse à carreaux (185 euros) ou une veste en laine (340 euros) griffée Maison Cléo. En effet, toutes les pièces (créées à partir de chutes de tissu de maisons de luxe) sont confectionnées par Nathalie. Tous les mercredis à 18h30 heure de Bruxelles et à 12h30 heure de New York, 30 pièces sont mises en ligne sur le site internet Maison Cléo. Ou l'art de cultiver la rareté !


www.maisoncleo.com

Patine, l'outsider

Avant d’avoir lancé Patine, Charlotte Dereux a travaillé pendant dix ans pour Sarenza, un site spécialisé dans la vente de chaussures et accessoires. En 2017, la jeune femme arrête la viande et la fast fashion. Et décide donc, dans la foulée, de créer sa marque de mode responsable. Avec Patine, elle imagine des vêtements qui lui ressemblent : féminins, inspirés par la culture pop et les années 1980. Résultat : des jeans bruts à la coupe droite, des t-shirts à col rond en coton bio, des hoodies doudous... Patine a elle aussi embrassé le modèle de la précommande. Comme avec « Marty », un bas de jogging en coton bio épais (105 euros). Parmi les prochains lancements, on peut citer une salopette et une chemise en denim. Et si la mode en précommande était le signe d'un retour aux fondamentaux ?


www.patine.fr

Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.