Gros coup de pub
Il y a quelques semaines, le chanteur Harry Styles, figure rock, paraissait en couverture du numéro de décembre du Vogue US. Un homme en couverture ce n'est pas commun, surtout quand il porte une longue robe. La photo a fait grand bruit et interroge sur l'avenir de la mode et la perméabilité entre le vestiaire masculin et féminin. Il est vrai que même si la femme s'est réappropriée le pantalon et le costume depuis des années, c'est l'homme qui, à son tour, depuis quelques saisons, vient piocher dans le vestiaire féminin: couleurs, imprimés, volants, une fantaisie qui fait bouger les codes. Certaines marques ont même édité des collections entières labellisées 'no gender', lissant l'allure de l'homme et de la femme en une silhouette neutre. Mais la mode est-elle vraiment débarrassée de la notion de genre ?
Un peu d'histoire
Si le pantalon a longtemps été un vêtement exclusivement masculin, il est intéressant de noter que ce n'est qu'au moment de la Révolution Industrielle que le vestiaire masculin s'est transformé pour n'être réduit qu'à une seule icône: le costume sobre, les couleurs neutres, une coupe qui ne s'autorise aucune excentricité. Pourtant jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les hommes portaient soieries colorées, broderies, volants , perruques et rubans. Tout au long de l'histoire de la mode, la robe a été portée comme un attribut de pouvoir: les papes, les rois, les empereurs romains portaient la robe, la jupe et la toge. Ce n'est qu'au XIXe siècle que les codes se raidissent. Une vision manichéenne qui ne sera pas rediscutée avant les années 60 et la vague hippie. Encore aujourd'hui la jupe et la robe semblent être les derniers tabous du vesitaire masculin. Vont-ils enfin tomber?

Les genres ont la dent dure
Invitée à s'exprimer sur le sujet par le JT de la RTBF, notre rédactrice en chef, Ingrid Van Langhendonck, relativise un peu. "Si la mode est en train de bouger et que c'est encourageant, force est de constater que ces collections sont avant tout construites sur un vestiaire masculin. Ce sont des pantalons larges, des sweaters oversized: une silhouette générale qui floute les formes et lisse les corps. On aurait aimé voir surgir des robes, des tuniques longues, des jupes pour les hommes, mais force est de constater qu'une mode qui se veut non genrée reste sous l'emprise des codes masculins. Néanmoins, elle remporte une forte adhésion auprès des plus jeunes et c'est une bonne chose que les adolescentes et les adolescents qui sont en quête de leur identité sexuelle ou qui ont du mal à s'approprier les changements de leur corps puissent adopter une mode qui ne les oblige pas à trop se déterminer et leur laisse le temps de trouver leur style et leur identité. A ce titre, cette mode fait bouger les lignes et des coups d'éclat comme la couverture du Vogue contribuent à davantage de mixité."