La Table de La Manufacture : la double adresse gastro et bistro

A Charleroi, La Table de La Manufature est une double adresse : gastro à l'étage, bistro au rez-de-chaussée. L'une nous a un peu frustrés, mais l'autre carrément affolés.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

La Manufacture Urbaine, c’est grand comme une famille nombreuse. D’un côté, l’aîné de fratrie, L’Atelier. On y brasse de la bière, cuit du pain, torréfie du café, grignote des grandes tartines gourmandes, fait ses courses de produits qui viennent de pas très loin à l’épicerie, puis on sirote ladite bière devant une expo ou lors d’un événement. De l’autre,
la cadette, à quelques cumulets de là : La Table qui regroupe deux restos en un dans un lieu cosy, de bon goût, confortable, lumineux... Bref, sur lequel on a complètement flashé.

À l’étage, le restaurant gastronomique ; au rez-de-chaussée, le bistro. L’histoire veut que nous ayons goûté les deux, avec plus ou moins de bonheur. Mais l’histoire finit bien, et nous eurent de jolies digestions et plein d’étoiles dans les yeux. On commence par le moins positif : le gastro, à l’étage, que nous avons visité un peu prématurément, alors que les rouages manquaient d’huile et que l’équipe du chef Fabrizzio Chirico n’était pas encore au complet.

Poussif sans être catastrophique, le repas nous avait d’autant plus frustrés que du haut de notre perchoir, nous voyions passer les assiettes du côté bistro, qui avaient l’air fabuleuses. Mais on connaît l’excellente réputation de Chirico, couronné Chef wallon de l’année 2015 par Gault & Millau, et cet inaccessible ballet de ris de veau nous avait complètement émoustillés. Carlo et moi avions donc décidé de revenir.

La carte

Deux semaines plus tard, nous nous installons cette fois côté bistro, à hauteur de la cuisine. Banquettes confortables, bougies, tables qui permettent de ne pas trop profiter de la conversation du voisin. On apérote avec une planchette toute chouette, entre pain maison, rillettes et jambon italien.

En entrée, on commande le boudin noir comme une tatin, une espèce de petit câlin fondant-croustillant-gourmand-réconfortant qui donne envie de se rouler en boule sur la banquette. Le chef nous fait goûter le pétillant ceviche de saumon aux pickles d’oignons, et le foie gras maison, chutney de fruits, granola de on-sait-pas-quoi-mais-c’était-bon et brioche encore chaude. Slurp. On avait pourtant commandé exprès une entrée pour deux, vu la taille des plats que nous avions vu passer. J’ai essayé de faire plus petit, mais les gens râlaient, assure le chef. Pas question de se laisser distancer par les locaux, nous y allons à petites foulées.

Les fameux ris de veau grillés, béarnaise au siphon, panais caramélisé s’avèrent aussi bons que beaux, comme dans nos rêves. Carlo opte pour un vol-au-vent revisité avec succès, dont la volaille de Lustin fond dans la bouche. Petit plus : les frites au blanc de bœuf qui goûtent celles que ma voisine qui était presque ma grand-mère me faisait. Larmichette (de gras). Ah, tenez, la même coule sur la joue de Carlo.

C’est fou comme le blanc de bœuf transcende les générations. Comme on roule et puis qu’on a plein de boulot le lendemain, on évite le vin et on arrose tout ça avec des bières brassées dans L’Atelier. Une Blanc-Seing pour moi, une IPA des Quais pour Carlo. Ça goûte bon et ça passe bien, j’ai envie de dire. Nous terminons le repas avec un bidon qui ressemble à s’y méprendre à six mois de grossesse bien tapés. Mais professionnels jusqu’au bout, nous commandons tout de même une tartelette au citron meringuée, joliment graphique et parfaitement exécutée. 

Le verdict

C’est du tout grand bistro, ce rez-de-chaussée. D’une qualité qu’on croise trop peu. Faut dire qu’avant de gérer cette double table, Fabrizzio Chirico a été pendant 23 ans à la tête du très réputé Délice du Jour, à Gerpinnes. Il amène une touche gastronomique à des plats a priori classiques qui en deviennent parfaitement affolants. Pour deux, on a payé 165 € côté gastronomique et 87 € côté bistro, ce qui fait de cette chronique le travail le moins rentable de nos carrières. Tant pis, notre prochaine table sera bon marché !

La Table, 10 Place Emile Buisset, 6000 Charleroi. T 071.70.20.18. www.manufacture-urbaine.com. Bistro ouvert du lundi au samedi de 11 h à 22 h. Table ouverte midi et soir du mardi au samedi.