Le Blue Monday, le jour le plus déprimant de l'année, n'existe pas

Le troisième lundi de janvier est le jour le plus déprimant de l’année. Du moins en théorie. Car en pratique, ce lundi, baptisé « Blue Monday », n’est pas pire que les autres ! On vous explique pourquoi.

Par Camille Vernin, Photo : Pexels |

Vous vous êtes réveillé le moral dans les chaussettes et l'envie de tuer tout le monde au bureau ce matin ? À moins que vous n'ayez même pas la force pour ça. C'est normal, c'est le Blue Monday. Après le Blue January - alias le mois le plus déprimant - voici le jour élu comme étant le plus déprimant de l'année. S'il est "célébré" depuis vingt ans chaque troisième lundi du mois de janvier, l'histoire de son origine nous laisse de gros doutes sur sa pertinence réelle. D'ailleurs, même l'inventeur du Blue Monday n'y croirait pas lui-même. Voici pourquoi ce lundi risque en fait d'être comme tous les autres...

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Blue Monday, vraiment ?

Le concept, né aux États-Unis en 2015, est en fait l’invention de l’agence de voyage Sky Travel. L’objectif ? Nous vendre des vacances pour fuir le jour le plus triste de l’année. Pour rendre le truc crédible, une équation a même été inventée pour donner au Blue Monday un poids quasi-scientifique. Derrière ce calcul « savant » ? Cliff Arnall, professeur de psychologie, qui a mis au point cette fraction en mêlant différents paramètres tels que la météo, les dettes contractées pendant les fêtes, le temps écoulé depuis Noël et Nouvel An ou encore le manque de motivation. En cherchant un peu plus loin, on découvre que Cliff Arnall a également été commissionné par Wall's, une marque de glace, pour médiatiser le jour le plus heureux de l’année grâce à une équation similaire. Un jour qui tomberait au cours de la seconde moitié du mois de juin. Cliff Arnall a finalement avoué par la suite qu'il n'y avait rien de scientifique derrière ce calcul. Joli coup marketing, puisque 18 ans après, on en parle encore…

Ironie du sort, il milite aujourd'hui pour son abolition dans le cadre d’une campagne sponsorisée par le comité touristique des îles Canaries en Espagne. "Ce genre de calculs menace la compréhension que le public a de la science et de la psychologie. C’est également irrespectueux envers ceux qui souffrent de vraie dépression, car cela sous-entend qu’il s’agit d’une expérience temporaire et mineure, dont tout le monde souffre", raconte le chercheur en neurosciences Dean Burnett au Guardian. Au-delà de poser moralement question, le Blue Monday est aussi dénoncé pour sa tendance à encourager les dépenses compulsives. Une étude britannique menée par le Money and Mental Health Institute démontre que, sur 5 500 personnes souffrant de troubles mentaux, neuf personnes sur dix dépensent plus d’argent lorsqu’elles ne vont pas bien.

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Comment surmonter le blues ? 

On l'a bien compris. Il y a derrière le Blue Monday un phénomène marketing et médiatique qui fait vendre. Ce qui n'empêche pas certains éléments de vérité d'expliquer qu'on ait un peu moins le moral au mois de janvier. En hiver, le manque de luminosité cause un déficit de sérotonine et un surplus de mélanine. Notre jauge d’énergie descend et on se sent épuisé. Pour celles et ceux qui n'avaient déjà pas le moral ou qui vivent actuellement des événements compliqués, cette donnée météorologique peut forcément en rajouter une couche. 

En cas de petite déprime ce lundi matin, Anne-Françoise Meulemans, médecin psychothérapeute et fondatrice du CentrEmergences propose un exercice simple basé sur plusieurs techniques comportementales. Il consiste à trouver cinq avantages dans ce qui nous rend tristes, de façon à créer un nuancier autour de nos coups de blues, de trouver un moyen d'alléger ces moments inévitables de déprime, et même - soyons fous - d'en tirer des avantages. "L’être humain est résilient", explique-t-elle. "Mais on le fait souvent a posteriori, rarement sur le moment-même. Il faut parvenir à remettre du doux et du tendre dans ce qui nous rend tristes. C'est un reconditionnement positif qui prend du temps, mais qui est absolument nécessaire. Après tout, ce n'est qu'une croyance de penser que le lundi matin est un moment terrible. On peut aussi se dire que, sans lui, les dimanches n'auraient pas cette saveur, et il est souvent un bon prétexte pour râler, ce que beaucoup de gens adorent".

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