Le carnet de voyage de Thomas Van Hamme

L’animateur, qui a mis sa carrière en pause, prépare son monde d’après en mode globe-trotter. Il nous emmène dans ses valises et nous explique son retour aux sources. 

Par Ingrid Van Langhendonck. Photos Thomas Van Hamme. |

Que représentent les voyages pour vous ? 
Cela fait vraiment partie de mon ADN, on est une famille de baroudeurs ; mon père a fait plusieurs fois le tour du monde, il est parti en auto-stop traverser l’Afrique. J’ai reçu ça en héritage et c’est ce qui me fait vibrer : partir, découvrir d’autres univers, rencontrer des gens, d’autres cultures, c’est ce qui m’anime. Mon métier m’a permis de faire de magnifiques voyages, J’ai vu décoller la fusée Ariane en Guyane, j’ai visité la Maison Blanche, j’ai volé avec des oies sauvages dans le Cantal… C’est une chance et c’est aussi pour cela que j’ai adoré ce métier.

Comment choisissez-vous vos destinations ?
C’est un problème (il rit). Il y a tellement de pays que je veux encore voir, il y en a une liste interminable dans la tête. Disons que c’est un feeling, une envie du moment, je choisis un peu à l’instinct. Mais par exemple, mon voyage en Inde a été planifié a un moment particulier dans ma vie : entre la crise de la cinquantaine et certains événements personnels, j’ai été amené à une réflexion sur moi-même et l’Inde était la destination qui s’imposait. Ce pays dégage une spiritualité particulière, qui est présente partout de manière très vibrante, j’en suis revenu transformé. J’ai dû écourter ce voyage à cause de la pandémie… J’ai fait surtout le Sud, avec Goa, Bombay, puis sur la fin je suis remonté un peu vers Vârânasî, je voulais faire le Rajasthan. J’aurais voulu remonter vers le Népal et l’Himalaya, mais j’ai dû rentrer… 

Votre plus beau voyage ? 
Chaque voyage est beau ! La beauté est partout et il faut juste savoir l’accueillir, et il n’y a pas besoin d’aller au bout du monde pour ça… Mais s’il faut choisir, je dirais le Kenya, j’ai visité la réserve naturelle du Masai Mara et je n’oublierai jamais cette rencontre avec ces animaux en liberté : les girafes, les lions, les éléphants… Je me croyais dans un film. Cette nature incroyable et ces sites préservés, c’est un souvenir génial. 

Le voyage le plus introspectif
L’Inde, encore, d’abord parce que je suis parti seul, avec mon sac à dos. C’est un exercice intense et très intéressant, qui n’est pas facile au départ, car on n’est jamais vraiment seul en fait dans nos vies modernes. Et pourtant, j’ai réalisé que voyager seul, c’est l’ultime liberté car tu ne dépends que de toi, et au fil des semaines, sans programme précis, tu peux changer d’avis, modifier ton parcours, te laisser porter et faire des rencontres passionnantes avec des gens à qui tu n’aurais peut-être pas parlé en étant accompagné. En Inde, il y a des choses qui sont de l’ordre du cosmique. Il y a une énergie particulière qu’il faut savoir appréhender et apprivoiser parce que quand on arrive sur place, c’est un choc : c’est bruyant, ça grouille, la pauvreté est à même la rue : on doit vraiment apprendre à se laisser porter. Puis, au fil des jours, l’égo se dissout dans cette immensité, on devient une poussière dans un tout, et cela a été très révélateur pour moi, surtout après le métier que j’ai fait.

Le moment ou le temps s’est arrêté…
A Vârânasî, cette ville au nord-est de l’Inde, la ville la plus ancienne au monde, une ville sacrée où les hindous viennent mourir pour libérer leur âme du cycle infernal des réincarnations. Cette ville est d’une saleté innommable, c’est la cour des miracles, on y croise des illuminés, des babas, des sâdhus qui prient et vivent de l’aumône, des vaches sacrées, des chiens galeux, et puis il y a cet endroit où les corps sont brulés. Ces bûchers, c’est un cloaque immonde avec une odeur qui vous prend et un spectacle de la mort qui est une claque pour un Occidental…  

Un lieu méconnu
Une petite plage totalement nature et entièrement préservée en Andalousie, qui m’a frappé au cœur et où j’ai décidé de peut-être lancer un nouveau projet mais, je ne dirai pas où se trouve cette plage et je n’en dirai pas plus sur ce projet parce qu’il n’est pas tout à fait mûr (il sourit)...

Un monument
Le temple d’Isis sur l’île de Phiale sur le Nil. J’adore l’Egypte et l’énergie paisible que dégage ce pays. Ce temple est d’un romantisme incroyable, surtout pour moi qui suis de plus en plus sensible aux énergies, j’y ai trouvé une atmosphère particulière.

Une rencontre
J’ai rencontré tellement de gens, certains sont devenus des amis, mais il y a une rencontre qui a été toute particulière. Le jour de mes 50 ans, j’étais au Costa Rica et on descendait un rapide au milieu de la jungle dans un décor incroyable (on a tourné certaines scènes de Jurassic Park dans ces forêts). Quand tout à coup, un grand papillon bleu métal s’est approché de nous, un morpho magnifique. Il a tourné autour de nous pendant près de vingt minutes, alors qu’on descendait la rivière… Je l’ai vécu comme un signe, c’était une présence. Vous me prendrez pour un fou, mais pour moi il transportait une âme, un message… C’était juste après la mort de ma petite sœur et j’y repense toujours avec émotion.

Un incident dont vous riez aujourd’hui
J’ai failli mourir dans le Grand Canyon ! J’avais 16 ans et on visitait l’Ouest américain avec des amis. Arrivés sur place, fin de matinée, on s’est dit qu’on allait descendre au fond du canyon et remonter ensuite. D’en haut, ça avait l’air sympa… Au final, ça nous a pris des heures, on n’avait même pas emporté une gourde d’eau, on est remontés crevés, paniqués, avec le soleil couchant. On a été sauvés par des rangers qui nous ont passé un savon mémorable. J’en ris, mais c’était tout à fait inconscient ! 

Un lever de soleil mémorable
Un cours de yoga sur la plage de Pondichéry avec un autre backpacker rencontré lors de mon voyage, on s’était donné rendez-vous au lever du soleil, des indiens se sont assis autour de nous pour nous regarder, c’était un beau moment suspendu.

L’objet que vous n’oubliez jamais en voyage
Mon téléphone ! C’est bateau, mais c’est indispensable, on peut réserver un logement ou un train en dernière minute, d’un clic on peut traduire ce qu’on dit, on prend des photos : il ne s’agit pas d’être connecté tout le temps et de ne pas profiter, mais c’est un appareil qui me donne vraiment davantage de liberté quand je voyage.

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