Le Comptoir de Marie, le bar à tapas aux saveurs du monde

Le chef Luc Broutard est un personnage de la galaxie montoise du bien manger. Sa Table du Boucher est l’un des meilleurs restaurants de viande du pays et il a ouvert à deux pas du singe de la Grand- Place, Le Comptoir de Marie, une table de tapas espagnoles mais pas que, où il ne cuisine pas lui-même, mais où son esprit souffle avec force, rigueur et bienveillance.

TEXTE : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. PHOTOS : MYRIAM BAYA. |

Pour un comptoir, c’est un comptoir : il y a 15 places... au comptoir (en face du bar et de la cuisine, et ce n’est pas large) et 15 à l’étage. Des clients arrivant après nous, demanderont même, face à l’exiguïté du lieu, si “C’est bien ici le restaurant”. J’aime bien m’asseoir au comptoir et taper la causette avec les travailleurs qui travaillent et justement, ici, ils sont d’emblée sympas et très compétents. Allez, apéro, je commence par un excellent vermouth blanc espagnol (10 €) tandis que, par surprise, Florence étanche sa soif avec un mojito sans alcool (10 €), elle se rattrapera ensuite...

Faut-il manger copieux au petit-déjeuner ? 

Dans l'assiette

Le pitch ici, ce sont les tapas, le lecteur intelligent l’avait compris, mais ce sont aussi des producteurs-artisans qui ont fait l’objet (on va très vite comprendre) de recherches minutieuses. De nos jours, 90 % des restaurateurs nous chantent “l’air des produits rigoureusement sélectionnés”, ici, ça va être très vite vrai, tandis qu’on n’oublie pas non plus de cuisiner, comme ça vous en savez déjà beaucoup avant la fin ! Il y a un menu tapas à 70 € (6 tapas, un plat, un dessert), mais on nous assure qu’à la carte, nous aurons le loisir de commander et recommander à l’envi, en fonction de notre appétit.

Impasse sur le menu, donc et on commence par commander 5 tapas (tarifées de 5 à 20 €) à partager. Une mise en bouche a priori banale donne très vite le ton : un gaspacho où l’on décèle que le chef a rôti les poivrons, n’a pas épaissi au pain et – ce sera le fil conducteur de cette soirée de septembre – a employé de sacrées tomates. Ensuite, ça roule en mode rapido pero no demasiado. Pan de cristal (pain croustillant) avec une purée de tomates diabolique de goût, jamon bellota (servi avec de délicieuses amandes salées), dont on pourrait ne manger que le gras poly-insaturé aux glands que gobent les cochons, anchois de Cantabrie (Florence, prétextant mon faible amour du poisson essaye de tout rafler, alors que les vrais anchois, je me rue dessus), gambas tellement XXL qu’on dirait des langoustes, avec re-tomate compotée, croquetas de joue de bœuf riches et puissantes, adjointes d’une sorte de ketchup de poivrons, parfaitement en symbiose avec le croustillant de la panure et le fondant de la farce.

On reprend notre souffle, d’accord il y a peu (et encore !) de cuisine, mais l’enchaînement est parfait et on sent derrière la joie festive de cette cuisine, sans doute non créative, une rigueur où l’on se met vraiment dans la bouche et l’esprit du client. D’ailleurs, on enchaîne avec une préparation très préparée, une tatin d’oignons, glace au fromage de brebis Manchego, impec’ niveau contraste de textures et saveurs, toutefois – Florence veille – un brin trop sucrée au niveau de la pâte. On arrose cela d’un amontillado ambré, frais comme il faut, pas pour toutes les bouches, certes, mais aux notes oxydatives qui ajoutent du goût au goût de nos tapas.

Cinq tapas plus loin, il nous reste un peu d’appétit, de quoi se partager un plat. On hésite, on tergiverse, on se ravise. On prend finalement un simple filet pur de bœuf, cuit à l’unilatérale (dessus, pas dessous), servi avec un jus délicieux, des cèpes et des patatas bravas enflammées par une mayo au paprika fumé. Bim ! Le chef - qui nous a à la bonne - prend l’initiative bienvenue de nous servir ce plat (que nous avions l’intention de partager) sur deux assiettes, l’attention est appréciée. Le dessert nous ramène en Belgique (une dame blanche turbinée minute, avec un crumble de chocolat, un modèle du genre) et nous laisse repus sans excès, juste ce qu’il faut.

En images, découvrez notre menu :

Verdict ?

Nous avons ici très bien mangé, à un rythme enlevé (mais pas endiablé) que j’apprécie de plus en plus à l’heure où souvent on s’endort entre deux plats ; et surtout pour une addition très mesurée, compte tenu de la qualité (et du prix) des produits mis en œuvre. On s’en sort, sans avoir fait le tour du menu, mais largement épanchés tant au niveau des papilles que de l’appétit avec une addition qui nous semble à ce niveau, incroyable de modestie : 133 €. On reviendra !

L'adresse ? 8 rue d’Enghien, 7000 Mons, lecomptoirdemarie.be

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