Le grand retour du mocassin

Boosté par le boom du style Ivy League, qui fait fureur chez les Millenials, le mocassin sort de sa torpeur pour chausser les pieds les plus branchés des filles et des garçons. Gros plan sur un soulier plus actuel que jamais.

Par Marie Honnay. Photos D.R. |

Si vous pensez que c’est la fameuse Dockside qui a propulsé la marque américaine Sebago sur le devant de la scène, vous avez tout faux. En 1946, trente ans avant le lancement de la chaussure préférée des propriétaires de voilier, c’est un mocassin beaucoup plus urbain en cuir noir ou marron qui a mis le label sur orbite. Pour comprendre l’ampleur du phénomène, un peu de name dropping s’impose. Si on vous dit : Steve McQueen, Marlon Brando, Paul Newman ou encore James Dean, vous pensez ? Beaux mecs, oui, mais aussi stars ultra lookées.

Ce sont eux qui ont popularisé le style Ivy League, qui s’apparente à un club de garçons bien nés, plutôt instruits et adeptes d’un look propret mais racé tout de même. Entendez : blazer pas trop épaulé, chemise chic et cool, pantalons formels un peu raccourcis et… les fameux mocassins. Les étudiants commencent à les porter sur les campus des universités américaines et bing, le soulier en question devient incontournable. 

Le cas Céline

En France, c’est Céline Vipiana, fondatrice de la griffe Céline, qui impose le mocassin dans le Paris de l’après-guerre. Le sien deviendra culte. Et comme Hedi Slimane, l’actuel directeur artistique de la marque, maître à penser des Parisiennes androgynes et branchées, les aime vraiment beaucoup, il ne s’est pas fait prier pour les remettre sur le devant de la scène.

Détail important : les mêmes pour ses lignes femme et homme, la mixité étant la marotte de Slimane. Comme on nous l’a précisé du côté de la maison parisienne : « Les mocassins Celine sont baptisés Luco, le diminutif que les Parisiens donnent au Jardin du Luxembourg, dans le 6e arrondissement. » L’esprit Rive Gauche, cher à Slimane, mais aussi le berceau des Intellectuels parisiens. Comme quoi, d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, on y revient toujours à ces étudiants, fans du mocassin. Dans ce cas précis, les classiques du genre cohabitent avec des variations très luxe : python verni, jeux de couleurs et le fameux maillon Triomphe, l’un des emblèmes de la maison en lieu et place du mors.

Un mocassin, quatre possibilités

Si vous voulez maîtriser toutes les subtilités de ce modèle culte, il est capital de différencier les quatre grandes familles de mocassins : le penny loafer, qu’on reconnaît à l’empiècement en cuir ton sur ton placé sur le devant, le mocassin à pampilles (ou tassel loafer), le mocassin à mors de cheval, qui s’est d’abord cantonné aux pieds des beaux Italiens (eux seuls semblaient comprendre le fashion appeal du soulier en question) avant de conquérir le monde lorsque la marque Gucci en a fait l’un de ses accessoires les plus mythiques. Et enfin, le modèle à picots, favori des conducteurs de bolides de collection qui aiment son confort hors-pair. Notez que si vous décidez de porter le mocassin avec un costume, le modèle à picots, trop casual, est à proscrire absolument. 

Comment le porter ?

De manière nonchalante, ça c’est certain. L’avantage de ce modèle, c’est qu’il a été popularisé par une génération d’étudiants épris de liberté. Avec le mocassin, il ne faut donc pas hésiter à en prendre. Les garçons peuvent le porter en version premier degré : sans chaussette avec un pantalon habillé ou un chino (que vous pouvez rouler pour mettre la chaussure plus en évidence) et un blazer. Impossible de vous passer de chaussettes ? Elles seront alors fines, unies et chics.

En été, l’option bermuda est privilégiée, mais pas obligatoire. Les filles peuvent copier/coller le look chino et mocassins des garçons ou pousser l’idée un peu plus loin. Ce printemps, testez le look de l’influenceuse Alexis Foreman du blog Style Memos. Pour réchauffer une jupe ou une robe midi portée sans bas, adoptez sans hésiter le mocassin bicolore (un modèle GH Bass, classique des classiques, tant pour hommes que pour femmes) agrémenté d’une petite chaussette fine.   

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