Le Kintsugi, ou l’art de sublimer des objets abîmés avec de l’or

De la vaisselle cassée ? Des murs à combler ? Et si pour être pile dans la tendance, vous vous essayiez à l’art du Kintsugi ? 

Par Anissa Hezzaz. Photos : D.R. |

Le Japon est un précurseur de tendance en matière d’art de vivre. Après nous avoir convaincus d’adopter la méthode KonMari pour ranger nos affaires, la philosophie du wabisabi comme clé du bonheur, désormais,c’est le Kintsugi qui s’invite dans nos vies.  Derrière ce doux nom qui vient de Kin (or) et Tsungi), qui signifie jointure,  se cache en fait un art japonais ancestral qui consiste à réparer des porcelaines ou des céramiques cassées en soulignant leurs fêlures par de la laque saupoudrée d’or. L’art du Kintsugi est appelé le « Kintsukuroi et signifie littéralement le « racommodage à l’or ». 

Découverte au XVe siècle, cette technique s’inscrit dans le wabi-sabi, une philosophie de vie largement adoptée au Japon qui nous aide à voir la beauté des choses imparfaites et atypiques. C’est le shogun Ashikaga Yoshimasa, qui fût le premier à y avoir recours lorsqu’il reçut un bol à thé endommagé venant de Chine. Il récupéra le bol réparé avec de vilaines agrafes métalliques qui n’était vraiment pas esthétique et qui ne rendait plus le bol hermétique.  Il demanda alors aux artisans japonais de trouver un moyen de réparation plus esthétique. Ils décidèrent alors de sublimer l’objet à l’aide d’une jointure en or, telle une cicatrice de son héritage et de ses histoires passées. Le Kintsugi était né. 

Un anti-consumérisme 

Depuis ce premier Kintsugi, la façon de faire est restée la même, et le travail à la main demande toujours autant de précisions. Il s’agit d’abord de recoller les morceaux avec de la laque, ensuite, chaque partie est poncée afin que les surfaces soient bien lisses. Enfin, les parties fêlées sont enduites d’or liquide. Un travail méticuleux et précis qui demande patience et finesse et qui peut parfois durer des heures, voire plusieurs mois. On dit même qu’il faudrait parfois un an pour réaliser le meilleur Kintsugi. 

Aujourd’hui, cette philosophie va à l’encontre du phénomène de surconsommation de nos vies contemporaines et nombreux sont ceux à l’adopter pour donner une seconde vie à leurs objets abîmés ou cassés. L’art colle parfaitement à la tendance récup’ puisqu’elle privilégie le recyclage d’un objet plutôt que l’achat d’un neuf.  Les objets fêlés ne sont alors plus mis à la poubelle, mais entament un autre cycle de vie. Si traditionnellement, cette technique s’utilisait sur les objets en céramiques et avec de l’or, aujourd’hui il existe différentes variantes : 

Plus qu’un art, une tendance !

A noter également qu’une variante consiste à utiliser de l’argent et non pas de l’or. On appelle cette dernière le « gintsugi ». Cette technique ancestrale inspire désormais tous les domaines de la société : de la joaillerie à la pâtisserie en passant par la décoration intérieure, le Kintsugi est devenu un véritable phénomène. Qu’il s‘agisse de combler les fentes d’une table design, de combler des fissures au sol ou simplement pour sublimer un objet de décoration, le Kintsugi est partout, y compris dans le clip « Sandcastles » de Beyoncé où l’on voit un bol noir réparé avec des jointures d’or. Et sur Instagram, il suffit de taper le mot clé « Kintsugi » pour voir apparaître des milliers de créations plus sublimes les unes que les autres. Alors, si vous n’avez jamais « kitsunguer » un objet de décoration, c’est peut-être le moment d’essayer ? 

 

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