Le Local, la pépinière culinaire zéro déchet à Bruxelles

Au Local, on mange du... local, du frais, de l'artisanal qui fait du bien au corps et aux papilles pour un tarif raisonnable. Que demander de plus ?

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Je ne vais pas vous mentir, dans la vraie vie, je suis plutôt militant en faveur de tout ce qui est local, de saison, durable. Je suis à la fois croyant et pratiquant (sans être fanatique) de cette nouvelle religion du bien manger que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de “bien-pensance bobo”. Mais bon, les clichés, à la longue, ça fatigue, d’autant qu’à chaque scandale alimentaire, le club de ceux qui refusent la fatalité du Tricatel gagne de nouveaux membres. En même temps, je suis toujours méfiant et je ne peux pas m’empêcher d’être un tout petit peu ironique dès que je pose mes fesses dans un endroit qui concentre toutes les bienpensances alimentaires du moment, ce qui est un peu le cas chez Le Local, un nouveau spot de cuisine locavore ixellois qui y ajoute le concept zéro déchet, ou disons, le moins de déchets possible. J’ai cru pendant une nanoseconde que j’allais même me prendre une giclée de terrorisme détox quand, animé par l’intention de ne pas boire d’alcool à midi, j’aperçois un panneau vantant les vertus détoxifiantes de quelque boisson fermentée. Entre le kéfir et kombucha, j’opte pour le kombucha. Florence prend une bière.

La carte

C’est plutôt bon, mais comme prévu, ça ne m’a pas lavé les cellules, camarade. Au menu ? Le midi, la forme est assez simple : il y a un lunch avec une entrée qui s’avère être une soupe, et le choix entre des “roskas” (des petits pains briochés avec des bons trucs dedans) ou un plat. Comme nous sommes deux, puisque nous écrivons à deux, on prend la même soupe, potimarron et crumble de parmesan, puis on se partage le boulot, pain de viande au pesto et flageolets pour moi, roskas au saumon gravlax pour Florence. La soupe est parfaite, ça goûte le bon légume bio et l’assaisonnement réalisé par quelqu’un qui sait ce qu’il fait. Le “sandwich” est très bon, le pain est maison, et accompagné d’une très belle salade de légumes de saison dont des choux de Bruxelles crus, absolument craquants. Le saumon gravlax est terriblement gravlax, bien fondant, avec un délice de fromage frais par-dessus.

Ce n’est pas détox mais on a l’impression de se faire du bien. Mon pain de viande au pesto est riche en goûts, d’autant que le pesto a la bonne éducation de ne pas essayer de me faire croire qu’on est en été, c’est donc un pesto qui est plus noix que basilic et ça s’accorde parfaitement. Je suis un tout petit peu plus réservé sur les flageolets. J’adore ça, j’aime les légumineuses, mais étant un mangeur de fréquence réduite de ces délicieux végétaux, je les aime quand même un petit peu plus cuits, genre qu’il ne faut pas mâcher trop longtemps. Mais bon, nul doute que les léguminophiles avertis aimeront ce al dente. 

Du dessert ? Deux, mon commandant ! Une excellente tarte poire frangipane avec un bon coup de beurre qui se cache derrière la pâte pour Florence, un cake pour moi que j’ai trouvé un peu gentillet, sauf le topping très gourmand. Mais Florence a adoré, me toisant sur l’air de “T’as rien compris à ce cake”. De toute façon, elle goûte très très bien, laissons-lui donc le dernier mot. J’ai failli défaillir dans ma ouate locavoriste en recevant le café car il y avait une petite cuillère estampillée Nespresso, mais le café vient d’un tout petit torréfacteur, et la cuillère, c’est de la récup de l’ancien propriétaire. Zéro déchet, on vous a dit !

Le constat

Bon, finalement on a une adresse qui est militante, et tant mieux, et où l’on dépasse largement les clichés du genre pour faire du vrai manger. L’accueil est absolument charmant et surtout très professionnel. Ce petit coin du quartier Louise – où l’on a longtemps connu une enseigne qui s’appelait De la vigne à l’assiette – retrouve une deuxième vie, bien dans l’air du temps, et offre du bon manger à prix très raisonnable. L’addition ? Moins de 50 € à deux. Le soir, comptez un peu plus de sous, mais c’est assez réjouissant de savoir ce que l’on mange du local, du frais, de l’artisanal qui fait du bien au corps et aux papilles pour un tarif très raisonnable.

Le Local, 51 rue de la Longue Haie, 1000 Bruxelles. T. 02.647.68.03. www.lelocalbxl.be. Ouvert lundi et mardi à midi et du mercredi au samedi.