Le sac à dos : l'accessoire masculin du moment

Réservé, jusqu’il y a peu, aux écoliers, aux randonneurs et aux bobos écolos, le sac à dos s’est peu à peu immiscé dans la vie des cadres dynamiques et des modeux. Gros plan sur le it-accessoire du moment.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. |

Souvenez-vous : il n’y a pas si longtemps, aucun cadre bancaire en costume/cravate ne serait arrivé au bureau, un sac sur le dos. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui n’hésitent plus à transporter leur ordi dans un sac en tissu technique léger et waterproof muni de deux larges bandoulières. Mieux pour les lombaires et nettement plus dynamique que la fameuse mallette qui a longtemps accompagné le businessman dans tous ses déplacements.

Quant aux femmes, elles auraient, jusqu’il y a peu, préféré mourir, plutôt que d’afficher ce sac réservé aux ados. Maintenant, elles l’adoptent en version colorée, griffée ou customisée. Les marques de luxe qui osaient lancer ce type de modèles, elles, recevaient généralement un accueil plutôt tiède. Bref, le sac à dos urbain n’avait pas franchement la cote.

Ces dernières saisons, pourtant, il a envahi les villes, les aéroports et même les catwalks. Les bouleversements dans nos habitudes de vie sont évidemment à l’origine de ce nouvel engouement pour l’accessoire préféré du baroudeur et du randonneur. Les pros du marketing ont d’ailleurs inventé un terme — “nomadisme moderne” — pour évoquer le nombre croissant de citadins désireux de booster leur mobilité en milieu urbain. Blabla commercial ? Pas vraiment. Il suffit d’observer les gens dans le bus, le métro, une gare ou un aéroport. Une grande majorité semble en effet avoir adopté le sac à dos pour ses déplacements quotidiens.

Chez Hedgren, une société fondée il y a 25 ans et centrée sur le sac à dos,on remarque d’ailleurs une nette progression des ventes dans ce secteur : 19,2 % entre 2017 et 2018. Et ce, à l’échelle mondiale. Ce que le consommateur recherche : des produits légers, munis de poches et de zones de rangement pratiques, mais également dotés de systèmes de sécurité et même de dispositifs favorisant la traçabilité de leur sac. L’ère du sac à dos intelligent ? En quelque sorte.

#GénérationGo

Pour s’adresser à ce que ces mêmes pros du marketing appellent la #GenerationGo, les marques doivent donc rivaliser d’ingéniosité. En 2019, marcher dans la rue pour se rendre au travail implique de tenir un téléphone portable dans une main et un gobelet de café brûlant dans l’autre. D’où l’importance de conserver ses deux mains libres. Sans parler des citadins qui se rendent au travail à vélo.

Sur base de ce constat, Samsonite, une marque qui annonce un chiffre de vente doublé pour le segment du sac à dos masculin au niveau européen, a lancé 2WM (2 — Wheels-Mobility),une ligne mixte spécialement étudiée pour ceux qui commutent en version deux roues. Sa particularité : être équipée d’éléments réfléchissants, d’un système de circulation d’air à l’arrière, de bretelles ergonomiques ajustables le long du sternum et à la taille pour tenir le sac bien en place, d’un système d’attache intégré pour le casque, de fixations magnétiques permettant d’attacher des oreillettes et même d’un compartiment isolé au fond du sac dans lequel on peut facilement ranger des vêtements propres.

Plus qu’un outil de travail, le sac à dos nouvelle génération assume complètement son côté hybride, à la fois sac de travail, sac de sport et même de voyage dans le cadre de séjours courts. Certains modèles s’apparentent d’ailleurs à de mini-valises business. C’est le cas du modèle Checkmate. En marge de ses nombreux espaces de rangement pour ordinateurs, tablettes et dossiers, les designers de Samsonite ont ajouté un compartiment à chaussures et/ou de rangement pour les vêtements à l’avant du sac. Quand on sait que 58 % des voyageurs d’affaires prolongent leur déplacement de quelques jours à titre privé, on saisit toute l’importance de ce type de bagage.

En mode branché

Le sac à dos 2.0 ne se contente pas d’être multifonctionnel, pratique et léger. Il sait aussi s’inviter dans le cercle fermé des it-accessoires, chouchous des modeux. À ce petit jeu, Eastpak a une longueur d’avance. Connue pour ses collaborations avec des designers en vue, la marque s’est une nouvelle fois invitée sur le catwalk des défilés hommes qui ont eu lieu à Paris en janvier dernier. Chez Raf Simons (dont c’était déjà la neuvième collaboration avec le label) qui l’a accessoirisé de différents charms(clés, fleurs ou anneaux type piercing...), mais aussi du côté du designer Yosuke Aizawa, créateur de la marque japonaise White Mountaineering, qui a imaginé une veste munie, à l’arrière, de deux harnais permettant d’accrocher des mini- sacs de rangement.

Du côté de la marque, on met en avant la simplicité du design de tous les modèles Eastpak. "Même s’il est multifonctionnel, un bon sac à dos ne doit comporter aucun détail superflu. L’aspect pratique prime sur le reste. La force d’Eastpak réside évidemment aussi dans nos collaborations. Depuis le lancement de la marque, les produits créés pour les défilés côtoient d’autres sacs, moins chers. Une manière de rendre nos produits accessibles à tous", nous a-t-on précisé.

Hybridité de rigueur 

Compte tenu de son caractère sympa et anti prise de tête, il est en effet difficile d’imaginer un sac à dos inaccessible car trop cher ou trop luxueux. Pourtant, cette saison, le modèle qui fera courir les filles branchées affichera un logo. De préférence celui de Gucci. À mi-chemin entre le kit-bag des années 80 (l’imprimé du sac est d’ailleurs inspiré d’un logo de cette même décennie) et le sac à dos, ce modèle très cool assume entièrement son caractère hybride puisqu’il se porte comme un cabas grâce à ses deux poignées en cuir ou au dos puisqu’il est également muni d’un cordon coulissant.

Toujours dans ce même registre vintage, mais en version plus abordable, la marque belge Kipling revisite, elle aussi, le sac à dos en revenant à ses fondamentaux. Le résultat : un modèle léger funky semblable à celui qu’on aurait pu afficher il y a quelques décennies. Preuve — pour ceux qui en doutaient encore — que la mode est un éternel recommencement. La différence réside peut-être dans le fait que le sac à dos, qu’il soit de luxe ou non, ne vise plus seulement les ados. À ce niveau, on doit toutefois davantage parler de shift sociologique, plutôt que d’évolution mode. La mobilité n’est en effet plus l’apanage des backpackeurs de moins de 20 ans. Connectés, dynamiques et toujours en mouvement, les seniors 2.0 contribuent, plus que jamais, à booster les ventes de ce type de produits.

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