Le Transvaal, le faux restaurant de quartier

À Auderghem, Le Transvaal est un faux restaurant de quartier qui imprime de la joie. Découverte de l’année au Gault et Millau.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

En cette période de guides, une information capitale a échappé aux commentateurs éclairés: un restaurant d’Auderghem obtenait le prix Gault et Millau de la “découverte de l’année”. Et même si nous savions qu’il était urgent que nous y posâmes nos appétits, il ne nous avait pas été encore possible de réserver... jusqu’à ce mercredi soir de novembre.

Le cadre

Quand on arrive au Transvaal, on a cette perception d’une adresse qui respire le “restaurant de quartier”, où l’on croisera à la fois les retraités qui viennent à midi avec le bichon se faire une petite viande, des jeunes couples le soir et, le vendredi, des familles pour une sortie spéciale. C’est tout cela que ce lieu évoque, amarré sur un coin (avec une jolie terrasse) d’une de ces rues auderghemoises dont on se dit qu’elle illustre à la perfection l’architecture de l’année 1963. Oui mais ici, il faut un peu jouer des coudes pour avoir une place.

Du coup, le public est certes composé de régionaux de l’étape, mais aussi de foodies à barbe taillée avides de gourmandises et de vin bio. Florence et moi avons des goûts souvent différents, mais il y a un plat qui nous rapproche dans une communion presque spirituelle: le ris de veau. Et on veut du croustillant dehors et du moelleux dedans, avec du vrai jus de veau tout près. Pour le reste, le chef fait comme il veut.

L'assiette

Bingo, le chef Raphaël de Saedeleer, nous propose à 28 € un ris de veau comme on l’aime. Avec des haricots coco de Paimpol et une classique et savoureuse “espuma” de patates. Avant, Florence a choisi des Saint-Jacques rôties chatouillées d’une crème de butternut. Les coquillages, sans être des “king size”, étaient joliment cuits et le butternut les soulignait avec justesse. J’ai opté pour un boudin noir bardé d’un feuilletage et purée de châtaignes, une des meilleures entrées que j’ai pu déguster en 2017.

On boit quoi ? La carte est courte, très (trop pour les œnophiles?), plutôt naturobiopathique. Nous optons pour un Régnié qui, une fois dissipées les effluves de réduction, libérait arômes de fruits et structure typique de ce terroir du Beaujolais. Du dessert ? Croustillons et pomme confite, glace au lait d’amande d’une part, et moelleux au chocolat coulant de l’autre. Le moelleux est vraiment coulant mais pas brûlant. Et les croustillons, amusants.
Des desserts qui peuvent apparaître plus convenus, mais leur qualité d’exécution participe à la joie du dîner.

L'addition

Le mot-clé de cette adresse : “réjouissant” (avec “jouir” dedans). Ici, on ne réinvente pas la cuisine, mais on la soigne, on imprime de la joie sincère dans les assiettes, la salle, le service, et ça se sent. Les convives se sourient, une vraie ambiance de salle naît... L’addition, à 170 et quelque euros à deux, est justifiée par le choix du vin et de trois services. Certains jours, on se contentera d’une entrée, un plat et un verre de vin et on verra que les prix pratiqués sont parfois de 5 à 10 € inférieurs à des plats semblables proposés dans des maisons plus luxueuses. Bon, Florence, maintenant qu’on a réussi à y “transvaller”, faudra y transretourner !

40 avenue J. Chaudron, 1160 Auderghem. T. 02 660 95 76. www.letransvaal.be. Le soir, ouvert du mercredi au vendredi. À midi, ouvert du lundi au vendredi.