Les plus beaux voyages de Lionel Jadot

Seul, avec des amis, en amoureux ou en famille, en bateau, en voiture, à moto… le designer adore sillonner le monde, de préférence loin de tout confort. Il nous ouvre ses carnets de voyage.

Par Sigrid Descamps. Photos Lionel Jadot sauf mentions contraires. |

Que représentent les voyages pour vous ?

C’est une bulle et une source d’inspiration, que j’aille dans une ville ou en pleine nature. La plupart du temps, j’aime ne pas les préparer. J’adore arriver quelque part, découvrir au fur et à mesure, sortir des sentiers battus. Je n’aime pas rester dans un endroit fixe, où tout est organisé. Je préfère explorer des lieux plus sauvages et suivre mon inspiration. Et surtout, lâcher tous les standards de confort que je connais le reste de l’année. C’est comme cela qu’on fait des rencontres inattendues, qu’on découvre comment vivent les gens.

Comment choisissez-vous vos destinations ?

J’effectue trois types de voyages : le premier, à moto, seul ou avec des amis, dans des espaces sauvages, bruts... Je suis ainsi déjà allé plusieurs fois en Afrique et j’aime parcourir l’Inde et l’Himalaya. Ce sont des voyages rudes, où l’on débarque dans des villages perdus ; on dort chez l’habitant ou à côté de la moto ou sur un toit ; il n’y a pas d’hôtel. C’est hors confort, et ça nous met en contact avec une tout autre réalité, c’est très inspirant. On roule six à sept heures par jour, en se fixant une destination, mais pour le reste, on suit notre instinct et nos envies, parfois les conseils d’un habitant… Ensuite, il y a les voyages en famille, en mode road-trip, on loue une voiture ou un bateau sur place et on bouge, en laissant les enfants trouver où on va loger, manger, décider de ce que l’on va visiter… On a parcouru le Maroc comme cela. Enfin, il y a les voyages en amoureux avec mon épouse, et là, ce sont plutôt des city-trips au cours desquels j’essaie d’aller découvrir de nouveaux lieux, des hôtels notamment… Là, du coup, j’organise un peu mieux les choses (rires).

Votre dernier voyage ?

Un trip de douze jours à moto dans l’Himachal Pradesh, juste avant le premier confinement, avec trois amis ; c’était grandiose.

Avec quelle moto effectuez-vous vos trips sauvages ?

On choisit des modèles, souvent locaux, qui peuvent rouler sur tous les types de route. En Inde, je roulais sur une Royal Enfield. C’est une moto indestructible, tout bon Indien en possède une dans son garage ; elle est facile à réparer, car on trouve des pièces partout. En fait, où que j’aille, j’opte pour un modèle solide, fiable, que l’on pourra réparer facilement soi-même en cas de pépin. Cela nous permet aussi de faire des rencontres dans des endroits paumés ; il y a comme cela une chaîne d’entraide qui se met en route : les gens viennent vers vous pour vous donner un coup de main.

Votre galère la plus cocasse ?

Lors de mon dernier voyage, une pièce de moto a sauté alors qu’on était sur une route au milieu de nulle part ; un bus est arrivé : tout le monde en est descendu pour venir voir ce qu’il se passait. Parmi les passagers, il y avait un jeune soudeur, qui nous a dit « Je reviens ». Il a arrêté une voiture, est monté à bord, puis est revenu deux heures plus tard, dans une autre voiture, avec son poste à souder sous le bras et il a réparé la pièce sur place. Le soir, on a mangé et logé chez lui, rencontré toute sa famille, c’était super.

Votre plus beau voyage ?

Celui que je n’ai pas encore fait (rires). Il y a quinze ans, j’ai gravi le Kilimandjaro avec ma femme. C’était assez éprouvant physiquement, mais aussi extraordinaire. J’ai aussi effectué un voyage formidable au Burkina Faso à moto il y a quelques années.

Un paysage qui a  vous fait tout oublier ?

J’adore l’Islande, où j’ai fait deux grands voyages. L’un, il y a trente ans et le second, en famille, il y a deux ans. C’est un pays où l’on trouve tous les paysages. On a dormi sur des plages de sable noir, on s’est réveillé entouré de milliers d’oiseaux. On avait l’impression d’avoir atterri sur une planète inconnue. On a dormi un soir dans une grotte volcanique au bord de la mer, avec des rouleaux gigantesques, sans rien ni personne sur des kilomètres.

Un monument qui vous a ému ?

Je suis parti en Egypte il y a une quinzaine d’années. J’avais l’impression, pour l’avoir étudiée, de tout savoir sur elle et ses trésors. Je ne pensais donc pas être surpris et pourtant, j’ai été sous le choc une fois sur place. Les temples étaient d’une beauté au-delà de ce que j’imaginais. Au Japon, j’ai également vu des monuments dingues. Entre autres, le Sanjusangendo, un temple en bois à Kyoto, qui abrite un millier de bouddhas. Une énorme claque !

Une spécialité gastronomique à se rouler par terre ?

Je ne suis pas un fou furieux de gastronomie. En fait, lors de voyages, on mange parfois des plats locaux savoureux dans des lieux improbables, qui ne paient pas de mine. C’est ainsi que j’ai, en Inde, mangé le meilleur curry de toute ma vie, assis sur une banquette en béton, avec des sacs de riz posés par terre, des murs noircis par la fumée du grill... Je n’en ai plus jamais mangé d’aussi bon depuis, même dans d’excellents restaurants. 

Une tradition qui vous a étonné ?

Emu plutôt. Je suis partie en famille à Bali et sur place, ma femme et moi avons décidé de renouveler nos vœux devant nos enfants. On nous a donc organisé un mariage sur une plage, en mode balinais, en comité réduit, revêtus des vêtements traditionnels, maquillés. Avec le coucher de soleil en toile de fond, ça a été inouï, presque méditatif, avec des chants, des incantations… On a fini en larmes !

Votre plus beau lever de soleil ?

Il y a vingt ans, j’ai participé au Paris-Dakar avec un ami. On roulait pour la fondation contre le cancer. 11 000 km dans le désert avec le point final au Caire. On y est arrivé par le désert,  avec le soleil qui se levait sur les pyramides, c’était magique ! 

Là où vous irez après la crise ?

Sur une terrasse du parvis de Saint-Gilles avec des amis, de la bière, des tapas ! Sinon, j’essaie de mettre sur pied un voyage d’une dizaine de jours à moto dans le royaume du Mustang au nord du Népal. C’est un lieu encore sauvage, avec plein de petits villages inaccessibles en voiture, comme j’aime !

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