Les trois mantras bien-être d’une danseuse professionnelle

Quand on veut se sentir mieux dans son corps, on observe ceux chez qui cela fonctionne. Les sportifs nous inspirent, et à plus forte raison ceux pour qui l’expression corporelle est au cœur de leur discipline.

Par Ingrid Van Langhendonck. Photos : Hichem Dahes. |

Atomic 3001, le solo actuel de Leslie Mannès est une transe en quasi sur-place. Pieds ancrés au sol, elle laisse le haut de son corps se faire prendre par une musique, des pulsations électro-pop et techno mixées en direct. La danse de Leslie est le média entre la musique et le corps du spectateur, qui vit intensivement la pièce, l’enfermement du corps puis sa délivrance. Un spectacle qui ne ressemble à rien de ce qu’on croit connaître de la danse. Parce que sur scène comme dans la vie, Leslie Mannes, 35 ans, est une danseuse éloignée des clichés du genre, elle nous livre les trois clés de son équilibre. À copier sans modération.

1. Assumer sa différence

Relativiser, parce qu’on est toujours le gros, le vieux, le beau ou le maigre de quelqu’un … « Le monde de la danse classique est compliqué. On travaille face à un miroir, jour après jour. On est donc dans un rapport au corps et à son image qui parfois vire à obsessionnel, surtout pour une femme, qu’elle soit danseuse ou non d’ailleurs. Parce que notre société cultive une sorte de religion de la santé, du sain qui peut vite devenir dangereux. Heureusement, j’ai réussi à échapper aux déviances que ce milieu peut générer... Ma façon d’aller bien, par exemple, c’est d’inviter des amis à manger. C’est aussi sans doute parce que j’assume le fait d’avoir toujours été hors-format. J’ai commencé la danse à quatre ans. À douze, mon prof m’a demandé si je voulais en faire mon métier. À l’époque, je prenais énormément de cours, j’étais très active. Je pense que j’aurais pu aller chez Béjart. Mais j’étais trop grande (elle mesure un mètre quatre-vingts, ndlr). La danseuse, dans l’idéal classique, doit forcément être plus petite que le danseur. J’ai donc présenté l’examen d’entrée chez P.A.R.T.S (l’école de danse fondée par la Belge Ann-Teresa de Keersmaeker). J’y ai découvert un monde où ma taille n’avait aucune importance, où j’ai pu l’assumer sans complexe. Cela m’a beaucoup aidée. »

2. Trouver l’équilibre

Connaître ses besoins pour choisir sa discipline sportive est important, inutile d’attendre le la méditation qu’elle vous aide à vous sentir mieux si vous avez des tonnes de colère à expulser, c’est la boxe qui vous équilibrera. Leslie : « Je fais du yoga et du pilates au moins une fois par semaine, et du shiatsu. C’est important pour apprendre comment fonctionne le corps. J’ai aussi un bon acupuncteur. Et surtout, je m’entraîne au kung-fu. En sortant de l’école, j’ai commencé à danser dans une compagnie belge. Les projets sur lesquels je travaillais ne demandaient pas une technicité particulière mais nécessitaient une excellente conscience du corps. À l’époque, ma belle-sœur, comédienne, faisait du kung-fu. Je l’ai suivie. Il y a dans cette discipline une énergie d’expulsion libératrice. J’ai prolongé en pratiquant du Taï Chi et du Qi Gong. Le Qi Gong est une vraie médecine du corps : on travaille sur l’énergie et les éléments et on adapte la pratique aux saisons. En automne, par exemple, on travaille son foie. Je pratique ces disciplines depuis sept ans maintenant. Ça m’aide à trouver la justesse dans mon travail chorégraphique. C’est ce travail centré sur les énergies davantage que sur la technique qui me permet d’être performante. »

3. Calmer le tempo

Déconnecter de nos vies schizophréniques, un mantra qui peut paraître bateau, mais, soyons honnêtes, personne ne l’applique vraiment… Leslie : « Adolescente, je n’avais pas une minute à moi. Je n’allais pas au cinéma avec mes potes, je ne sortais pas, je n’étais investie que par la danse. Et à l’école je ne créais pas spécialement de lien avec les autres élèves. Aujourd’hui, je me pose davantage. Avec mes amis autour d’un repas, mais aussi juste avec moi. Pour me sentir bien, quand je peux, je fais une sieste de 20 minutes pour calmer le stress et régénérer l’énergie. Et puis pour garder la forme et le moral, j’écoute de la musique kitsch des années 80 ou des bandes originales de western. Rien de tel pour déconnecter. »