L’histoire du bracelet de montre

En veau, en alligator, en métal, tissés ou en caoutchouc, à boucle déployante ou ardillon, véritables accessoires de mode pour la montre, les bracelets de nos montres ont aussi une histoire

Par Magali Eylenbosch, photos DR |

La petite histoire d'une belle invention

À l’époque des montres de poche, imaginer qu’un garde-temps puisse se porter au poignet tenait du génie. Pourtant cette petite révolution est passée inaperçue en 1810 lorsque la Reine de Naples la commanda à Abraham-Louis Breguet. Grâce à une desciption des archives et malgré les renseignements manquants, on a pu se faire une idée assez précise du modèle. Il s’agissait d’“ une montre à répétition et complications, ovale, exceptionnellement fine, et dotée d’un bracelet en cheveux garnis de fils d’or ”.

Livrée deux ans plus tard, elle est à l’origine de la collection Reine de Naples qui demeure un classique de la Maison. Fin du 19e siècle, la montre-bracelet devient un accessoire pour les dames. Les montres sont de petite taille et relativement peu précises. Les hommes continuent à préférer le diamètre généreux des montres à gousset. Un événement contribuera cependant à les faire changer d’avis. Parce qu’Alberto Santo Dumont s’était plaint à son ami, Louis Cartier, de ne pas pouvoir lire l’heure en plein vol, celui-ci créa, en 1904, l’une des premières montres bracelet pour homme. Le visage de l’horlogerie allait véritablement changer. Ce type de garde-temps a d’abord séduit les pilotes, les aviateurs et les militaires. Après la guerre, nombreux sont ceux qui l’adopteront pour son côté pratique.

 

Un terrain de jeu 

Il faut le reconnaître : l’univers horloger a fait preuve d’une belle ouverture d’esprit quant à l’utilisation de nouveaux matériaux, tant pour les calibres que pour les boîtiers, mais aussi des bracelets. Il s’est d’ailleurs ouvert une multitude de portes et les marques rivalisent désormais de créativité. Il n’y a pas si longtemps, les grandes Manufactures n’imaginaient pas habiller leurs montres de matières jugées “ non nobles ”. Il a d’ailleurs fallu attendre 2016 pour que Rolex dote pour la première fois son Oyster Perpetual YachtMaster d’un bracelet en caoutchouc et fasse l’impasse sur le mythique bracelet en acier. On pouvait compter sur la marque pour faire évoluer le produit.

Désormais, la Sky-Dweller, proposée en or jaune et en or everose, est dotée d’un bracelet Oysterflex qui avait déjà fait précédemment son apparition dans d’autres collections. On peut parler d’un bracelet en caoutchouc high-tech puisqu’il est constitué de petites lames métalliques fabriquées dans un alliage de titane et de nickel, l’ensemble est surmoulé d’un élastomère haute performance. Des coussinets sur la face intérieure garantissent un confort total. Dans la même famille, les montres Tudor proposent par contre un bracelet en tissu supplémentaire depuis 2010 pour tous les modèles de sa ligne Heritage. Ceux-ci sont tissés de manière traditionnelle dans l’entreprise Julien Faure, à l’Est de la France. 

 

Polyvalentes en un clic

Depuis quelques années, l’interchangeabilité des bracelets est devenue l’un des fer-de-lance de l’univers horloger. Lorsque, d’un simple petit clic, on passe d’un bracelet acier à un bracelet en alligator, c’est bien souvent tout le caractère de la montre qui se métamorphose. Elle passe d’accessoire sportif à garde-temps habillé. Déjà en 1987, Poiray avait défrayé la chronique avec la montre Ma Première. Son design Art Déco avait bien sûr retenu l’attention, mais c’était surtout son humeur caméléon qui avait séduit de nombreuses femmes. Grâce à un système unique d’ouverture à cliquet, on passe d’un bracelet en peau exotique à un bracelet grain de riz ou en satin.

Plusieurs Maisons ont depuis fait breveter l’un ou l’autre système qui permet ce changement en quelques secondes chrono. C’est le cas de Cartier et de son système QickSwitch dont le mécanisme invisible, situé sous le bracelet, s’actionne d’une simple pression. À l’occasion du SIHH 2018 et du retour de la Santos, la Maison a également présenté le système SmartLink, qui a également fait l’objet d’un dépôt de brevet et qui permet d’effectuer la mise à taille du bracelet-métal au maillon près, soi-même et sans outil. Au même moment Louis Vuitton a également présenté un concept inédit et breveté de bracelets interchangeables, réalisé dans un composite chargé en carbone aux propriétés similaires à celles du titane, compatible avec toutes les versions de la montre. Au moment du lancement, plus d’une trentaine de possibilités pour hommes et femmes étaient déjà disponibles en termes de couleurs et de matières.

Chez Frédérique Constant, la collection Highlife 2020 possède un bracelet intégré. La Maison lui offre un système de changement rapide, sans outil ni accessoire. D’une simple pression on passe du cuir à l’acier, au crococalf suede, en passant par le caoutchouc.  Enfin, Chanel permet également d’habiller et de déshabiller sa Boy Friend à l’envi. À côté des bracelets matelassés ou en alligator, une belle collection de bracelets en tweed raviront les fashionistas

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