Montres : Les tendances horlogères sur lesquelles miser

Cartier a, comme à l’accoutumée, présenté de belles pièces horlogères tout au long de l'année 2021. Nous faisons le point sur les tendances en horlogerie avec Pierre Rainero, Directeur du patrimoine, de l’image et du style.

Par Magali Eylenbosh Photos : DR |

2021 se termine. Chez Cartier s’est-elle bien passée ou avez-vous dû adapter le calendrier des sorties ?

La crise a affecté le monde entier, mais de manière extrêmement diverse. Après quelques mois difficiles, la Chine s’est remise à fonctionner quasi normalement. Pour nous, l’enjeu consistait à maîtriser la production. Avec les normes sanitaires, ça a été extrêmement complexe au niveau de la Manufacture. Nous avons réussi à réagir avec agilité pour donner satisfaction à notre clientèle. Le calendrier a été  aménagé en fonction de l’ouverture ou de la fermeture des réseaux de distribution, mais, finalement, ça n’a pas impacté tant que ça le travail de création, de production et de commercialisation.

Vous nous avez présenté la Tank dotée d’un bracelet en matière recyclée. Y a-t-il une véritable demande ou est-ce juste la nécessité de suivre la tendance ?

Je ne pense pas qu’il s’agisse de suivre un mouvement. Le questionnement sur l’éco-responsabilité est une tendance de fond aujourd’hui. Ce n’est pas un épiphénomène. Et d’ailleurs les solutions que nous apportons sont en gestation parce qu’elles vont évoluer au fil du temps.

L’emploi de certains matériaux recyclés, les colles par exemple, est parfois plus polluant que de produire un matériau neuf...

Vous avez totalement raison. Sur l’éco-responsabilité, chaque solution entraîne d’autres questionnements. Nous en sommes conscients et nous nous remettons perpétuellement en question quant aux adjuvents que nous utilisons. Ensuite, nous faisons le bilan. Est-ce que la solution que nous proposons est plus satisfaisante que la précédente ? Avec le temps, nousallons trouver d’autres manières de résoudre les problèmes. Il faut encourager la recherche dans cette voie-là. La prise de conscience est générale. Nous sommes l’un des acteurs et, à notre niveau, nous nous devons d’agir.

L’interchangeabilité des bracelets se généralise. Est-on à l’ère d’un retour du sur-mesure qui était la norme avant ?

C’est exactement ça ! Ce sur-mesure a toujours été disponible, mais le temps nécessaire pour en bénéficier était plus important. Là, il est à portée de main. Nous apportons une solution à la clientèle qui apprécie le côté versatile d’un objet. Il s’adapte aux besoins du moment. Vous faites du sport, vous portez un bracelet en métal. Vous partez au bureau, vous le changez pour un bracelet en cuir.

Pour Pacha, vous arrivez avec un plus petit diamètre, Ballon Bleu est proposée en 40 mm. Revenons-nous à des montres plus raisonnables en terme de taille ?

"Raisonnables", je ne sais pas. Quelle est la mesure qui ferait que l’on soit raisonnable ou pas... ? Je pense que chez Cartier, nous sommes extrêmement sensibles à l’équilibre du volume et à l’élégance au porté. Les très grandes tailles doivent être étudiées de façon singulière pour qu’elles soient agréables à l’œil. Les considérations esthétiques et ergonomiques nous guident. L’étendue de l’offre est un atout. Je crois de moins en moins aux diktats, mais plutôt à la liberté de choix. Nous nous sentons plus libres également lorsqu’il s’agit de créer.

Ce n’est pas une adaptation au marché asiatique ?

Je ne crois pas. Notre objectif est d’accompagner nos clients dans leur vie avec des pièces bien adaptées à leurs désirs. Lorsqu’on modifie une taille, c’est un travail énorme. Tout est revu dans un nouveau dessin. Ce sont des décisions lourdes de conséquences. Et 40 mm, c’est déjà grand pour le marché asiatique qui se situe plutôt autour de 38 mm.

La vidéo du jour :

Parfois je me demande si cette offre pléthorique, plus particulièrement en mode, mais peut-être aussi en horlogerie et en joaillerie, ne cache pas le fait que tout a été dit...

Vous évoquez un point important sur ce qui a été fait et sur les possibilités. Je vous rejoins sur le fait que beaucoup de choses ont été proposées, mais c’est aussi ça le monde merveilleux de la création. Il est toujours possible d’apporter quelque chose. Les grandes révolutions esthétiques sont relativement rares. En horlogerie, il y a eu la montre de forme conçue par Cartier il y a 115 ans, l’avènement de l’étanchéité ou du quartz,.... Vous pouvez les compter sur les doigts d’une main. L’esthétique, en revanche, nous laisse d’infinies possibilités.

La montre Cloche est encore relativement méconnue alors qu’elle est déjà apparue deux fois dans l’histoire de la Maison. Son originalité en fait-elle une pièce d’exception ?

C’est un atout, et ça permet d’éveiller une curiosité pour un objet qui, par rapport à d’autres, est méconnu. Peut-être que la Tank asymétrique l’était aussi. Comme souvent chez nous, le nom qui lui a été donné, cache la recherche pure sur la forme. Quand vous la regardez, avant d’être une allusion à celle d’une cloche, elle est la combinaison d’un cercle et d’un rectangle.
C’est une composition géométrique très intéressante. Son nom envoie sur une autre piste, mais elle est extrêmement Cartier.

N’a-t-elle pas tout ce qu’il faut pour attirer une clientèle plus jeune dans une version plus abordable ?

Méfions-nous quand même ! Vous et moi faisons partie d’un public initié en matière de formes. Nous avons peut-être tendance à projeter nos propres goûts.

Avez-vous une idée des pourcentages de clientèle féminine et masculine chez Cartier ?

Notre clientèle est majoritairement féminine. Les hommes sont beaucoup plus contraints en terme de choix, même si ça dépend des cultures. Le marché masculin est très normé et Cartier y a une place très singulière en s’adressant plutôt à des hommes très libres et très ouverts.

Va-t-on arriver à une consommation moins genrée ?

Je le pense en tout cas. Notre travail sur la forme n’a jamais été genré. Même si la Santos a été créée pour un homme, dès le début de sa commercialisation, elle a aussi été destinée aux dames. La Tank également !

Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.