Notre peau, premier vecteur de communication sociale

Quand une marque de cosmétique introduit les neurosciences dans l’élaboration d’un nouveau soin pour le visage. Décryptage chez Dior qui a travaillé sur la perfection de la peau avec Arnaud Aubert, docteur en neurosciences et psychologie.

PAR INGRID VAN LANGHENDONCK, PHOTOS D.R. |

La beauté, une affaire de science? Lorsque nous rencontrons un inconnu, avant même d’avoir ouvert la bouche, nous lui avons envoyé une multitude de messages, un soin pour la peau serait donc aussi utile qu’un vêtement pour communiquer avec nos semblables... Prendre soin de son apparence ne serait pas uniquement une futile coquetterie ; de nombreuses études scientifiques ont désormais démontré que notre visage est une interface de communication sociale et que notre peau, son aspect, sa couleur, sa texture jouent un rôle important dans cette perception que l’on offre aux autres.

Pour développer son nouveau soin Capture Dreamskin, Dior a fait appel aux sciences de la communication non verbale. Pourquoi donc ? Nous avons posé la question à Edouard Mauvais-Jarvis, directeur de la communication scientifique pour Dior, ainsi qu’à Arnaud Aubert, docteur en neurosciences et psychologie, qui fut le premier à rédiger des articles scientifiques sur le maquillage dans un contexte d’analyse comportementale.

Couleur et lumière 

La perfection des traits du visage est une préoccupation ancestrale. Inutile d’accuser notre société de consommation, les premières femmes de l’Histoire ont voulu préserver la jeunesse de leur teint et ont maquillé leurs traits. L’appétence pour la beauté est une notion éternelle, mais ce sont les canons de beauté qui ont varié d’une époque à l’autre.

Pour Arnaud Aubert toutefois, une règle reste inchangée : "La beauté réside dans une certaine symétrie, notre cerveau est programmé pour être rassuré par les traits les plus symétriques. En fait, le visage est une sorte de triangle social avec lequel nous communiquons. Ce triangle formé par les yeux et la bouche est l’endroit où se fixe d’emblée le regard de notre interlocuteur et il envoie toute une série de messages. Si une imperfection surgit, comme un bouton, une cicatrice, elle agit comme un perturbateur émotionnel. La couleur de notre peau, par exemple, est également importante car, on le sait, dans les cas extrêmes, elle permet une certaine perception de notre état de santé. Un teint un peu jaune ou un peu gris indiquera à notre interlocuteur que nous sommes affaiblis ou malades... "

Edouard Mauvais-Jarvis enchaîne : "Composer un soin qui se veut perfecteur de peau a reposé sur une expertise en trépied : il s’agit d’abord de connaître l’architecture de la peau, cet édifice biologique composé de cellules, de tissus... Ensuite, il faut maîtriser la connaissance du comportement optique de ces éléments. À savoir : comment la lumière se diffuse à travers les couches de la peau, comment elle interagit avec la lumière, et comment cette interaction, cette diffusion se traduit en aspect visuel, en image. Enfin, et cette démarche est nouvelle, nous avons voulu analyser ce qui, dans ces aspects visuels, change la perception de l‘autre, ce qui nous indique les points où la lumière, la couleur doivent être maîtrisées pour avoir un impact sur ce que l’on appelle communément la beauté. Ces trois piliers nous ont permis de savoir comment élaborer notre soin et le formuler." 

Mais pourquoi ressent-on une émotion devant un visage ? Pour Arnaud Aubert, "L’émotion n’est pas un état affectif en bout de course, elle est fonctionnelle. La peur, le stress, sont des mécanismes indispensables de défense qui nous permettront de rester en vie face à un danger. L’émotion nous met en tension et agit comme un moteur. Il en va de même pour la colère, elle nous permet d’agresser et de surmonter la peur pour attaquer un prédateur. Néanmoins, on le sait, le stress est un disrupteur d’immunité. Une trop grande quantité de stress influe sur notre santé. C’est une machinerie complexe ; un mécanisme émotionnel met le corps en tension mais il agit sur la production d’enzymes, d’adrénaline ou d’endorphine, et s’il perdure dans le temps et se fait chronique, il devient toxique. Le stress en continu finit par diminuer les fonctions immunitaires et cardiovasculaires, il agit sur les composantes hormonales, causera donc des boutons, des irrégularités, une peau plus grasse... Au final, le stress est donc visible sur votre grain de peau."

La tendance au teint naturel

Après le contouring, qui avait pour but d’accentuer les lignes du visage pour le sculpter, un teint naturellement frais, sans effet maquillé, est désormais plébiscité par la consommatrice. On parle aujourd’hui de glow, un éclat plus important que le bronzage et le mat absolu n’est plus de mise. Arnaud Jaubert : "L’effet bonne mine, par exemple, au naturel, n’est jamais si beau que les premiers jours de soleil : quand les couches supérieures de la peau laissent apparaître par transparence la mélanine qui se colore en profondeur, cela donne un voile de brillance sur une belle mine, l’effet de diffusion de la lumière à ce moment-là, c’est comme un flou qui rend le teint frais, et sain. Restaurer cette transparence des couches supérieures de la peau permet d’obtenir un effet bonne mine sans avoir à ajouter des pigments."

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