Ole Lynggaard Copenhagen : des valeurs aux bijoux

Ole Lynggaard est un peu à Copenhague ce que Tiffany est à New York et Cartier à Paris : un landmark. Une griffe qui, si elle peut se résumer en une poignée de valeurs (la nature, la famille, l’humour...), slalome habilement entre 55 ans de tradition et une belle modernité.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. |

Dans chaque collier, boucle d’oreille, bague ou bracelet du label, deux générations ont écrit et poursuivent au jour le jour une belle saga scandinave. Pour mieux comprendre comment Ole Lynggaard a pu en une poignée d’années conquérir le cœur des femmes, nous nous sommes rendus par une journée glaciale typiquement danoise au QG de la marque à Copenhague, à la rencontre de Charlotte et Soren, deuxième génération de la famille Lynggaard. Histoire d’une saga en six mots clés...

Elsker (amour)

    Il y a un demi-siecle, lorsque le jeune artisan orfevre Ole Lynggaard revient d'un long periple qui l'a emmene a Paris, New York, San Francisco, en Norvege, en Asie et enfin au Caire, il espere que la femme (danoise, tout comme lui) dont il est tombe amoureux lors de son escale parisienne l'attendra a la gare. C'est le cas. Booste par les differentes experiences vecues durant ce voyage et par celle qui sera sa muse, il ouvre un atelier dans un petit espace a proximite du centre de Copenhague, au coeur d'une banlieue chic, mais pas guindee. De toute facon, rien n'est vraiment guinde dans cette ville elegante et tres cool. Ces deux adjectifs traduisent egalement parfaitement la personnalite de Charlotte, fille d'Ole et charismatique directrice artistique de la marque. Aux cotes de son frere Soren, CEO, de son mari Michel (directeur commercial) et de sa belle-soeur Hanna (directrice des ventes), elle oeuvre aujourd'hui a perpetuer le nom.

    Charlotte : " Tout ce que nous faisons est dicte par nos coups de coeur. Cette maniere de manager n'est pas classique ", poursuit Soren. " Lorsque ma soeur m'a annonce qu'elle souhaitait creer un diademe pour l'exposition Tiara - Queen of Jewels, the Jewel of Queens, qui s'est tenue a Copenhague en 2009, j'ai juge que c'etait une perte de temps, mais j'ai laisse faire. Au final, la princesse Mary de Danemark est tombee amoureuse de ce bijou qu'elle a porte a plusieurs occasions, dont une fois pour l'anniversaire de la reine. Pour nous, ce diademe constitue aujourd'hui encore une belle carte de visite qui ne repose pourtant sur aucun plan marketing. Nous croyons beaucoup en la force de l'intuition. "

    Enkelhed (simplicite)

      Cette decontraction affirmee et assumee n'empeche pas Charlotte Lynggaard d'afficher une attitude et un sens de l'elegance qui font mouche. Sa classe est perceptible dans sa maniere de s'habiller ou d'amenager le QG de la marque, aujourd'hui installe dans plusieurs batiments, tous situes autour du premier atelier d'Ole. Ces qualites lui ont valu le titre de "femme la plus stylee" du pays. L'une de ses dernieres realisations est d'ailleurs une salle a manger dediee aux collaborateurs du label. Chaque jour, a midi tapante, la centaine d'artisans orfevres, les responsables du service clients, graphistes ou photographes (chez les Lynggaard, on externalise le moins possible) se retrouvent autour de quelques tables en bois joliment dressees.

      Organiske former (formes organiques)

        Dire que la nature est l'une des principales sources d'inspiration d'Ole Lynggaard est un euphemisme. Charlotte : " Lorsque j'ai rejoint la societe, je voulais m'inscrire dans une tradition, capitaliser sur le savoir-faire de mon pere et celui des artisans orfevres qui travaillent dans nos ateliers de Copenhague, mais aussi jeter un regard neuf sur la marque. En 1994, apres avoir passe du temps a l'etranger, j'ai lance ma premiere collection, Flowers and Bees. Jusque-la, mon pere n'avait jamais dessine aucun bijou en forme de fleur. Le pari etait risque, mais la collection a connu un grand succes. Dans les six boutiques de la marque, des toiles, peintes par Charlotte elle-meme, confirment son besoin permanent d'inviter l'univers vegetal dans ses creations."

        Kvindelighed (feminite)

          D'une incroyable feminite, les bijoux de Charlotte Lynggaard n'en restent pas moins frais, legers et parfois meme teintes d'accents ludiques. " L'humour est tres present dans mon travail. Lorsque j'imagine une nouvelle piece, je la cree d'abord pour moi. Ca fait aussi longtemps (bien avant que ca ne soit tendance) que je ne porte plus mes boucles d'oreilles par paire. J'aime jouer avec les bijoux.", precise-t-elle. Ce printemps, elle va d'ailleurs un pas plus loin. Elle a simplement cherche a concevoir un bracelet que les gens pourraient porter tout le temps, meme lorsqu'ils nagent dans la mer ou pratiquent une autre activite sportive, ou domestique. Ils ont ete realises en nylon extremement resistant et termines par un fermoir en or plat qui ne blesse pas le poignet. Plus loin, un nouveau concept de boucles d'oreilles Lotus concues en plusieurs parties. Chaque cliente est libre de choisir l'or, la couleur des pierres et de construire ou de customiser son bijou au fil du temps.

          Argang (vintage)

            La patine vintage fait egalement partie de l'ADN maison. Comme des bijoux de famille qu'on se transmettrait de mere en fille. Soren : " Cette notion de transmission est l'un de nos fondamentaux. Lorsqu'on observe l'evolution du label, sa progression raisonnee s'inscrit dans cette meme approche douce. Nous pourrions, par exemple, lancer notre ligne en argent sur tous les marches ou nous sommes presents. Financierement, ce serait une decision rentable...", nous confie Soren. Mais nous preferons, pour eviter de brouiller les messages, la reserver au marche scandinave qui connait nos produits depuis beaucoup plus longtemps.

            La maison prefere aussi cultiver une certaine lenteur, reposant sur le savoir-faire d'artisans orfevres qui, pour certains, ont plus de 40 ans de maison. Depuis les orfevres qui transforment les premiers prototypes en moules de cire en passant par les artisans qui polissent, sertissent et finissent chaque bijou pour leur donner cette fameuse patine vintage chere a Charlotte, tous affichent un attachement non feint a la marque.

            Kvindelighted (feminite, encore)

              Il faudrait quatre ans pour devenir artisan orfevre et dix de plus pour maitriser toutes les ficelles du metier, nous a-t-on confie dans les ateliers d'Ole Lynggaard. Cette approche artisanale qui mixe techniques anciennes et technologies plus recentes permet de realiser des pieces qui transcendent les modes et les tendances. Charlotte : " J'aime m'inspirer des femmes qui croisent ma route, tant des inconnues que je vois dans la rue que de mes filles de 19 et 21 ans. Si, comme moi elles adorent le vintage, leur maniere tres moderne de porter leurs bijoux est forcement inspirante. J'aime quand un bijou est ludique, precieux et, le plus important, sexy. Je n'ai aucun probleme avec ce mot. Peut-etre est-ce une consequence de notre culture scandinave et de la maniere dont les filles sont elevees ici. Les Danoises sont directes, libres, egales aux hommes. Lorsqu'on est totalement a l'aise avec son statut de femme, il est probablement plus facile d'assumer le fait d'etre sexy."

              Pour habiller le personnel de ses boutiques, Charlotte a choisi des tenues noires signees Issey Miyake. Un clin d'oeil a l'amour de son pere pour le Japon. Ce mix nordique nous a paru singulierement dicte par une volonte d'ouverture, de partage et de transmission, par un equilibre parfait entre masculinite et feminite et par une envie de recreer, dans un bijou, un precieux echantillon de ce que la nature a de plus beau a offrir.

              olelynggaard.com

              Lire aussi :