Pourquoi les décorations florales sur les devantures des cafés connaissent un succès fou

C'est un concept très parisien qui cartonne. Mais il ne plaît pas à tout le monde, surtout aux autorités locales qui cherchent par tous les moyens de le faire réglementer. 

Par Camille Vernin, Photo : Pexels |

Maison Sauvage, Le Musset, au Chien qui Fume, La Marquise... Qu'ont en commun tous ces cafés parisiens ? Un alliage ostentatoire et hautement Instagrammable de fleurs tout le long de leur façade ou au-dessus de leur devanture. Elles demeurent même en période hivernale, normale, elles sont artificielles. Et elles ne sont pas simplement là pour faire joli, selon les commerçants qui ont opté pour ce style bien particulier, elles permettraient de doper complètement leur chiffre d'affaires.

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C'est en 2017 que Chrystel Bourdoncle a lancé la tendance. Elle décide à cette époque de couvrir de fleurs les deux étages de son café Maison Sauvage, situé au coeur de Saint-Germain-des-Prés. L'objectif ? Donner un effet de campagne en plein centre urbain, avec le sentiment pour les passants et les clients de s'installer dans un petit écrin de verdure. L'adresse est devenue un must depuis, où l'on doit souvent faire la file pour espérer dégoter une place. Cette idée, elle l'a piquée aux cafés londoniens et new-yorkais, et c'est au fleuriste Luc Deschamps qu'elle a fait appel. À l'époque, celui-ci n'avait jamais fait ça ou presque. 

30% de chiffre d'affaires en plus 

Aujourd'hui, les demandes pleuvent. Comme l'explique Les Echos, l'artiste de 59 ans qui a installé son atelier à Colombes reçoit désormais trois demandes par jour, pour un devis minimal de 5 000 euros. Au menu ? Fleurs de cerisier, dahlias, grappes de glycine, roses... En moyenne, la simple présence de ces fleurs artificielles boosterait de 30% le chiffre d'affaires des cafés qui s'en parent. Seul bémol, toutes sont en polyester et proviennent directement de Chine. Un décor floral naturel "a besoin d'eau, d'entretien" et "tient cinq jours", selon Luc Deschamps, alors que ses décors artificiels "tiennent trois, quatre ans minimum, sans aucun entretien".

Concrètement, il s'agit de tissus similaires au textile utilisé pour les maillots de bain, qui sèche très vite. Les fleurs arrivent blanches de Chine et sont peintes à la main pour leur donner un attrait unique, elles sont ensuite reliées à l'aide d'un câble à des branches de châtaigniers, également réputées pour leur séchage très rapide et surtout leur longévité. 

Ultra instagrammable

Si le taux de fréquentation est décuplé grâce à ces fleurs, c'est notamment grâce à la magie d'Instagram. Les passants se déplacent jusqu'à ces cafés pour prendre des photos et alimenter leur feed, puis ils s'installent en terrasse ou à l'intérieur pour compléter l'expérience ou continuer le shooting. De nombreux propriétaires de ces cafés disent d'ailleurs avoir explosé leur nombre de followers sur Instagram grâce à ça. Forcément, quand elles se multiplient, ces petites décos artificielles qui partent d'une bonne intention ont vite fait de donner à la capitale un petit goût de too much voire carrément de déjà vu.

Ce sont particulièrement les élus écologistes et les mairies qui s'en inquiètent. Pour imposer ces grandes fleurs kitsch dans le décor, il faut l'autorisation de la copropriété, mais aussi des Architectes des bâtiments de France (ABF). Pour les faire retirer, il s'agirait donc de regarder au cas par cas si les commerçants ont déposé des dossiers à la direction de l'urbanisme. Forcément, ça ne plaît pas beaucoup aux commerçants, qui sont déjà en train de digérer l'interdiction des chauffages en terrasse et la crise énergétique.

Et à Bruxelles ?

À Bruxelles, la tendance n'a pas encore vraiment pris. Si ce n'est peut-être du côté de la célèbre enseigne Pierre Marcolini qui a pignon sur rue au Sablon. Le chocolatier aime surprendre les passants et touristes avec des façades fleuries qui changent en fonction des saisons et des humeurs. À quelques mètres de là, le Café Pastel a su jouer aussi avec la tendance grâce à son vaste mur en lierres et ses fleurs par intermittence. Le resto Tiger Milk s'est lui aussi laissé aller à la tendance, avec plus de sobriété que les terrasses parisiennes cependant. 

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