Quand l'ethnique se revisite

Kimono japonisant, sari indien, poncho sud-américain... Jamais l’esprit ethnique ne s’est à ce point invité dans nos dressings pourtant très formatés. Mais pourquoi ce style nous fascine-t-il tant ?

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS DR. |

Vêtement traditionnel japonais, le kimono signifie littéralement “Chose que l’on porte sur soi”. Le porter dans les règles de l’art demande d’ailleurs un minimum de connaissance et de pratique. Ne serait-ce que pour savoir comment le draper et le nouer. Source d’inspiration pour les créateurs (Yves Saint Laurent dans les années 70, puis John Galliano) qui se le sont réapproprié, le vêtement ethnique revisite la silhouette classique, camoufle certaines zones du corps et en met d’autres en lumière. Pareil pour les saris d’Inde, d’Indonésie ou de Mauritanie qui, aujourd’hui encore, protègent le corps des femmes de la chaleur. Sensuel, énigmatique et exotique, le vêtement ethnique répond à un besoin d’authenticité, d’exclusivité et d’émotion, des valeurs qui font cruellement défaut dans la mode d’aujourd’hui. 

Artisanat et préciosité

C’est en tout cas ce qu’estime Guylaine Tilleau (photo), styliste pour des magazines de mode français et créatrice de Hand. so.on, un nouveau label centré sur des robes kimono coupées dans des saris vintage, assemblées, puis brodées à la main au Maroc : Nous vendons nos collections à Bruxelles, Paris ou Genève, des villes pas forcément préparées à porter ce genre de pièces. Pourtant, les boutiques et les clientes ont tout de suite adhéré au concept. Je pense qu’elles aiment le caractère unique de chaque robe, l’émotion que peut susciter une association de couleurs ou d’imprimés, cette idée d’artisanat et donc de préciosité, sans oublier le fait que chaque couture est piquée à la main, histoire de ne pas abîmer la soie. Il s’agit donc de vêtements que l’on a envie de conserver longtemps

Grâce à un ingénieux système de croisement intérieur, réalisé sur base d’une chaînette en  sabra (un fil de soie végétale), les robes et tuniques du label, proposées en taille unique, s’adaptent à toutes les silhouettes. Guylaine Tilleau a imaginé trois modèles (une robe trapèze avec un col tunisien, une autre à col bateau et une tunique longue), ainsi que des jupes et des chemises qui subliment la beauté du tissu et le corps de celle qui les enfilent. Cette simplification des formes va de pair avec un stylisme contemporain.  

L’ethnique premier degré, tout le monde peut le faire. Moi, j’avais envie de laisser s’exprimer l’imprimé, puis de mixer la robe, la jupe ou la chemise à des vêtements qu’on a l’habitude de porter au quotidien. Une tunique ouverte peut être associée à un jeans et des baskets à un pantalon plus formel ou encore à des sandales ou des santiags. On minimise aussi trop souvent l’importance de la ceinture qui permet de complètement transformer un look.

Une poignée de labels belges surfent également sur cette tendance ethnique mais twistée. Par exemple, Monsieur Maison, la marque du designer Emmanuel Demuynck, qui chine des tissus dans les surplus de grandes maisons puis les transforme en pièces d’inspiration japonaise aux finitions très luxueuses.  

Toujours dans cette approche ethnique, Emmanuel Demuynck a également développé des caftans décolletés en version modernisée, à adopter pour cocooner ou pour sortir le soir.  Tissés sur des métiers manuels, les caftans et les kimonos de la marque belge Wehve réchauffent quant à eux vos basiques estivaux (jeans, shorts, robes...) en leur apportant un supplément d’âme.  

Gesine Holschuh, la conceptrice de la griffe, a choisi de marier la beauté de pièces produites par des artisans en Amérique du sud et la patte “luxe” de Marine Halna du Fretay, styliste pour Hermès pendant plus de vingt ans. 

Hand.so.on est vendu chez Cachemire Coton Soie à Bruxelles. www.cachemirecotonsoie.comwww.monsieurmaison.be, www.wheve.be