Quatre anecdotes sur la créatrice Carine Gilson

Parallèlement à l’exposition de ses créations au musée Mode & Dentelle à Bruxelles, Carine Gilson revient sur son amour pour la dentelle dans un livre aux illustrations iconiques. Deux occasions se remémorer avec elle les épisodes emblématiques de sa vie. Entrez dans l’univers de la créatrice belge qui fait craquer les plus grandes stars ! 

Marie Honnay. Photos D.R. |

Dans les années 90, fraîchement diplômée de l’académie d’Anvers, la Belge Carine Gilson rachète un atelier d’incrustation de dentelle bruxellois menacé de fermeture. Se formant au métier, elle lance alors sa marque. Trente ans plus tard, ses collections de lingerie couture et de tenues de soirée sont vendues dans le monde entier, portées par les plus grandes stars, photographiées par les plus grands artistes. Si sa maîtrise de l’incrustation de dentelle lui a valu sa renommée, elle est aussi à l’origine de l’exposition Beautiful Lace & Carine Gilson, qui se tient depuis cet été au musée Mode & Dentelle de Bruxelles. Une plongée dans son univers, où ses créations dialoguent avec quelques pièces remarquables issues des réserves du musée. Et c’est dans la foulée de celle-ci que la créatrice a décidé de compiler ses souvenirs dans un ouvrage rétrospectif, Garden Lace, paru ce 28 novembre. Avec elle, nous avons sélectionné quatre moments qui ont marqué sa vie !

Vous réalisez des trousseaux de mariages, comment avez vous découvert cet univers ?
"J’ai découvert cet univers un peu par hasard, peu de temps après le lancement de la marque, lorsque nous avons proposé nos premières collections à l’étranger, en Arabie Saoudite, notamment. Là-bas, la culture du trousseau de mariage est très présente. Le premier, je l’ai réalisé pour une future princesse royale. Les autres sont arrivés par le bouche-à-oreille. La particularité d’un trousseau, c’est qu’il permet de pénétrer dans l’intimité de nos clientes. Le plus gros trousseau qu’on nous ait commandé comptait 150 pièces (robe de nuit, combinaison, déshabillés, pièces de corseterie...). Les clientes choisissent les couleurs, les dentelles. Tout est réalisé sur mesure. Il faut parfois un mois de travail entier aux ouvrières de nos ateliers pour le terminer. Notre créativité, mais aussi notre savoir-faire sont mis à l’épreuve. C’est passionnant. Même lorsqu’ils sont plus modestes (une ou deux parures), les projets de ce type sont synonymes d’émotion. Leur préparation est liée à des moments précieux.”

Le soutien gorge demi-lune est une pièce phare de votre maison, comment a t’il été imaginé ?
"Créé très tôt dans l’histoire de la marque (vers 1996), c’est une pièce emblématique de notre Maison. Pour moi, la corseterie était une évidence car j’adore accessoiriser mes collections. Si j’imagine une combinaison, je dois créer le soutien-gorge assorti. Je le vois comme une véritable parure pour le corps. L’idée, c’est de construire des silhouettes complètes. Même si le volet corseterie ne constitue que 20 % de mon activité, j’accorde un grand soin au choix de la dentelle et aux détails. Après avoir lancé un premier modèle qui avait connu un grand succès, je voulais aller encore plus loin dans ce travail d’ennoblissement. Je me suis inspirée de l’ambiance sulfureuse des cabarets pour créer un soutien-gorge demi-lune. Les seins étaient recouverts d’une belle dentelle et j’avais intégré un bijou au milieu. À l’époque, l’idée était résolument novatrice. Très vite, il est devenu emblématique de notre Maison, mais il a ensuite été tellement copié que j’ai choisi de le retirer de mes collections. Cela dit, pour les clientes qui l’aiment vraiment, on peut encore le trouver en boutique."

Nicole Kidman est l’une de vos clientes depuis 1995, comment cette collaboration a t’elle commencée ?
"Pour La Belle, notre première collection sortie en 1994, un clin d’œil à La Belle et la Bête, j’avais dessiné une robe de nuit inspirée d’une combinaison. Ma première fierté, c’est d’avoir séduit les acheteurs du grand magasin Barneys à New York. C’est dans ce lieu mythique — une référence à l’époque, mais aussi notre premier point de vente aux États-Unis — que la comédienne Nicole Kidman a acheté cette robe. C’est la première star à avoir porté du Carine Gilson. Sur le moment, lorsque Barneys m’a annoncé la nouvelle, je n’y croyais pas vraiment. En Belgique, les créateurs sont plutôt réservés, toujours dans l’action, peu enclins à se mettre en avant. Mais tout de même, cette reconnaissance m’a fait plaisir. D’autant que Nicole Kidman est revenue à la boutique de Paris par la suite pour faire d’autres achats."

Beyonce vous a commandé l’une de ses premières robes du soir. Comment ce passe votre processus de création ?
“Mon obsession, c’est d’aller toujours plus loin dans la maîtrise de l’incrustation de dentelle. Réaliser des robes du soir, je l’ai toujours vu comme un challenge. En 2005, juste avant les Grammy Awards, la styliste de Beyoncé m’a commandé une robe du soir en organza de soie incrustée de dentelle miroir. Ce genre de demande, à la fois technique et extrêmement intéressante sur le plan créatif, arrive toujours de manière très inattendue. Comme lorsque la production du film Skyfall nous a demandé d’urgence de réaliser un déshabillé pour la James Bond girl Bérénice Marlohe. Notre métier est souvent lié à l’énorme rouleau compresseur que constitue l’industrie de la mode. Le volet couture, c’est mon espace de liberté. Je le développe, mais à mon rythme et sans me mettre aucune pression.”

La robe du soir en organza dessinée pour Beyoncé.

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