Quatre marques belges éthiques et durables

Si le secteur de la mode s’est mis, contraint et forcé, en pause pendant plusieurs mois suite à la pandémie, les projets outsider n’ont pas manqué de fleurir aux quatre coins du pays. Gros plan sur quelques labels éthiques, locaux et durables à découvrir.

PAR MARIE HONNAY. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES |

Eve, des créations instinctives 

Camille (37 ans) est employée dans l’administration. Marie-Céline (33 ans) travaille à la boutique Stijl, rue Dansaert à Bruxelles. En 2021, quelques années après leur rencontre sur les bancs de St-Luc à l’occasion d’une formation en stylisme, elles fondent Even. Ue marque intimiste, mais réfléchie, qui fait écho à leur collection de fin d’études, qui leur avait alors valu plusieurs prix, dont celui décerné par Marie, propriétaire de la boutique Vêtue, distributrice du label depuis ses débuts. En marge des pièces créées et prototypées dans le studio de la marque, puis produites dans un atelier de réinsertion professionnelle implanté à Molenbeek, non loin de leur QG, les deux créatrices développent des pièces uniques exclusivement basées sur le principe d’upcycling. Volontairement instinctive, leur approche de la mode se veut détachée de tout calcul marketing. Créer des vêtements qui “vont se vendre” ou qui collent à une tendance, très peu pour elles. Centré sur l’idée d’un dressing idéal, composé d’un petit nombre de modèles, dont un manteau oversize dont la ceinture en tissu se porte aussi croisée dans le dos, comme un harnais, le vestiaire d’Even affiche un petit côté androgyne assumé. Le duo aime également expérimenter de nouvelles techniques. L’été dernier, elles ont ainsi proposé des tissus à motifs réalisés sur base de leurs propres dessins.

Cet automne, on craque pour... la première jupe du label réalisée en édition ultra limitée dans un tissu en denim vert vif issu des archives du créateur Rick Owens. Une pièce à combiner avec les classiques de la marque déclinés dans des teintes atypiques : un vert très foncé, proche du noir et un fuchsia tirant vers le mauve.

weareeven.be

Et si on s'inspirait du look royal de Kate Middleton ?

Yseult, l'efficacité glamour

Diplômée d’une école de mode liégeoise, Perrine Bourguignon rêvait de créer sa marque. En 2021, à l’issue du premier confinement, malgré un climat plutôt incertain, elle s’est lancée. Yseult, c’est un prénom imaginaire ; plutôt une fille, mais à terme, la créatrice du label n’exclut pas de s’adresser aux garçons. Adepte des jolies matières, elle mise volontairement sur des coupes à la lecture facile qui évitent de se prendre la tête au moment de choisir ses vêtements. Comprenez une minijupe droite, une chemise floue, une robe longue, à porter avec de grandes bottes ou des escarpins, un pantalon large et cool... La force du label, ce sont aussi les petits détails (fronces, plis, jolis boutons...) qui confèrent un supplément de féminité et de charme à chaque vêtement.

Cet automne, on craque pour... la capsule Fresh, une série de modèles lancés précédemment et proposés dans une version retravaillée. Dans l’idée de tendre vers un vestiaire composé de classiques intemporels, Perrine a ajouté un col montant, des rabats de poches et une fermeture zippée à la veste. Le tissu Weave en polyester recyclé est fabriqué en région lyonnaise sur base de la palette Yseult.

yseultclothing.com

FATAL, le vestiaire, la jeune maison liégeoise

Dans les années 90, Anne-Marie Delvenne a été styliste pour plusieurs marques belges. Elle a ensuite lancé un projet mode avant de suivre son mari en Afrique. De retour à Liège après une longue parenthèse qui lui a permis de se frotter au métier de conservatrice de musée, elle a décidé de recréer une marque en phase avec son époque. D’emblée, elle a choisi son camp : celui d’une mode durable qui cache bien son jeu. Plutôt que de revendiquer sa dimension éthique, FATAL. Le Vestiaire préfère jouer la carte de la séduction. Pensé à l’origine pour les filles, le label a rapidement séduit les garçons. Élaboré à Liège, chaque modèle est produit localement sur base de tissus chinés parmi les stocks de grandes maisons de mode. En septembre, la marque a pris ses quartiers dans un magasin/ galerie fondé en collaboration avec une journaliste passionnée d’art contemporain.

Cet automne, on craque pour... le manteau Aurore. Ample et fluide, le bestseller du label réchauffe une chemise mixte à motifs délurés et un pantalon à carreaux au tombé parfait. Le QG liégeois du label est aussi l’occasion de découvrir les expos d’art contemporain présentées dans la galerie FATAL.

fatal-le-vestiaire.com

RAOUL.E, l'intemporelle qui nous branche

Lancé en 2021 par Léonie Maingret, une Française qui a suivi son amoureux muté dans la campagne liégeoise, RAOUL.E est le fruit d’une longue réflexion sur la notion de dressing idéal. Après une première carrière dans le digital, cette passionnée de mode a cherché ce qui pourrait la guérir de ses pulsions d’achat. Ou comment ne plus viser un dressing à la Maria Carey alors que le nôtre déborde déjà de pièces qu’on ne porte pas ? La réponse : trouver sur un seul site un concentré de pièces qui pourraient lui plaire et qu’elle pourrait partager avec son chéri. En résumé, des vêtements nomades qu’on peut facilement porter à deux quand on part en city-trip et dont la coupe et la matière nous donnent envie de les garder des années. Les capsules sont dessinées par Audrey, styliste du label, puis produites au Portugal. Quant au nom, c’est un clin d’œil au prénom de la maman de Léonie, mais aussi au caractère non- genré du label.

Cet automne, on craque pour... Henri-Chapelle 2, , une capsule dont le nom est inspiré du village où s’est installée Léonie. L’inspiration streetwear de la collection se traduit par une série de six pièces (dont cinq unisexes) dans l’air du temps : manteau en laine uni, grosse veste en tartan et T-shirt manches longues aussi cosy qu’un doudou.

raoul-e.com

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