Qui est Muriel Bernard, l'entrepreneuse belge qui vient de recevoir le Bold Woman Award ?

La Maison Veuve Clicquot vient de tenir sa première édition belge du « Bold Woman Award », un prix qui inspire les générations de femmes entrepreneures à être toujours plus audacieuses. La première entrepreneuse belge à remporter ce titre n'est autre que Muriel Bernard, fondatrice d'eFarmz. 

Depuis 1972, année de lancement des Bold Woman Awards, la Maison Veuve Clicquot a récompensé pas moins de 350 entrepreneuses actives dans 27 pays. Si on peut se demander quand l’égalité hommes/femmes dans le monde de l’entreprise rendra ce genre de récompenses inutile ou désuète, force est de constater que les femmes belges se considèrent encore souvent victimes de discriminations. Considérés comme un encouragement, mais aussi un moteur pour toutes les femmes actives, ces prix décernés pour la première fois en Belgique cette année récompensent, entre autres, l’innovation verte.

Muriel Bernard, 46 ans, l’une des deux gagnantes, est la fondatrice d’eFarmz, une société basée à Anderlecht qui, avant le boom des circuits courts et la ruée des consommateurs vers les magasins « à la ferme » s’est imposée comme la solution pratique des familles en quête de produits frais, locaux et bios, à commander en quelques clics et livrables à la maison, de Bruxelles à Mons en passant par Namur et Liège. 

Jeans casual et pull vert pomme: le look de Muriel Bernard cadre avec le tempérament cool de cette cheffe d’entreprise visiblement bien dans ses baskets… Veja. D’emblée, on comprend que chez elle, le « green » n’est pas qu’un style vestimentaire ou une façade. Investie, mais modérée dans ses prises de position, Muriel Bernard est entrée dans l’univers du durable de manière discrète. Ingénieur de Gestion, elle a créé eFarmz après avoir officié pendant 12 ans au sein de grosses structures internationales comme Levi Strauss et Orange. Difficile d’imaginer que cette sympathique quadra se soit réveillée un matin en se disant que puisqu’elle avait quelques minutes devant elle, elle créerait bien un e-shop qui permettrait aux consommateurs pressés d’acheter des produits alimentaires et des box repas en provenance de petits producteurs belges. Alors, pour en avoir le cœur net, et au risque de marcher sur des œufs (certes, bios et issus de poules élevées en plein air, mais tout de même…), on lui a demandé si c’était son statut de femme super-active qui lui avait donné l’idée de fonder eFarmz. Ouf, Muriel Bernard sourit. C’est parti.

 « Avant de lancer eFarmz, j’étais comme beaucoup de gens. Je n’aimais cuisiner qu’en vacances, quand j’avais le temps de faire mon marché ou de me rendre chez les petits producteurs. Le reste du temps, je fonctionnais sur base de la même liste de courses. En termes de menus, toutes les semaines se ressemblaient. »
 

On remarque que beaucoup de femmes se lancent dans ce type de métiers. Avec, souvent, une démarche très pragmatique.

« Oui, je pense notamment à Caroline et Estelle, à l’origine des petits pots pour bébés bios Ready to Grow ou encore des fondatrices de Bam, un concept de plats à cuisiner sur base d’ingrédients bios. Mais il ne faudrait pas non plus tomber dans les clichés. On retrouve des femmes dans une foule d’autres secteurs, y compris très technologiques. »

En marge de votre noyau dur de clients, acquis, depuis longtemps, à la cause durable, vous avez vu arriver une (toute) nouvelle génération d’éco-consommateurs, plus conscientisés que jamais au zéro-déchet, etc. Et du côté de vos collaborateurs ?

« Huit ans après notre lancement, nous employons 50 personnes au total. Parmi nos très jeunes collaborateurs, souvent ultra-diplômés, on remarque une réelle volonté de travailler pour une entreprise qui partage leurs valeurs profondes. Quitte à gagner moins que s’ils étaient actifs au sein d’une multinationale. L’argent n’est plus leur priorité. »

Cet engagement est-il une source d’inspiration pour la cheffe d’entreprise que vous êtes ?

« Évidemment. Ces dernières années, nous n’avons jamais cessé de questionner nos modes de fonctionnement. En nous ouvrant à un public plus large, nous avons notamment dû apprendre à communiquer autrement et de manière plus didactique. Une certaine partie de notre clientèle s’attend à acheter des produits cultivés ou produits en circuits-courts et de manière naturelle, mais qui soient aussi standardisés qu’en grandes surfaces. A nous de leur expliquer que le beurre n’a pas toujours la même couleur, que, lorsqu’il pleut abandonnement, le yaourt de ferme est plus liquide qu’à l’accoutumée et qu’un chou kalé un peu piqué n’en reste pas moins délicieux. » 
 

Envie d'en savoir plus sur le parcours de cette femme inspirante ? Retrouvez son interview complète dans votre So Soir le samedi 23 octobre. 

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