R-Use Fabrik, la mercerie écoresponsable en plein coeur d'Ixelles

Fans de couture et d’upcycling, Mathilde Lemaire et Sophie Remy avaient comme projet d'ouvrir une mercerie en mars 2020. La crise sanitaire étant passée par là, R-Use Fabrik n’a vu le jour qu’en décembre dernier, à Ixelles. Rencontre avec Mathilde Lemaire, co-fondatrice et passionnée d’écologie.

PAR MARGAU GONZALEZ. CRÉDIT PHOTO : R-USE FABRIK |

Ce n’est pas une découverte, l’industrie textile est la deuxième plus polluante au monde, derrière le pétrole. Face à ce constat, Mathilde Lemaire et Sophie Remy ont décidé d’agir. Pour elles, il était inconcevable de fermer les yeux et de croiser les bras. Alors les deux compères ont monté une association sans but lucratif (asbl) nommée R-Use Fabrik. Le magasin est en fait une mercerie éco-responsable située à quelques pas du cimetière d'Ixelles. Les deux fondatrices proposent également des cours de couture et mettent à disposition des machines à coudre, des surjeteuses et autres petits matériels.

Des masques à une mercerie

"La création de notre société a demandé une longue réflexion", commence Mathilde Lemaire. Mais très vite, les deux entrepreneuses se sont mises d’accord : "on a créé une asbl car cela a plus de sens pour nous. Cela nous permet d’être rentables tout en sensibilisant et en aidant les gens", explique-t-elle. Mathilde Lemaire et Sophie Remy se connaissent sans vraiment se connaître depuis des années. En effet, Sophie est une amie de longue date d’une des sœurs de Mathilde. De fil en aiguille, cette dernière a entendu parler du projet de Sophie, qui était de créer un commerce en lien avec la couture et l’écologie. Les deux fondatrices de R-Use Fabrik sont alors entrées en contact. "Ça a tout de suite marché, la confiance était là : c'était une évidence", déclare Mathilde Lemaire.

Après mûre réflexion, les deux compères souhaitaient lancer les démarches en mars 2020. C’était sans compter sur la pandémie. Au lieu de se décourager, Sophie Remy, qui avait en sa possession beaucoup de textile, en a donné à des couturières. Comme le tissu était conforme, elles ont pu fabriquer 20 000 masques. Seulement face au succès, les deux amies n’ont eu d’autre choix que de créer une société rapidement : l’asbl a vu le jour en juin. En décembre dernier, elles ont trouvé un lieu à Ixelles et ont enfin pu ouvrir leur mercerie.

 

Un endroit pour coudre

Grâce au bouche-à-oreille, Mathilde et Sophie ont rapidement eu besoin de s’entourer. Alors très vite, Noël a rejoint l’équipe en tant que couturier. Les jeunes femmes l’ignoraient lors de l’entretien, mais il est en réinsertion professionnelle. "Il nous est tombé du ciel", se réjouit Mathilde. En effet, l’humain est au cœur de leur projet. Et si elles ont choisi Noël, ce n’est pas par hasard. Originaire du Tongo, au Cameroun, il avait déjà suivi un couturier. Il est donc arrivé en Belgique avec les bases. "Seulement là-bas, ils n’utilisent pas les mêmes techniques que nous. On lui apprend donc à coudre de manière à répondre aux normes européennes", indique la co-fondatrice. En plus d’un couturier, R-Use Fabrik comprend une dizaine de bénévoles. "Chacun a son rôle. Une personne nous aide à décorer la boutique, une autre à faire le tri et ils viennent tous avec des idées. Certains ont ainsi proposé des cours de broderie, d’autres de patchwork", expose Mathilde Lemaire. Enfin, il arrive qu’un professeur de couture vienne pour partager ses connaissances, lorsque le cours se veut plus spécifique. En effet, Sophie et Mathilde ne sont pas des professionnelles. La première travaillait dans une société textile jusqu’en 2019 et la seconde était avocate pendant sept ans, puis mère au foyer et a aussi travaillé dans l’administration. Si elles ont décidé de se réunir, c’est parce que pour elles, il manquait un endroit convivial pour coudre à Bruxelles.

Des cours collectifs ouverts à tous

R-Use Fabrik est un espace dédié à la couture upcycling où le mot d’ordre est "rien ne se jette, tout se transforme". "Notre mercerie ne fonctionne qu’avec la seconde main. Beaucoup de particuliers nous font des dons. On récupère aussi certains rouleaux de tissu à d’anciens propriétaires de société décédés. Puis on en rachète aussi à des entreprises en faillite. Et on vend tout à petit prix", explique Mathilde Lemaire. Chez R-Use Fabrik, les apprentis comme les couturiers confirmés trouveront leur bonheur : "on y vend aussi bien de grands rouleaux, que des petites chutes de tissu de 30 cm." Les novices peuvent également prendre des cours de couture. Évidemment, en ce moment, "on a dû arrêter les cours collectifs", regrette la co-fondatrice. "On ne peut accueillir que deux clients maximum alors il faut prendre rendez-vous", poursuit-elle. En ce qui concerne les cours débutants, l’équipe propose des modèles à réaliser et la personne choisit. Pour les couturiers plus aguerris, ils viennent avec leur propre projet et le professeur les accompagne pour la réalisation. "On espère reprendre les cours rapidement. Pour ça, on est en contact avec un restaurant qui ne propose pas de commandes à emporter pour sous-louer son local. On aimerait y accueillir cinq à six clients", se réjouit Mathilde. En attendant de pouvoir proposer des cours collectifs réguliers, Mathilde Lemaire et Sophie Remy ont mis en ligne une campagne de crowdfunding pour aider les enfants les plus défavorisés à participer aux cours. Pour contribuer à la cagnotte, cliquez ici.

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