Rencontre avec Álvaro Morte, El Profesor de la Casa de Papel : "Ma génération a grandi en utilisant son imagination"

Le rôle de El Profesor dans La Casa de Papel a fait de lui une star mondiale, sans bling-bling. Doux et avenant, l’acteur espagnol, qui approche la cinquantaine avec le sourire, aborde avec nous son rapport au temps qui passe.

PAR MAGALI EYLENBOSCH. Crédit photo : Breitling |

Ce jour-là, rendez-vous est fixé avec Álvaro Morte, non pour la promotion d’un film ou d’une série, mais en sa qualité d’ambassadeur de la marque Breitling. Un rôle qu’il assure depuis fin 2021 et qu’il a, on s’en doute, décroché dans la foulée du succès mondial de la série Casa de Papel, où il incarnait le cerveau de la bande : le charismatique El Profesor. Au-delà du marketing qui se dégage de cette collaboration, le presque quinquagénaire (il a 48 ans, mais il en fait facilement dix de moins) nous avoue cependant une véritable passion pour l’horlogerie. Nous avons eu l’occasion de deviser avec lui sur le temps qui passe, les réseaux sociaux et le monde de l’horlogerie, avec lequel il entretient une relation toute particulière.

La vidéo du jour : 

En tant qu’homme et en tant qu’acteur, la notion de temps est-elle importante à vos yeux ?

Dans la vie, la chose la plus importante à mes yeux est d’arriver à bien gérer son temps. Loin de moi l’idée de paraître philosophe, mais on n’a qu’une vie. Comment va-t-on utiliser son temps ? Ne pas le gaspiller ? Moi, je déteste le perdre (sourire). Quand je prends enfin des vacances, je tourne rapidement comme un lion en cage. J’ai besoin de m’occuper. En tant qu’acteur, la gestion du temps est fondamentale sur les tournages. Mais attention, il faut aussi pouvoir dire stop quand ce que l’on fait n’est pas productif. Ça m’est arrivé sur un tournage. Les scènes s’enchaînaient sans fil rouge. J’ai dit “stop” ! Tout le monde m’a regardé comme si j’étais dingue. On a pris le temps de parler et les dix minutes perdues ont, au final, été profitables pour tout le reste du tournage.

Vous n’aimez pas gaspiller le temps. De nos jours, les réseaux sociaux tels qu’Instagram sont très chronophages, comment vous débrouillez- vous pour les gérer ? Avez-vous par exemple une équipe qui poste pour vous ?

Je les utilise le moins possible et je poste moi-même, une à deux fois par mois, en fonction des événements. Cela n’empêche pas plus de 11 millions d’abonnés de me suivre (sourire). J’utilise les réseaux sociaux avec mesure et prudence, car j’estime que ça peut être dangereux pour la santé mentale, en particulier pour les jeunes. Ce qu’ils voient n’est pas le monde réel. J’appartiens à une autre génération, j’ai 48 ans. On a grandi en utilisant notre imagination, c’était notre terrain de jeu. Vous vous souvenez de cette chanson de The Buggles, Video Killed the Radio Star ? Je pense qu’on fonce droit dans cette direction, nous faisons de moins en moins appel à notre imagination et avec l’intelligence artificielle qui se profile, ça va être pire. Nous devrions davantage nous soucier des jeunes.

Avant quel âge ne donnerez-vous dès lors pas de smartphone à vos enfants ?

Je n’en sais rien. Le plus tard possible. Nos jumeaux ont seulement huit ans.

Quelle partie de la journée préférez-vous ?

Il y a des années de cela, j’étais vraiment un gars de la nuit. En terme de créativité, mon cerveau fonctionnait mieux à ce moment-là. Je pouvais travailler et discuter de projets jusqu’à 3 heures du matin. Aujourd’hui, j’ai changé, je suis plutôt du matin. J’adore me lever très tôt. À midi, vous avez la sensation d’avoir accompli un tas de choses. On prend l’avantage sur le temps qui file.

À quel âge avez-vous reçu votre première montre ?

Je devais avoir entre 6 et 8 ans. C’était une Casio, une montre digitale. J’ai grandi dans les années 80. C’était la mode à l’époque !

Il paraît que votre grand-père adorait les montres vintage et qu’il les réparait...

Oui, il s’agit du père de mon père ; le genre de gars qui réparait tout. Je le regardais faire. Il passait des heures, la loupe sur l’œil, à tout décortiquer. Je me souviens qu’il utilisait des boîtes en métal pour cookies et y rangeait ses outils. Il était si concentré ! Je crois que c’est de là que me vient cette admiration pour tous les artisans du monde horloger et ma passion des montres.

Vous êtes donc, vous aussi, plus attiré par les montres vintage ?

C’est probablement pour cela que j’aime les montres Breitling : parce que je crois qu’elles sont l’équilibre parfait entre un style rétro-relax tout en étant associées à quelque chose de très moderne. Cet esprit me correspond totalement. J’aime les collections à la fois classiques mais aussi sportives et modernes.

Portez-vous une montre connectée pour avoir vos données santé par exemple ?

Non, pas du tout. Mon rythme cardiaque, je ne m’en préoccupe pas. Peut-être le devrais-je ? (Rires)

Vous portez toujours une montre ?

Oui. Pour l’instant, je porte la Super Chronomat. Quand je me réveille le matin, si je ne la porte pas, je me sens tout nu. Le seul moment où je l’enlève, c’est dans la salle de sport. La première montre que j’ai choisie au début de mon partenariat avec Breitling, c’était une Mosquito, puis celle-ci. J’aime aussi l’esthétique d’une montre de plongée, même si je ne pratique pas de sports de plongée. J’aime changer de style, j’alterne par exemple avec une Mustang.

Vous regardez parfois l’heure sur votre GSM ?

Non, jamais. Toujours sur ma montre !

Avez-vous eu l’occasion de visiter la manufacture Breitling à La Chaux-de-Fonds ?

Oui, c’était incroyable. Ce qui m’a surpris, c’est qu’avec toute la technologie que les horlogers pourraient utiliser dans toutes les étapes de la production, il y a encore beaucoup de travail effectué à la main. J’aime cette philosophie.

Álvaro Morte, lors de sa visite comédien à la manufacture Breitling en Suisse. Crédit photo :  Breitling

Une montre dit-elle quelque chose de celui qui la porte ?

Bien sûr. On m’a demandé quel était l’accessoire le plus important à mes yeux et j’ai répondu “une montre” car, pour moi, si vous voyez un homme entièrement nu, mais qui porte une montre, on peut avoir une idée de qui il est. Une montre révèle notre style, notre caractère, notre comportement.

La montre vintage que vous portiez dans la série La Casa de Papel raconte, elle aussi, une histoire...

Il y avait en effet une histoire derrière cette montre. C’est une très vieille montre suisse dont Le Professeur avait hérité de son père. Le personnage est très méthodique, perfectionniste et entretient une relation très émotionnelle avec cet objet. Même si elle a été fabriquée au XVIIIe siècle, si c’est une bonne montre, vous pouvez encore la faire fonctionner. On reste en connexion avec la personne qui la portait.

Vous vouliez d’ailleurs la garder à la fin de la série...

Oui, mais je n’ai pas pu. J’ai conservé les lunettes et la tasse de thé. Je garde souvent quelque chose des tournages, mais parfois, c’est impossible. De mon dernier film, Lost & Found, j’ai conservé le couteau de mon personnage.

Que tournez-vous actuellement ?

Rien (rires) ; mon dernier film est en postproduction. Je travaille sur des projets que j’aimerais développer moi-même dans un futur proche en tant que producteur.
C’est un processus très lent. J’aimerais beaucoup réaliser un film. J’ai reçu quelques propositions, mais je les ai déclinées. Je n’étais pas convaincu par les scénarii. Ils ne me plaisaient pas suffisamment. Si vous êtes occupé pendant deux ans sur un projet, il faut vraiment adorer le scénario !

La vie est courte. Vous semblez très conscient du temps qui file...

J’ai parfois discuté avec des gens de 60, 70 ans, qui regrettent de ne pas avoir accompli telle ou telle chose. On tend à reporter les choses en
se disant qu’on aura le temps... plus tard. Et finalement, on ne l’a pas. Je n’ai pas envie que ça m’arrive. Il ne faut pas vivre dans le passé, ça peut être dangereux, et il ne faut pas non plus vivre dans le futur car on ignore ce qui nous attend. Il faut profiter du temps présent !

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