Sanh-Kee, le restaurant chinois qui ne paie pas de mine mais...

Au Sanh-kee, dans le centre de Bruxelles, il n'y a ni dragons, ni lanternes rouges, mais nous avons joliment bien mangé et été reçus comme le dernier empereur.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Attention, adresse de poche : on est à Bruxelles, en plein centre-ville, rue Sainte-Catherine. Un quartier où les restaurants asiatiques pas forcément luxueux mais parfois excellents abondent, notamment les restaurants chinois. Oui, les restaurants chinois, justement, ça fait dix ans qu’on en a marre d’entendre que la cuisine chinoise Ce n’est pas bon, je préfère le thaï, alors que oui, la cuisine chinoise, les cuisines chinoises, sont des cuisines immenses, riches, variées. Certes, elles sont parfois mal représentées chez nous, mais ça vaut la peine de pousser la porte de quelques restaurants du centre-ville de la capitale — comme le Yi Chan, plus cossu ou le Beijingya à la lumière blafarde mais dont le canard est redoutable — tous à deux pas du piétonnier honni. On est dimanche midi, il y a du monde partout de la place Saint-Géry à la rue de Flandre. Sanh-Kee ressemble à un snack, mais se veut rôtisserie, alors à nous les viandes rôties, le sucré de la croûte, le croustillant, le fondant du gras. Nous rentrons, un peu dubitatifs tout de même, dans ce mini-restaurant aux tables tout à fait ordinaires, à la déco inexistante.

La carte

Et le charme opère tout de suite. La jeune femme qui nous accueille est infiniment souriante, elle rit même de bon coeur à mes blagues totalement éculées. Et à mon immense joie — mais un peu moins à celle de Florence — il y a à la carte des spécialités chinoises comme on les trouvait jadis chez les Chinois, dans des institutions comme le Chinatown. Des pattes de poulet, de l’estomac d’animaux divers, des langues de canard et autres abats à faire frémir un détoxé au
charbon actif trempé dans l’eau filtrée et osmosée. On reviendra pour la trash food ; là on a juste envie de rôti et, avant, d’un peu de vapeur. Brioches de porc laqué (4 €) et assortiment vapeur (5 €).

À ma question C’est maison ? j’ai la même réponse que la patronne de l’hôtel dans Tandem, où Jean Rochefort se voit répondre Ce n’est pas de cette maison-ci, mais c’est très bon quand même. Voilà, on ne saura pas qui a fait les dim sum, mais ils assument. Allez, on prend l’assortiment rôti (16 €), c’est là que Florence abandonne sa réticence habituelle par rapport au gras-gras, et se tortille en disant, je cite : J’ai mangé le gras du porc tellement il était croustillant.

Le verdict

Oui, j’ai retrouvé ici le goût du lard croustillant des restos chinois de quand j’étais petit. Quant au canard, il est laqué moelleux, alors qu’on l’a mangé parfois tellement sec. On prend du pak-choï à la sauce d’huître pour mettre un peu de fibres autour des protéines et des lipides et c’est juste parfait. Alors, il n’y a ni dragons ni lanternes rouges, ni poissons rouges à grandes nageoires, mais l’addition est aussi minimaliste que la déco (42 € à deux, ce y compris avec la bière Tsingtao de rigueur), nous avons joliment bien mangé et avons été reçus comme le dernier empereur. Bref, un dimanche midi bruxello-sino-centré réjouissant.

Sanh-Kee, 22 rue Sainte-Catherine, 1000 Bruxelles. T. 02.511.02.88. Ouvert non-stop de 12 h à 22 h sauf le jeudi.