Spotted by Ingrid | Une fashion week virtuelle, est-ce vraiment l’avenir de la mode ?

Ce jeudi démarre en ligne la première Metaverse Fashion Week (ou MVFW), un événement mode dématérialisé inédit. Que penser de cette nouvelle manière de consommer la mode ? Comme chaque semaine,  notre rédactrice en chef Ingrid Van Langhendonck vous donne son point de vue. 

Ingrid Van Langhendonck, Photos DR |

Du 24 au 27 mars, l'univers virtuel Decentraland propose donc la première Metaverse Fashion Week ou une semaine de la mode dématérialisée … Un évènement qui ne doit pas se prendre à la légère, quand on sait que quelque 70 marques, artistes et créateurs sont annoncés, dont de grands noms comme Dolce&Gabbana, Etro, Tommy Hilfiger, Cavalli ou IKKS. En outre, d’autres grands noms de la mode sont présents, comme les grands magasins Selfridges, très impliqués, qui ont inauguré pour l’occasion une boutique dans Decentraland. Ici, ils proposent une expérience immersive qui vous emmène dans l’univers mode de Paco Rabanne sur fond d’œuvres hypnotiques à la Vasarely.

 

 

La vidéo du jour :

Comment ça marche ?

C’est simple et intuitif, pas de programme à télécharger ni de matériel à acheter, il vous suffit d’une tablette ou d’un PC. Surfez sur le site de l’événement (MVFW.org) et si vous n’avez pas envie de créer un compte: cliquez simplement sur "Play as guest". Il vous faudra ensuite créer un avatar (morphologie, cheveux, vêtements et accessoires…) qui sera votre personnage dans cet univers virtuel. De là, vous pouvez visiter toute une série d’événements virtuels, à partir du menu "Explore".
Des événements se tiendront dans le UNXD Luxury District un espace commercial “inspiré de l’Avenue Montaigne”. Un catwalk virtuel accueillera vendredi des marques comme Etro, Placebo, French Couture Elie Saab, Franck Muller, Monnier frères, ou IKKS parmi d’autres... Le résultat ? Un défilé virtuel où les vêtements sont portés par des avatars. Certaines tenues peuvent être acquises, et portées (virtuellement) par votre avatar, mais on vous rassure, d’autres pièces virtuelles auront un équivalent mis en vente dans le monde réel. Plusieurs panels et conférences sur le commerce décentralisé, la mode digitale, les NFT sont également prévus. … Et même un entretien avec Tommy Hilfiger vendredi à 14h, au milieu de diverses animations et performances musicales ou artistiques.

Ce monde virtuel, à quoi ça sert ?

Si tout le monde comprend les avantages de faire défiler des vêtements virtuels sur des mannequins dématérialisés, et le côté artistique de ces présentations virtuelles, c’est évidemment l’achat de ces pièces qui pose en effet un problème de compréhension aux néophytes.
Forever 21  et d’autres marques, par exemple vendront lors de cette MVFW des produits de mode virtuelle en NFT, à savoir ‘non fungible token’ des pièces qui n’existant pas à part dans l’univers digital …Vous achetez donc un espace dans un jeu vidéo, un avatar, un animal de compagnie un filtre ou un vêtement numérique… Mais cela peut aussi être une œuvre d’art digitale. On dit que ces achats en NFT sont infalsifiables et indestructibles, et parfois, ils ont un équivalent dans le monde réel et ne sont qu’une sorte de passeport : Dans le cas d’une montre par exemple, la date et le lieu de fabrication, l’origine des composants, leur empreinte carbone, le nom de l’artisan horloger qui a fabriqué votre montre, mais également toutes les informations relatives à la vie de votre objet. Quand a-t-il été réparé, revendu ou porté, sur quelles stars on l'a vu, dans quelles campagnes de pub, une série d'infos qui en modifient la valeur…  Une sorte de service après-vente plus ludique et dématérialisé.

Pourquoi on s'en méfie ?

Certains critiquent vivement ce nouveau mode de commercialisation de luxe. Cette activité étant énergivore (métaux rares) et peu écoresponsable, une paire de baskets virtuelles hors de prix paraît encore plus futile et vaine que son pendant réel. D’autres critiquent aussi cette nouvelle forme de spéculation, sur des marchés particulièrement volatiles où le risque de voir son investissement réduit à zéro est dès lors très élevé : un tweet viral, une fake news et les prix s’envolent ou s’effondrent. Et puis il y a le problème plus général de la vanité et de l’addiction au digital, aux marques de luxe et à la surconsommation en général qui inquiètent. Alors qu'aujourd'hui les cookies, la protection de la vie privée et le pistage de nos habitudes de consommation font débat, ce type de commerce inquiète et laisse finalement sceptique une grande partie de la population qui se demande déjà aujourd’hui comment se payer des pièces et accessoires plus responsables dans la vraie vie…

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