Un joyau seventies

Nichée dans une rue discrète derrière le quartier de Fort-Jaco, à Uccle, une des premières maisons signées du Belge Marc Corbiau a fait craquer la créatrice Lorraine Archambeaud et sa petite famille. Visite commentée de son intérieur so souvenirs...

par Ingrid Van Langhendonck. Photos Laetizia Bazzoni. |

Lorraine est la créatrice de la marque de chaussures Bettina Vermillon. Elle et son mari sont arrivés de France en 2013 et ont fait l’acquisition de cette maison très singulière. Déjà, il y a toute cette verdure ! Cela n’existe pas à Paris, où les gens ne vont à la campagne que le week-end. Nous, par contre, nous pouvons nous reconnecter à la nature chaque jour de la semaine, c’est très précieux. Mais il y a aussi, surtout, l’architecture bien sûr. Cette maison date de 1974. Et ce qui m’impressionne, c’est la modernité qu’elle dégage. Marc Corbiau, dès cette époque, avait déjà tout compris de la manière dont veulent vivre les familles modernes. Les espaces communiquent sans se confondre, on vit ensemble sans s’envahir… C’était essentiel pour moi !

La maison s’étend en effet sur plusieurs demi-niveaux qui s’entremêlent tout en étant distinctement identifiés : un labyrinthe de couloirs et d’escaliers, de pans de murs qui lui donnent une élégance géométrique incroyablement moderne. J’aime cette maison surtout pour la gestion de la lumière. Corbiau est par après devenu plus radical, avec d’énormes pans vitrés et d’autres très fermés. Ici, c’est plus subtil. Il a créé des jeux d’ombre et de lumière, qui donnent un rythme à la maison, et dégagent des ondes très sereines.

Dans l’espace intérieur, Lorraine a également créé de petits ensembles, qui se fondent dans le tout mais existent pour eux-mêmes. Chacun y est comme un petit amas de souvenirs, une composition.J’accorde de plus en plus au fil des ans de l’importance à l’âme des objets. Il y a quinze ans, j’étais ultracontemporaine. Mais là, je me surprends à garder des objets chinés uniquement parce qu’ils sont porteurs d’un souvenir qui m’est cher ou reliés à un être aimé. Peut-être cette évolution est-elle due au fait que je suis devenue maman, et que les souvenirs prennent désormais pour moi une autre dimension ? Mais il y a aussi l’intérêt particulier que j’accorde au XXe siècle. Le principal apport de ce siècle est le lien très fort qui s’était construit entre l’usage et l’esthétique des objets. Une préoccupation qui n’est apparue qu’à ce moment-là dans l’Histoire. Cette révolution se ressent dans cette maison, et je constate qu’on la retrouve dans les objets dont nous nous sommes entourés au fil des années. 

“Ce qui m’impressionne dans cette maison, c’est la modernité qu’elle dégage.”