Visiter la Côte d'Azur autrement

La faune estivale ayant déserté la French Riviera, on profite des derniers beaux jours pour s’offrir une escapade spéciale musées et fondations d’exception. Parcours choisi en dix escales, d’Ouest en Est, sans files ni bermudas.

Par Cécile Bouchat. Photos: Flickr : Gilbert Sopakuwa, Jessie Autard ,Georges Veran, Colombe Glier, Fondation Hartgung-Bergman, Roland Halbe. |

SAINT-TROPEZ

Musée de l’Annonciade

La vie du peintre néo-impressionniste Paul Signac est intimement liée à la ville de Saint-Tropez. À la mort de son grand ami Seurat, survenue à Paris, l’artiste passionné de voile prend le large et débarque en 1892, à l’âge de 29 ans, dans le petit port de pêche. Il y résidera longtemps et partagera son amour pour la région avec une grande partie de l’avant-garde picturale de l’époque qui séjourne dans sa maison, baptisée La Hune. Avec une jolie collection composée d’œuvres principalement pointillistes, nabis et fauves, ce charmant petit musée logé dans une ancienne chapelle est aujourd’hui l’un des témoins de cette émulation. 

www.saint-tropez.fr/culture/musee-de-lannonciade

ANTIBES

Fondation Hartung-Bergman

Après avoir longtemps résidé à Paris, le peintre d’origine allemande Hans Hartung et sa femme Anna-Eva Bergman, également peintre, se sont installés sur les hauteurs d’Antibes en 1973 dans une vaste propriété dont les plans de la résidence et des ateliers ont été conçus par cet éminent représentant de l’abstraction. Devenu Fondation au début des années 90, ce site singulier, espace de travail des deux artistes, est aussi un lieu d’archives, compilant pas moins de 16 000 peintures et dessins et 30 000 photos.

www.fondationhartungbergman.fr

ANTIBES

Musée Picasso

Terre de villégiature puis de vie de l’homme aux espadrilles et T-shirt marin, la Côte d’Azur et son arrière-pays abritent divers lieux dédiés à son œuvre. Dont celui-ci, installé dans le château Grimaldi. Résidant à Golfe-Juan avec sa compagne Françoise Gilot à la fin des années 40, Picasso s’était vu proposer à l’époque de créer “un petit dessin” pour ce qui était alors déjà devenu un musée. Enthousiaste, l’artiste proposera carrément de décorer le lieu, y laissant en outre en dépôt plusieurs peintures et dessins, parmi lesquels des œuvres majeures, mais aussi un bel échantillonnage de céramiques réalisées à Vallauris. Une collection enrichie par la suite par diverses donations et acquisitions.

www.antibes-juanlespins.com/culture/musee-picasso

BIOT

Musée Fernand Léger

Peu de temps avant sa mort, Fernand Léger avait pris l’habitude de descendre à Biot pour travailler sur un important projet autour de la céramique. Il y avait acquis une propriété, le mas Saint-André, au pied du village. Après sa mort, sa seconde femme Nadia et le peintre Georges Bauquier ont fait construire à proximité un musée dédié à l’artiste, offert à l’Etat français en 1969, avec près de 400 œuvres. Une belle collection à découvrir, enrichie depuis par diverses acquisitions. 

www.musee-fernandleger.fr

SAINT-PAUL-DE-VENCE

Fondation Maeght

Le désormais célèbre bâtiment érigé en 1964 à l’initiative des mécènes Marguerite et Aimé Maeght est un des exemples les plus remarquables de fondation privée en Europe. Elle abrite l’une des plus importantes collections d’art moderne en France : des centaines d’œuvres majeures signées Miró, Bonnard, Chagall, Léger ou Kandinsky entre autres. Son architecture moderne est inscrite dans un environnement exceptionnel et son jardin, peuplé de sculptures de Giacometti, Braque, Tal Coat, Bury ou Calder, vaut à lui seul le détour.

www.fondation-maeght.com

NICE

Musée Matisse

On le sait, Matisse a entretenu avec la Côte d’Azur une grande histoire d’amour. Originaire du Nord de la France, le peintre fauve fait de Nice sa ville d’adoption à partir de 1917. Il a 48 ans. D’hôtels en villas ou en appartements, il y peindra de nombreux chefs-d’œuvre, dont plusieurs sont réunis depuis 1963 dans une très belle demeure aux façades rouges, qu’est venue compléter une aile contemporaine en 1993. Outre les peintures, dessins, gravures, sculptures, livres et photographies, de nombreux objets personnels y sont également exposés.

www.musee-matisse-nice.org

BEAULIEU-SUR-MER

Villa Kérylos

Posté sur une pointe rocheuse au nord de Nice, c’est un rêve un peu fou qui a pris forme ici, celui d’un archéologue et helléniste passionné, Théodore Reinach, qui s’est adjoint les services de l’architecte Emmanuel Pontremoli pour reconstituer, à partir de 1902, une villa de l’île de Délos du IIe siècle av. J.-C. Incroyable plongée dans la Grèce antique, la perfection du décor, la richesse des pièces présentées et l’atmosphère particulière qui se dégage du lieu sont époustouflants.

www.villakerylos.fr

SAINT-JEAN-CAP-FERRAT

Villa Santo Sospir

Étape confidentielle sur ce parcours méditerranéen, la villa Santo Sospir est un lieu magique pour tous les amateurs de décoration. Perdue dans les pins du Cap Ferrat, la maison a en effet été entièrement “tatouée” en 1950 par Jean Cocteau, ami des propriétaires qui y vécut durant une dizaine d’années, et aménagée par la célèbre décoratrice Madeleine Castaing. Délicieusement restée “dans son jus” avec sa salle à manger en rotin et ses couloirs habillés de moquette léopard, la villa est à visiter sur rendez-vous, guidé par Eric Marteau, ex-infirmier de la défunte propriétaire.

+33 (0)4 93 76 00 16 ou visits@santosospir.com

CAP MARTIN

Villa E-1027 d’Eileen Gray et Cabanon de Le Corbusier

À quelques encablures du centre de Roquebrune, les pieds dans l’eau, ce site abrite plusieurs témoins emblématiques de l’avant-garde architecturale du XXe siècle. D’abord, une résidence de vacances aux lignes radicalement modernistes construite entre 1926 et 1929 par Eileen Gray pour son ami Jean Badovici, architecte et critique d’art. L’Irlandaise établit ici des principes extrêmement nouveaux pour l’époque, qu’elle développera par la suite dans son travail. Un peu plus loin sur le site, on trouve un autre bijou, imaginé cette fois par Le Corbusier. Habitué de la villa des Gray-Badovici (il y peindra d’ailleurs une fresque), le célèbre architecte décide lui aussi de s’installer dans les parages. En 1952, il dessine sur un coin de table un remarquable module d’habitation, un cabanon en bois d’à peine 16 m2 pourtant très élaboré, qu’il offre à sa femme en guise de cadeau d’anniversaire. Deux ans plus tard, il conçoit également tout à côté cinq unités de camping. C’est ici, au large de son cabanon, que l’architecte suisse trouvera d’ailleurs la mort en 1965.

www.capmoderne.com. Sur réservation.

MENTON

Musée Cocteau

C’est Cocteau qui a décoré en 1957 la salle des mariages de la mairie de Menton sur un des thèmes qui lui étaient chers, celui d’Orphée. Parallèlement, l’artiste décide de restaurer un fortin abandonné du XVIIe en front de mer, pour lequel il dessine des mosaïques et du mobilier et où il dépose plusieurs de ses œuvres. Cette ville était donc l’endroit idéal pour créer un musée, conçu récemment par l’architecte star Rudy Ricciotti autour de la collection de Séverin Wunderman, homme d’affaires passionné par l’art protéiforme du poète, peintre et cinéaste français. 

www.museecocteaumenton.fr