Vivez l'épreuve de la boîte noire de Top Chef dans ce restaurant bruxellois

Lancé voici 17 ans à Paris, le concept des restaurants "Dans le Noir" a désormais une adresse chez nous, dans l’une des salles de l’hôtel bruxellois Warwick, complètement calfeutrée pour l’occasion. Une expérience gastronomique et humaine qui nous rappelle la mythique épreuve de la boîte noire dans Top Chef. On a testé !

Par Sigrid Descamps. Photos Dans le Noir |

Le principe de l’expérience gastronomique Dans le Noir, lancé à Paris il y a 17 ans par Edouard Breglie, et qui compte des restaurants un peu partout dans le monde ? Comme son nom l’indique… on mange dans le noir ! Et attention, il ne s’agit pas de manger les yeux bandés, ni d'être plongé dans une certaine pénombre, où l’on distinguerait encore des ombres, des formes et pour le coup, nos assiettes et les autres convives : ici, on se retrouve dans l’obscurité la plus totale. On ne voit vraiment rien, que dalle, nada ! Il est d’ailleurs demandé de laisser son smartphone et même sa montre, qui peut réfléchir de petits points lumineux, à l’entrée. Obscurité totale, déconnexion totale. 

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On s’en remet alors à un guide, le nôtre s’appelle David, ce trentenaire liégeois est malvoyant depuis toujours, l’Horeca est sa passion première, qu’il a dû abandonner à cause de sa maladie et qu’il retrouve aujourd’hui avec plaisir. C’est lui qui va nous accompagner tout au long de la soirée. Car l’idée derrière Dans le Noir n’est pas seulement de se divertir. « C’est une expérience sensorielle, gastronomique et humaine, précise Chanael Lenoir, directrice du développement international de l’enseigne. C’est également une façon de s’immerger dans le monde des non et mal-voyants, d’attirer l’attention sur leur quotidien. D’où l’emploi de personnes atteintes d’un handicap visuel, qui ont été formées spécialement pour travailler en salle et accompagner les convives.

Des gestes anodins deviennent des épreuves

On revient donc à David, dont les conseils vont s’avérer précieux tout au long de la soirée. Il va d’abord nous mener notre table : on pose la main sur l’épaule des autres convives (voire, on s’y accroche) et en file indienne, on se suit pas à pas jusqu’à la table, où l'on s’installe, mal assurés, on doit bien l’avouer. Les premières minutes sont assez déroutantes. Il arrive d'ailleurs que certaines personnes ne se sentent pas très bien. Mais rares sont celles qui quittent l'aventure. Ce soir-là en tout cas, tout le monde est resté assis.... On découvre alors à tâtons nos couverts, une serviette et un verre à eau. Et là, première « épreuve » : se servir un verre d’eau. Un geste anodin, que l'on reproduit plusieurs fois sur une journée et qui, dans l’obscurité, revêt soudain des allures d'épreuve de précision de haut vol. David nous apprend à nous servir comme un non-voyant le fait, en se servant d'un doigt pour sentir le niveau de l’eau. On tremble un peu, mais on y arrive. « Je vous rassure, les verres de vin arriveront déjà remplis, nous lance-t-il en riant. Oui, merci, ça nous rassure en effet car on visualisait – enfin, dans notre tête – déjà la catastrophe. Pourquoi on a mis un haut blanc ce soir ?! On prie alors pour que le chef n’ait pas songé à revisiter le spaghetti bolognaise ! Chanael s’en amuse et précise que les plats sont pensés de façon à éviter les mauvaises surprises : portions prédécoupées, pas de sauce qui pourrait « gicler », pas de sauce piquante style wasabi isolée en quantité « à risque »…

Dégustation et fous rires

Autour de la table, on se détend très vite. Déstabilisé au début par le fait de n’y voir absolument rien et de devoir se fier à tous ses autres sens, on s’habitue peu à peu. Les langues se délient également, on fait connaissance avec ses voisins de table, avec qui on finira par avoir quelques fous rires. Manger dans le noir, c'est aussi être plus attentif à ceux qui nous accompagnent. Déjà, personne n'est vissé sur son smartphone et ça fait du bien!  Quand les assiettes arrivent, on ne sait pas trop par où commencer, on doit, enfin on croit, deviner les différentes textures, les goûts, en essayant de ne pas en mettre partout et… de ne pas en perdre une miette. Les uns reconnaissent une saveur, les autres une autre. On savoure comme cela une entrée, un plat et un dessert. Avec, à chaque étape, les conseils de notre guide, ses questions, ses anecdotes… On utilise nos couverts, mais aussi nos doigts, qu’on glisse sur la surface (d’ordinaire, ça ne se fait pas, mais là, comme personne ne nous voit, on en profite !) pour vérifier qu’on n’a rien oublié. Ah tiens, par exemple, la framboise qui avait roulé sur le côté de l’assiette, on a bien failli la louper !

Verdict

Deux heures s’écoulent comme cela, on n’a pas vu le temps passer, au propre comme au figuré. A la fin du repas, David nous guide dans le sens inverse : retour à la lumière. Ca pique un peu, mais ça fait du bien. Le chef Grégory Lauwaert en personne vient alors nous présenter les plats qu’on a consommés : on découvre à quel point on a eu raison (ou tort), ce qu’on a complètement zappé aussi. Comme le reste de la soirée, c’est étonnant. Ce mot résume au final bien ce que l’on a vécu… Manger dans le noir, c’est vraiment étonnant. C’est une expérience sensorielle à la fois déroutante et divertissante, mais également instructive. Qui nous fait aussi prendre conscience à quel point, d'ordinaire, on mange... avec les yeux.

Du jeudi au samedi au Warwick, 5 rue Duquesnoy, 1000 Bruxelles. Formules à partir de 56 euros, infos et réservations : brussels.danslenoir.com

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