Christa Reniers : l’alchimiste de la nature
Deux boutiques, une à Anvers et l’autre au Sablon. Une petite dizaine d’employés au total. Christa Reniers, c’est de l’artisanat belge qui a pignon sur rue. Pourtant, c’est par hasard que tout a commencé : “ Mon beau-père était dentiste, quand il a pris sa retraite, j’ai hérité de ses cires et de ses fraises. ” Et là, c’est la révélation : la créatrice expérimente la technique de la cire perdue, qui lui permet d’imaginer toutes les formes qu’elle veut, d’abord en argent puis en or. Cette technique explique encore aujourd’hui les formes très organiques et graphiques qui sont la signature de Christa Reniers. “ On vend beaucoup d’or, parce que les gens en connaissent la valeur ”, poursuit la créatrice dont les bijoux en argent vont de 250 € à 850 € et de 600 € à 4 550 € pour l’or.
Isabelle Lenfant du rock
Diplômée de La Cambre en stylisme, Isabelle Lenfant est aussi tombée par hasard en amour pour la joaillerie. "Ma mère s’était fait voler tous ses bijoux. Il y en avait un qu’elle voulait refaire faire. On est allées ensemble chez un joaillier qui m’a proposé de travailler avec lui." La jeune femme s’inscrit aux Arts et Métiers et se lance à son nom. "Je connaissais pas mal de créateurs et de journalistes grâce à mon métier de styliste, ça a facilité les choses", explique la créatrice de bijoux qui ont toujours une symbolique.
Sa bague sparadrap par exemple, "permet de panser ses blessures tout en y pensant" — même si ça saigne encore, comme le suggèrent ses rubis incrustés dans les petits trous du sparadrap. Idem pour la bague où un diamant s’immisce dans la fêlure. "J’ai pensé à cette phrase de Michel Audiard : Bienheureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière”, explique Isabelle Lenfant qui “espère que les gens racontent leur vie en achetant mes bijoux”. Des histoires accessibles aussi, puisque les prix vont de 200 € à 3 000 €. La dernière ligne de bijoux développée par Isabelle Lenfant en collaboration avec Elvis Pompilio s’en réfère autant au chapelier fou qu’au surréalisme belge. Soit des chapeaux-broches en argent, bombé ou non de couleur, ou en bronze noirci.
Wouters & Hendrix : le cabinet de curiosités
Katrin Wouters et Karen Hendrix se sont rencontrées sur les bancs de l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers, en 1984. Soit l’année où les Six d’Anvers partent à l’assaut de la planète fashion. "On a commencé en même temps qu’eux. Le label Mode c’est belge a aussi permis de promouvoir notre travail. Aujourd’hui encore, la création belge attire à l’étranger." Pour séduire leurs clients sans discontinuer depuis plus de 30 ans, les deux créatrices se distinguent par une esthétique unique et assez abordable : "On change de thème à chaque saison, mais il y a toujours des éléments inspirés de la nature, une touche surréaliste et de l’humour." Tout est réalisé à la main dans leur atelier de Berchem : "On adore travailler l’or, les diamants et les pierres précieuses, mais toujours avec ce twist d’humour. Toutes les matières nous intéressent, que ce soit le cuir, le plastique ou le bois… Ce n’est pas une fin en soi, c’est le résultat qui compte."
Enora Antoine : la mécanique du coeur
A 34 ans, Enora Antoine est la benjamine des créatrices belges, qui a lancé sa marque il y a cinq ans. "J’étais psy à la base. J’ai tout lâché après avoir suivi des cours du soir aux Arts et Métiers." Dans son atelier bruxellois, elle travaille l’or et l’argent pour des créations très géométriques. Sans avoir les moyens de se payer des ambassadrices, la créatrice armée de ses seuls bijoux et de sa belle énergie s’est attiré la sympathie des comédiennes belges Stéphanie de Crayencour et Tania Gabarski, qui portent ses bijoux, mais aussi de Natasha St-Pier. La chanteuse a ainsi choisi le pendentif L’envol Coeur pour l’association dont elle est la marraine, Petit Coeur de Beurre, qui soutient les personnes atteintes de cardiopathies congénitales.
