Dans l’atelier de Pache

À 28 ans, Yann Laissy, alias Pache, excelle dans son art coloré, fun et urbain. Il nous ouvre les portes de son univers, riche en peintures, customisations et bientôt prêt-à-porter vintage.

par Olivia Roks. Photos  Dr. |

Tout petit, j’avais déjà la fibre artistique, je peignais, je dessinais… raconte le jeune homme d’origine franco-portugaise. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Bruxelles, diplôme en poche, Yann Laissy s’envole pour Barcelone. Désireux d’élargir ses compétences, il suit durant cinq ans des cours à l’Université de l’Art et du Design. Dans la cité catalane, il se découvre et affine son style artistique. Je peignais des formats réduits dans ma petite chambre d’étudiant.

Après quelques mois, j’ai voulu réaliser une exposition solo. Fin de ma troisième année, mon rêve s’est enfin concrétisé. Une expérience très enrichissante car, pour la première fois, je devais faire preuve de rigueur et de cohérence afin que mon art soit en parfaite harmonie avec l’espace. En parallèle, Yann Laissy s’intéresse à l’art urbain, au graffiti. À Barcelone, trois activités rythmaient ma vie : les études, ma peinture et le graffiti. Je ne mélangeais jamais l’un et l’autre. Sans parents, sans horaires, avec davantage de liberté, le graffiti était de plus en plus présent dans mon quotidien. L’univers du Street Art m’inspirait pleinement.

Fresques imaginaires

De retour à Bruxelles, sous le pseudonyme de Pache, il se lance et se concentre avec rigueur sur son travail. Etre un artiste, c’est plus qu’être doué, c’est être son propre patron, lutter, avoir confiance en soi, en son travail, y croire et toujours être prêt à la critique. Ses sources d’inspiration sont principalement la rue, les villes abstraites et imaginaires souvent définies par des formes géométriques.

Sans oublier la nature, interprétée tantôt par des fleurs, tantôt par des ronces. J’ai la chance de travailler dans des registres différents. D’une part mes peintures sur toile, de l’autre, mes fresques murales qui s’apparentent davantage au graffiti. Mon style se différencie en fonction de ces supports. Dernièrement, j’ai exposé à la galerie Marie Demange à Bruxelles, au Châtelain. Il s’agissait d’une série de peintures sur toile mettant à l’honneur des personnages Disney dessinés sur des fonds colorés, un genre très Pop art. L’arrière-plan de mes œuvres ressemble à un mur qui a vécu, recouvert de tags, j’y superpose ensuite un personnage de manière très propre, très nette, toujours au pinceau. Il y a donc un contraste évident entre le fond de la toile et le dessin superposé.

Des customisations qui claquent

Lors de cette exposition intitulée Apparentia, Pache nous transportait dans son univers coloré et enchanteur. Des fleurs, des étoiles, Mickey, Pinocchio, Donald… Mais Yann Laissy n’aime pas se limiter à un style :
Je travaille par série, chacune d’elles à un thème précis. Il y a eu les clashs de couleurs, les taches, les graffitis, actuellement mes personnages Disney… Une imagerie enfantine qu’il affectionne particulièrement, mais qui dissimule quelques messages cachés. L’homme sait en effet se jouer des apparences et prétexter son art pour soulever de vraies questions. Pache est également de plus en plus reconnu pour ses customisations. Tout a commencé par une connaissance, qui m’a confié son sac Hermès en me disant “Éclate-toi !” Je l’ai revisité à ma manière, avec des clashs colorés…

Ensuite, baskets Stan Smith, sac Chanel, Louis Vuitton, Hermès, Kenzo sont passés entre ses mains, sortant de son atelier avec une touche assurément street style. Le bouche-à-oreille aidant, les commandes ont afflué. Émanant d’abord de particuliers, puis de marques… Comme le géant Zalando. C’était ma première collaboration sérieuse, quel challenge ! s’enthousiasme encore Yann, qui a pu laisser son empreinte sur dix pièces présentes sur le célèbre e-shop : un perfecto, des gants, des Dr Martens… Il les a personnalisés à sa manière, optant pour le noir et blanc et l’utilisation de formes géométriques rappelant ses fameuses villes imaginaires.

Cet ensemble de vêtements et accessoires s‘est ensuite retrouvé aux Brussels Fashion Days 2016, sur le stand de Zalando. Une sacrée visibilité pour le jeune artiste. Après Zalando, Porsche l’a contacté, à l’occasion du lancement de la nouvelle Panamera. Une boîte d’événementiel a souhaité que j’investisse le sous-sol d’une villa, un lieu underground qui me convenait très bien. J’y ai présenté mon art sous ses diverses formes : tableaux et objets customisés. Tous les soirs j’y faisais également un live painting. Récemment, le travail de l’urban artist s’est aussi retrouvé sur des verres Schweppes pour le Venuez, une foire anversoise. Et les Bruxellois ont pu découvrir son univers dans le pop-up store BeSeason ouvert rue Dansaert. Enfin, Pache a aussi participé à une belle initiative : Spray Against Cancer, où  de nombreux artistes d’art urbain se mobilisaient pour la bonne cause, offrant une toile, en vente au profit de Télévie. Une belle expérience, insiste-t-il.

Des pièces comme Œuvres d’art

Et l’avenir ? Il promet. Yann s’est lancé dans un nouveau projet d’envergure, qui lui tient terriblement à cœur… Je mets momentanément de côté la peinture sur toile afin de développer une série limitée de vêtements. Je souhaite réaliser une collection de prêt-à-porter vintage customisée. Chaque pièce sera donc unique, différente. L’association de la mode, du design et de mon art m’enthousiasme, mais également l’aspect économique et écologique de l’initiative. Ces pièces seront mes nouvelles œuvres d’art… La série est attendue prochainement. Avec impatience, faut-il le préciser.

www.yannlaissy.com