Les nouveaux codes des hôtels branchés

Le voyageur 2.0 ne chasse plus le cinq étoiles ou le room service aux petits oignons, il cherche un espace où passer une nuit sans se ruiner, vivre sa vie de nomade ultraconnecté et faire de belles rencontres. Comment sont conçus ces nouveaux hôtels, entre luxe et refuge urbain ? Quelques exemples à suivre.

Par Servane Calmant. Photos DR. |

Le jeune voyageur connecté, écoresponsable et à la recherche de contact social : voilà la nouvelle cible des hôtels urbains ! Celle des hôtels comme le Mama Shelter, hôtellerie économique lancée par la famille Trigano (Club Med) et le designer Philippe Starck, mais aussi des Moxy Hotels, la marque milieu de gamme de Marriott International’s Luxury + Lifestyle.

Ces nids résolument innovants ont été pensés comme des lieux de vie dynamiques. On y allie nouvelles technologies et design, espaces partagés et coworking – traduisez “socialisation“, voire “ tribulisation ” – et, last but not least, des prix abordables ! Ces nouveaux concepts hôteliers sont nés en Europe : Marriott a ouvert un premier Moxy en 2014 à Milan (avant de s’implanter à Munich, Berlin… et bientôt à Bruxelles). Enfin, Mama Shelter a vu le jour à Paris dans le XXe arrondissement fin 2008 (avant de séduire Marseille, Lyon, Bordeaux, Los Angeles et Rio de Janeiro). De part et d’autre, une même approche, une pareille ambition, celle de créer une hôtellerie innovante économe et génératrice d’échanges et de rencontres.

Emmanuelle Gillardo, responsable de la communication de Mama Shelter, parle de mixité sociale urbaine, en précisant la donne : Nos hôtels sont pensés comme des lieux de vie chaleureux et généreux. Mama fait référence à la mamma italienne, invariablement protectrice, et Shelter signifie l’abri. Tout est dit. Chez Mama Shelter, on ne raisonne d’ailleurs pas en termes de segmentation du marché, de cibles. Tout le monde y est le bienvenu, peu importe le statut social ! À l’écouter, on comprend que les équipes sont drillées pour insuffler au lieu un réel état d’esprit, une impression diffuse d’appartenir à une même tribu, celle des voyageurs ultra-connectés.

Avec, dans le même panier, les congressistes quinquas estampillés Génération X, qui savourent enfin l’instantané, et la Génération Y, qui vit dans le flux continu. Du côté de chez Marriott également, on propose des Moxy à l’ADN parfaitement structuré, où les espaces sociaux sont définis comme des signes d’hospitalité, nous précise Vicky Polos, directrice de la marque. Que n’a-t-on déjà écrit ou lu sur le monde virtuel ! Lui qui soumet l’homme à des risques d’isolement, d’addiction, de perte du réel. Oui, le virtuel modifie notre relation à l’autre. Oui, il crée de nouveaux lieux de socialisation – un constat relativement probant qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ni chez Moxy ni chez Mama Shelter. Aussi, chez l’un comme chez l’autre, on a réfléchi à intégrer les technologies numériques dans l’univers de l’hôtellerie, afin de renforcer le rapprochement des clients.

Côté technologie, Moxy propose des chambres super-équipées : Wi-Fi gratuit et extrêmement rapide, de nombreuses prises de chargement pour les appareils personnels, le livre d’or numérique Moxy pour des vidéos en streaming et des photos via Instagram. Chez Mama Shelter, exit la télévision en chambre : chaque cellule est équipée d’un iMac 27 pouces, avec films gratuits, streaming, photobooth, videobooth, internet, télévision… Encore fallait-il que l’hôtel hyperconnecté devienne un lieu de socialisation simple et authentique. Moxy a donc mis l’accent sur les espaces partagés au design contemporain, épuré et ludique à la fois, en proposant lieu de coworking, bar convivial, salon cosy, bibliothèque, salle de jeux, coin libre-service 24/7 incluant un café-bar. On invite aussi le voyageur à découvrir des plats du terroir, des bières locales… Ambiance relax et proximité plutôt que service en gants blancs.

Chez Mama Shelter, on a tablé en revanche sur le rendez-vous gourmand, l’art de vivre devenant lieu de vivre-ensemble : classiques roboratifs et pizzas généreuses côtoient des plats signature accessibles du chef triple étoilé Guy Savoy – la qualité sans se ruiner. Et encore : brunch royal, barbecue estival, parties de ping-pong, séance de photobooth improvisée, musique live, pour favoriser encore et encore les lieux de partages, lesquels sont griffés Philippe Starck ou Thierry Gaugain. L’ultime gageure ? Un bon usage des mondes virtuels pour plus de convivialité, de communication. L’hôtellerie new generation, ce lieu de vie socialisant, est en marche ! 

www.mamashelter.com, www.moxy-hotels.marriott.com