Comment ce garde-temps, imaginé en 1991 par Henri d’Origny, est-il devenu l’un des modèles phares de l’horlogerie Hermès ? Philippe Delhotal, directeur création et développement, nous révèle les points forts de ce modèle, intrinsèquement moderne, qui a su s'imprégner de toutes les évolutions technologiques à coups de mécanismes ultra sophistiqués. Jamais tout à fait la même, ni tout à fait une autre, au fil des saisons, la Cape Cod est aujourd’hui un classique, à la fois sophistiqué, intemporel et chic, emblématique de l’horloger-sellier.
En 1991, Henri d’Origny créait la montre Cape Cod. Quelle fut la genèse de cette aventure, à l’esthétique finalement très simple ?
Philippe Delhotal : La demande originelle, faite à Henri d’Origny par Jean-Louis Dumas, était de dessiner une montre carrée. Sa liberté créative en a décidé autrement : ce sera "un carré dans un rectangle". Cette ligne, originale autant que rigoureuse, se compose de deux demi-maillons Chaîne d’Ancre, un motif célèbre créé par Robert Dumas en 1937. Inspiré des maillons des chaînes de retenue des bateaux observés sur la côte normande, dès 1938, un bracelet Chaîne d’Ancre en argent voit ainsi le jour, sans cesse réinterprété depuis. Lors de sa réflexion, Henri d’Origny décide de reprendre la forme de ce maillon, de le scinder en deux parties égales et d’y insérer en son centre un cadran afin de créer la montre Cape Cod. Sa typographie, elle aussi, revisite ce motif et fait écho à la forme du boîtier. Quant à son nom, il s’inspire d’une presqu’île de la côte Est des Etats-Unis, où son épouse américaine, et lui-même, avaient pour habitude de passer leurs vacances. Une sorte d’hommage à des souvenirs très personnels.
Devenue aujourd’hui une "montre culte", symbole d’élégance discrète, la Cape Cod est entrée dans l’Histoire en 1998, grâce à Martin Margiela…
C’est exact. Si la Cape Cod a connu le succès, dès son lancement en 1991, celui-ci s’est accentué grâce à une idée de Martin Margiela, lors de son premier défilé pour Hermès, en 1998. Le créateur décide alors d’habiller cette montre d’un bracelet double tour. A cette époque, les mannequins ne défilaient pas avec des montres, des bijoux ni des accessoires, seule la Cape Cod venait draper leur poignet. Immédiatement, les ventes s’affolent et la montre devient une icône, presque un style en soi. Tout est possible, toutes les audaces, toutes les tentatives… Femmes et hommes s’y reconnaissent et s’y retrouvent, question de style et de liberté.
La Cape Cod n’a cessé depuis de se réinventer. Comment définiriez-vous son positionnement parmi les montres Hermès ?
La Cape Cod est l’un des piliers forts de nos collections horlogères. Sa ligne ne cesse de séduire tous types de clients, des plus classiques aux plus extravagants. Elle possède une profondeur de gamme importante. Chez Hermès, il est primordial de pouvoir proposer un bel objet de bonne facture à un prix abordable. Par exemple, notre modèle Cape Cod le plus simple, en acier et bracelet cuir, est disponible en magasin au prix de 2 500 euros. Empreinte de liberté et de décontraction, la Cape Cod est une pièce qui recouvre aisément différents styles, c’est pourquoi nous aimons jouer sur les finitions, les couleurs, les bracelets simples, double tour ou métal. C’est une ligne qui se prête à la réalisation de pièces joaillières ou de métiers d’art, mais aussi à toutes les expérimentations, comme en témoigne sa version Crépuscule, pour laquelle nous avons collaboré avec le Centre Suisse d’Electronique et de Microtechnique (CSEM), à Neuchâtel.
Quels sont vos futurs projets pour elle ?
Nous souhaitons poursuivre la voie que nous avons empruntée, il y a quelques années : à savoir, continuer d’animer la ligne le plus fidèlement possible à sa création originelle, tout en construisant l’offre avec des segments plus précieux et raffinés. Car, Cape Cod est une ligne qui plaît à toutes les générations et s’adapte à tous les styles. Nous souhaitons qu’il en soit ainsi encore longtemps.
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