Écrire un premier roman : comment concrétiser son projet ?

Nous serions de plus en plus nombreux à avoir des envies d’écrire un livre. Et peut-être autant à ne jamais nous lancer ou à abandonner le projet en cours de route. Hakim Benbouchta a réalisé son rêve et publié son premier roman, Le Pseudo. Retour sur ses conseils pour y arriver. 

PAR JULES LAMBERT Photo by Blaz Photo on Unsplash / PG |

Une enquête du magazine français Lire évoque les raisons du besoin d’écrire un livre,  son livre : partager une idée, une histoire, un besoin d’extérioriser ou simplement la lecture d’un autre livre. Et depuis le confinement de 2020, l’idée titille de plus en plus d’auteurs en herbe. C’est le cas d’Hakim Benbouchta, publicitaire depuis trente ans, et qui se retrouve à la croisée des chemins en mars 2020 : « J’apprends deux mauvaises nouvelles : L’OMS déclare une pandémie mondiale et, dans la foulée, je perds mon job. Je me retrouve confiné à la maison, avec beaucoup de temps libre. Un jour, au détour d’une conversation avec ma fille de douze ans, elle me souffle l’idée de deux jeunes ados qui s’inscriraient sur un site de rencontres en se faisant passer pour leur parent séparé. L’idée m’amuse et, un matin, je m’installe devant mon ordinateur et je commence à écrire « pour voir », sans savoir si j’allais m’arrêter une heure ou six mois plus tard. »

Hakim Benbouchta, publicitaire depuis trente ans, a profité du confinement pour écrire son premier roman

Avoir une idée, même très bonne, ne suffit souvent pas à finaliser un livre.

« C’est exact. J’ai le titre, Le Pseudo, l’idée générale et je connais la fin mais, entre les deux, tout reste à inventer. D’autant plus que je me rends vite compte que, si je me limite à l’histoire des deux ados et de leur parent, j’accoucherai, au mieux, d’une nouvelle de quelques pages. Je dois donc développer des histoires parallèles autour des personnages adultes et parvenir à les raccrocher à mon squelette de base. 

Cela veut dire qu’il faut construire une trame du récit ?

« Dans un premier temps, j’ai essayé de construire la structure dans ma tête mais je n’y parvenais pas. J’ai pris alors le risque d’écrire et d’imaginer le déroulé au jour le jour. Chaque matin, je me levais sans savoir ce que j’allais écrire. Je pense avoir eu beaucoup de chance car je ne me suis jamais retrouvé à court d’idées. Les mots se sont enchaînés et trois mois plus tard, j’avais un roman. »

Vous n’en êtes pourtant qu’au début de l’aventure ?

« À ce moment-là, je n’ai effectivement qu’un fichier sur mon ordinateur. Pour aller au bout du projet, je commence par faire relire mon texte par quelques amis et une relectrice professionnelle, qui le nettoie de ses imperfections et j’intègre encore de nombreuses adaptations. Ensuite, je me mets en quête d’un éditeur. Je trouve facilement les coordonnées des principales maisons sur le net et je leur envoie mon fichier comme une bouteille à la mer. Réaliste, je ne nourris que peu d’espoirs et décide en parallèle de faire imprimer une cinquantaine d’exemplaires à mon compte pour avoir une trace, quoi qu’il arrive. Le jour où j’ai remis son exemplaire à ma fille, j’ai considéré que tout ce qui viendrait par la suite serait du bonus. »

Comment ont réagi les éditeurs ? C’est un monde que vous ne connaissiez pas ?

« À mon grand bonheur, je reçois assez vite quelques réponses positives, principalement de France. Il faut le savoir, tous me demandent d’intervenir financièrement dans la production de mon livre. Cela peut sembler un peu frustrant et beaucoup de jeunes écrivains s’arrêtent à cela mais vu ma notoriété proche de zéro, j’ai considéré que c’était normal. Et puis, un jour, je dépose un exemplaire à Marc Filipson, de la librairie Filigranes, qui m’annonce rapidement qu’il est prêt à l’éditer. Je suis aux anges et nous décidons de le sortir à la rentrée littéraire 2020. 

C’est très valorisant mais comment espérer sortir du lot ?

« Pour moi qui viens du monde la pub, je sais qu’il sera vital que mon livre soit visible si je ne veux pas qu’il reste dans les cartons, au milieu des plus de 3.000 romans francophones qui sortent chaque année. Je travaille donc avec une attachée de presse qui fait un travail formidable et je me retrouve à présenter mon livre à la télé, à la radio et dans plusieurs journaux. Soyons honnête, tout cela demande du temps et des possibilités de financement. Cela ne se fait pas tout seul. »

Six mois après la sortie du Pseudo, où en êtes-vous ?

« Aujourd’hui, recevoir des messages encourageants de lecteurs qui ont pris du plaisir à me lire ou voir mon livre dans les librairies et sur les plateformes de vente en ligne est un accomplissement. J’ai été au bout de mon rêve et j’ai vécu une belle aventure. Je n’ai encore aucun retour sur les ventes mais je suis très lucide et je ne m’attends bien sûr pas à des volumes gigantesques, loin de là. Ceci dit, conforté par les avis positifs des lecteurs, je me suis lancé dans une adaptation pour le cinéma, que j’ai envoyée aux maisons de production belges et françaises. À ce jour je n’ai aucun retour concret, mais qui sait… ?

Si vous n’aviez qu’un conseil à donner à celles et ceux qui ont un projet d’écriture, quel serait-il ?

« De se lancer. De décider qu’ils vont le faire et de s’organiser pour y parvenir. Comme pour un dossier professionnel, en fait. Peu importe le projet, peu importe que cela prenne six mois ou six ans, ce qui compte c’est d’avancer. Pour cela, il faut libérer du temps, quitte à faire l’impasse sur d’autres loisirs. Quand on aime ce que l’on fait cela devient un hobby que l’on a hâte de pratiquer chaque fois que c’est possible.  Je dirais aussi qu’il ne faut pas avoir peur de ne pas être à la hauteur. Ce genre de choses, on les fait d’abord pour soi. Si la sauce prend, tant mieux mais si cela reste confidentiel, ce n’est pas grave. Partout dans le monde, des millions de gens écrivent, composent ou peignent dans leur coin. Tous ne deviendront pas célèbres mais ce qui compte, c’est le plaisir que l’on y prend ». 

Le Pseudo est disponible en librairie, en rayon ou sur commande, sur toutes les plateformes online et sur le site de l’éditeur.

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