Comme ma vie manquait de piquant, j’ai décidé de me fracturer les deux pieds. Ça fait un peu mal, mais ça m’occupe. Et puis Carlo m’amène le resto à la maison, et ça, ça vaut bien un calcanéum et un astragale bousillés. Telle la reine mère, sur ma chaise roulante, je secoue ma petite main dodue pour lui indiquer où trouver de quoi mettre la table. Et je roucoule de bonheur en le regardant débarrasser. N’ayant plus la possibilité d’aller à la vie, je la fais entrer chez moi. Et ce soir-là, c’est un Carlo en pleine forme, avec un grand sac en papier siglé “Frasca”, qui vient l’incarner.
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Frasca est ouvert depuis quelques semaines et sans mon ami Hamza, qui semble passer sa vie à y manger, je n’en n’aurais peut-être pas entendu parler. Pas de pub sponsorisée et d’influenceuses arrosées, mais le bouche- à-oreille qui, à en croire le nombre de créneaux complets sur leur site, semble bien fonctionner.
Avant de s’installer à Bruxelles, il faut dire qu’Éric Lecuyer a fait baver tout Liège pendant des années avec deux adresses désormais mythiques : Trattoria Maccheroni et l’Altro Maccheroni. Puis, il flashe sur une maison avec terrain en Italie, revend ses restos, crée une société agricole, plante des vignes et s’assied à côté en les regardant pousser. Trouve le temps de la nature un peu long et ouvre donc un resto à Bruxelles en attendant. Avec Karima Mathonet, sa compagne, et un associé importateur de vin, il monte son projet autour des produits qu’il fait (vin, huile d’olive, miel, tomates) et de ceux de petits producteurs rencontrés en Italie. Le lieu est à la fois un resto, un atelier de pâtes fraîches, une épicerie fine et un caviste à tendance nature (entends-tu la reine mère ronronner ?)
Carlo aux fourneaux
Éric nous a préparé un menu à emporter. En entrées, Carlo nous réchauffe des lentilles vertes à la ventrèche de porc confite (15 €), jus de viande qui nous le transforme en bisounours nostalgique : Je suis incapable de dire à quoi il est, mais ça goûte exactement comme un rôti de veau ou de porc dans une osteria de village. Et aussi des aubergines confites, poivrons marinés et stracciatella di bufala (16 €). Ça va s’il faut un peu cuisiner ?, m’avait demandé le chef quand je l’ai appelé pour commander. Vu que ça n’était pas à moi de le faire, j’ai dit oui, vous pensez bien. Et nous voilà avec des petits rigatoni, mais en version pâtes fraîches al ragu (16 €). Les pâtes ont été confectionnées le matin même, et si nous étions allergiques au gluten ou fanatiques de farines intégrales, les options existaient. Amies et amis végétariens, sachez que Frasca a tout prévu pour vous aussi. Je sais que j’ai besoin de calcium, mais je laisse Carlo gérer tout seul l’assortiment de fromages d’artisans (14 €). En dessert, des panna cotta figue et pistaches, confiture de framboises maison quasi pas sucrée (8 €).
Á l’heure où chaque semaine ou presque s’ouvre une adresse italienne qu’on nous vend généralement à coups de “produits sélectionnés en provenance directe de la Botte”, Frasca nous a séduits par le goût juste des produits cuisinés. L’impression générale, c’est qu’ici on connaît à la fois “les merveilles transalpines” et le maniement des casseroles. Ah oui, à boire ? Carlo a oublié le vin ! Pour me consoler, je relis la description sur leur site : La cave à vin compte plus de 200 références avec un coup de cœur non dissimulé pour les vins nature du centre de l’Italie. Quand je serai à nouveau d’équerre, j’irai vérifier ça moi-même !
L'adresse ? 21 rue de Florence, 1050 Bruxelles. T. 02.735.50.65. Ouvert du mercredi au samedi de 10h à 22h. frasca.be
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