Un retour en force de la mode
Alors qu'on aurait pu croire que la pandémie transformerait pour de bon nos habitudes, la planète mode fête son retour à la normale après deux ans avec faste et paillettes, presque comme si de rien n’était. Après avoir explosé à Milan avec les défilés très remarqués de Moschino, Versace ou Emporio Armani, c'est toute la jet-set modeuse et la presse internationale qui se presse aujourd'hui pour assister aux shows parisiens. Cette saison, plus de 80 maisons sont inscrites au calendrier officiel, soit près de 45 défilés, (quasiment tous en présentiel, adieu le défilé virtuel). Les 40 autres maisons organiseront des présentations, dont certaines pour la première fois: signe que la mode se fait et se défait toujours lors de cette grand-messe.
Le défilé Moschino a enflammé Milan
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Des tendances fortes
Ce que l'on retiendra, au vu des premiers défilés, c'est une explosion des allures non genrées et la suprématie absolue du streetwear. Au point que certains observateurs regrettent aujourd'hui que la mode tourne un peu en rond : alors que les griffes de luxe s'inspirent des looks de la rue, les marques de streetwear, elles-mêmes copient les griffes de luxe... On serait, aux yeux de certains pessimistes, en route vers un appauvrissement du langage stylistique contemporain. Mais d'autres se réjouissent, eux, de cette mode qui joue avec les codes et permet une plus grande diversité de moyens d'expression, soit davantage d'opportunités de vivre pleinement sa propre personnalité. Pour preuve, le très attendu défilé de Marine Serre, enfant chérie de la mode parisienne, qui a prévu ce samedi soir, 25 juin, un show mixte homme et femme qu'elle ose organiser au beau milieu d'un calendrier en principe exclusivement masculin. Le défilé se prolongera ensuite par une grande fête en plein air dans un lieu tenu secret jusqu'à la dernière minute. Certes, elle n'est pas la première à faire défiler hommes et femmes lors d'un même show, mais cela tend à démontrer que le défilé sous sa forme classique tend à se transformer profondément, alors que le designer star, l'événement et le buzz autour de la mode est en pleine santé.
La collection Jitrois présentée à Paris, une allure singulièrement androgyne, mais jamais caricaturale
Un monde qui change
Autre tendance forte observée sur le catwalk (et dans la rue) c’est l’effondrement du cloisonnement entre mode masculine et féminine. Aujourd’hui, les femmes sont féminines en bas de jogging et les hommes ne sont plus privés de rose fluo, d’imprimés flashy, de coupes amples et fluides, ni même de jupes ou de robes… Une tendance qui s'éloigne des caricatures pour tendre à davantage de joie et d’expression. Si cette nouvelle vision de la mode ne descend encore que timidement dans la rue, son omniprésence sur les podiums tend à démontrer que les lignes sont en train de bouger. Il en va de même pour la diversité des modèles choisis pour porter les créations : les standards explosent et les mannequins aux allures déjantées ou marginales, les personnes présentant un handicap ou les mannequins size + ne sont plus une simple provocation, mais la réponse (enfin) aux aspirations du public, lassé des diktats que lui imposait la mode, et dans lesquels il ne se reconnaissait pas.
Ainsi, plus influents que jamais, les acteurs de la mode nous démontrent cette saison qu’ils sont le point central d’un mouvement de fond dans la société, un glissement qui nous touche finalement tous dans notre quotidien et nous invite à suivre de plus près ce qu’il se passe lors des fashion week, illustrées en force sur les réseaux sociaux…
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