Trois cabanes cosy où passer la nuit en Belgique

Les logements insolites sont la nouvelle fixette des vacanciers en manque de nature. Parmi ceux-ci, les tiny houses et cabanes cosy. Pour un retour à l’essentiel ? Rencontres avec trois responsables belges de lieux XS.

Par Marie Honnay. Photos : D.R. |

Au coeur de la Cité Ardente 

Céline et Pierre se sont réveillés un matin avec une idée un peu folle : construire une tiny house dans leur jardin de Liège pour, à terme, quand leurs deux fils auront quitté le nid, s’y installer pour de bon. Si, on s’en doute, le concept du « vivre petit » est fortement ancré dans une quête de simplicité partagée par la génération des quarantenaires bobo, lassés par notre société du « toujours plus vite », changer de vie n’est pas le genre de décisions qu’on prend à la légère. Après avoir planché sur sa petite maison au fond du jardin avec un ami architecte, le couple s’est lancé dans l’écoconstruction et l’aménagement. En tout, deux ans de travaux ont été nécessaires pour terminer ce petit paradis en bois. Murs intérieurs en peuplier, sol en chêne, revêtement extérieur en sapin brûlé, mobilier chiné… Bien que située à quelques minutes à pied du centre-ville, la tiny house de Pierre et Céline donne l’illusion d’une cabane en pleine forêt. Puisqu’ils ne comptaient pas y habiter tout de suite, ils ont choisi de la transformer en maison de vacances. Ce couple d’enseignants qui n’avait aucune expérience dans le secteur de l’hospitality s’est lancé dans l’aventure en juillet dernier. Quelques photos sur Facebook et une affiliation à airbnb plus tard, les premiers candidats vacanciers ont poussé la porte de leur petite maison. En quelques jours, le couple est devenu « super host ».

Depuis, les réservations n’ont cessé d’affluer. Rien d’étonnant quand on observe le soin accordé à chaque détail et aux multiples attentions qui rythment les séjours des clients : une compilation des meilleures adresses liégeoises des proprios rassemblées dans un miniguide, les bières locales glissées dans le frigo, les café et thé artisanaux en provenance du magasin fétiche de Céline, mais aussi les petits gâteaux maison tout droit sortis du four…. Sans compter les conseils du couple qui connaît la Cité ardente comme sa poche. Leur moment préféré ? Quand les hôtes reviennent d’une grande balade, étonnés de s’être perdus dans « cette campagne en ville » connue des locaux seulement. Les premiers surpris de ce succès, ce sont Pierre et Céline eux-mêmes, ravis de séduire tant les couples d’amoureux de leur âge que de jeunes vacanciers en quête d’une expérience ludique à raconter à leurs copains. Détail amusant : ils ont déjà eu l’occasion de séjourner dans d’autres logements insolites tenus par certains de leurs hôtes.

Si Céline et Pierre n’ont pas vraiment fait de plan marketing avant de se lancer, préférant agencer leur maison « comme pour eux », force est de constater que Titiwane, leur repère néocitadin, s’inscrit pleinement dans la mouvance « logements insolites », nouvelle star du tourisme de proximité. 

Titiwane, la Tiny House de Pierre et Céline, à partir de 83 €/ la nuit sur airbnb.be

Sur le lac à Genval

Cette tendance n’a pas non plus échappé au Bruxellois Antoine Hennaut. Avec une poignée d’autres éco-convaincus entre 21 et 24 ans, cet étudiant en communication à l’IHECS gère une tiny house installée au bord du lac de Genval. D’abord utilisée comme kot par les deux initiateurs du projet, étudiants en technologie du bois, qui l’ont construite sur base de matériaux locaux en capitalisant sur l’idée de récup’, Célestine, leur petite maison au bord de l’eau, est aujourd’hui un lieu de vacances ultra prisé. Un apéro avec vue sur le lac ? Une escapade en pleine nature à quelques minutes de la capitale ? Une destination vacances pour les écolos pur jus ? Une manière de briser la monotonie d’une année sans escapade à l’étranger ?

Les raisons de réserver une ou deux nuits dans cette maison de vacances inaugurée en novembre 2020 sont nombreuses. « Lorsqu’ils ont décidé de professionnaliser leur projet, les deux constructeurs ont fait appel à d’autres jeunes aux profils complémentaires : un étudiant en e-business, un autre au profil financier et moi, explique Antoine Hennaut. « A l’époque, contrairement à ce qu’on pouvait observer en France et au Canada, le concept de tiny house était encore assez méconnu chez nous. D’emblée, nous avons créé Séjours Insolites Belgique, un groupe Facebook qui, en peu de temps, a rassemblé 13.000 followers. Pour l’aménagement, nous avons décidé de collaborer avec des talents locaux : comme Mathilde Wittock, créatrice d’éco-mobilier. »

Quant aux hôtes qui séjournent chez Célestine depuis son ouverture, on peut les diviser en quatre catégories : « de jeunes couples d’instagrammeurs qui traquent les bonnes images à publier, des couples de quarantenaires en quête d’une escapade insolite susceptible de raviver la flamme, des citadins d’une trentaine d’années en manque de nature, mais aussi des candidats à la vie dans une tiny house qui souhaitent tester le concept avant d’envisager de construire la leur ».

Célestine by Ernesst, à partir de 119 €. nuit.ernesst.be
 

L’effet de surprise

Envie de pousser encore plus loin le concept ? Testez alors Slow Cabins. Déjà implanté au nord du pays, ce concept de logements insolites à forte valeur ajoutée est en passe d’être lancé en Wallonie. L’idée : vous proposer de dormir dans une cabane, en pleine nature, dans un endroit qu’on ne vous renseigne que deux semaines avant le début de votre séjour. Vous savez donc que vous dormirez dans un chalet cosy et volontairement très roots, construit sur base de matériaux naturels et fonctionnant à l’énergie solaire, mais pas dans quelle région. Tout ce qu’on vous garantit, c’est que votre destination sera dépaysante sans trop vous éloigner de chez vous. Pour les citadins en manque de nature, cette immersion totale (bien qu’assez brève) dans un lieu simple et durable est une invitation à la détente, mais aussi une véritable prise de conscience écologique. Ou comment la douche chaude du matin prend tout à coup une tournure beaucoup moins banale.

Avant de créer Slow Cabins, Xavier Leclair, son fondateur, a mené de longues recherches sur son public cible en collaboration avec plusieurs universités, tant en Belgique qu’à l’étranger. « A l’époque, je travaillais aux Pays-Bas, un pays prescripteur dans le registre du développement durable. Je me suis intéressé à ces questions, mais aussi au concept de lean-startup. J’ai donc pris le temps de penser mon projet autrement en cherchant à créer un impact positif tant sur la nature que sur l’humain. Slow Cabins envisage le tourisme dans une approche responsable. Nous cherchons à reconnecter les citadins et les habitants des villages où nous installons nos chalets. Nos objectifs sont multiples : permettre à nos clients de comprendre la nature et aux propriétaires des champs et des domaines de diversifier leurs revenus sans passer par l’agriculture intensive, mais aussi lutter contre le tourisme de masse en privilégiant des lieux reculés qui ne font pas concurrence aux gites présents dans les villages. Pour crédibiliser sa démarche, Xavier Leclair a en outre choisi de planter un nouvel arbre pour chaque réservation effectuée, mais aussi de s’investir dans des projets environnementaux locaux.

Ces prochaines années, ce slow-entrepreneur aux grandes ambitions a l’intention de multiplier les projets dans la même veine, tant en Belgique qu’à l’étranger. Son crédo : « Notre société a davantage besoin de Slowify que de Spotify ». Ce ne sont pas les citadins stressés, qui choisissent de déposer leur portable et ordinateur dans la détox box récemment installée dans chaque chalet, qui vont prétendre le contraire. Quand on sait que depuis la crise du COVID, 90% des Belges accordent plus d’importance au fait d’être connectés à la nature, on comprend que ce concept a encore de beaux jours (et de belles nuits) devant lui.

Slow Cabins, à partir de 195 €/nuit. slowcabins.be

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