Notre manière de voyager a évolué depuis la crise sanitaire avec notamment le développement du slow travel. L’idée ? Se déplacer de manière plus douce et plus lente, à pied ou à vélo. Ce concept nous apprend à prendre le temps et plus seulement à cocher une liste de lieux à admirer. Surtout, il y a l’envie de partir à la rencontre des locaux pour s’imprégner du mieux possible des lieux que nous visitons.
La plateforme belge Welcome To My Garden s’inscrit dans cette démarche. Il y a quatre ans, Manon Brulard et DriesVan Ransbeeck se lançaient dans une aventure un peu folle : réaliser un itinéraire Bruxelles-Tokyo en vélo. Durant des milliers de kilomètres, ils vont être hébergés par de nombreuses personnes en Turquie, en Iran, en Corée du Sud... "C’était la seule manière d’arriver à Tokyo", nous glisse Manon.
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500 hôtes inscrits en deux semaines
De retour en Belgique, le couple est, comme le reste de la population mondiale, confronté au Covid. Les frontières sont fermées, voyager à l’étranger est mission impossible. Manon et Dries cogitent et se questionnent : comment aider les personnes à voyager à pied ou à vélo dans leur propre pays ? Dries a suggéré l’idée d’ouvrir le jardin de ses parents, situé en Flandre, aux voyageurs à pied et à vélo et qu’ils y campent ainsi gratuitement. Le lendemain, il a imaginé une carte, qu’il a partagée sur un groupe Facebook de randonnée. En deux heures, 50 hôtes s’étaient inscrits dessus. Le chiffre est passé à 500 en deux semaines. L’aventure Welcome To My Garden était née.
La plateforme recense désormais plus de 6 000 jardins dans 40 pays. Certains se situent en Belgique, d’autres en France, aux Pays-Bas, au Portugal, en Turquie et, plus inattendu, en Nouvelle-Zélande. Welcome To My Garden est destiné aux adeptes du slow travel, auquel le couple était déjà sensibilisé avant le lancement de leur projet : "Nous n’avions pas de voiture et nous ne comptons toujours pas en avoir. On essaie de se déplacer au maximum à vélo, même pour se rendre chez les parents de Dries installés à une quinzaine de kilomètres de chez nous. Et puis notre voyage Bruxelles-Tokyo a changé nos vies. Il nous a transformés dans notre rapport aux autres. Personnellement, je me suis davantage ouverte. On trouvait fantastique de retranscrire l’idée d’ouvrir sa porte en Belgique, sans partir à l’autre bout du monde".
Welcome To My Garden propose une carte interactive avec les différents emplacements des jardins où camper. Après avoir cliqué sur le lieu de notre choix, un petit descriptif s’affiche avec le nom de l’hôte ainsi que les commodités à disposition (eau, douche, électricité, toilettes, nombre de tentes pouvant être installées…). Les hôtes doivent être contactés 48h à l’avance. La durée d’un séjour est aussi de 48h. "L’idée n’est pas de faire du camping, mais d’encourager le voyage en itinérance et donc de poursuivre sa route", précise Manon.
Un vecteur de lien social
À son lancement, l’objectif de la plateforme était de mettre en relation des voyageurs lents avec des hôtes acceptant de leur prêter leur jardin l’espace d’une ou deux nuits. Mais ces rencontres ont dépassé le cadre formel. "On ne s’est pas tout de suite rendu compte que Welcome To My Garden répondait à un besoin social et à une vraie demande de contacts authentiques. Aujourd’hui, je pense que le but est de permettre de nouvelles rencontres. Il y a une certaine vulnérabilité quand on voyage à pied ou à vélo. On est dépendant des autres pour trouver un toit ou même de l’eau. Cela débouche sur des rencontres qui n’auraient jamais eu lieu. On en a besoin dans un monde de plus en plus virtuel".
Le profil des hôtes est varié, avec des hommes, des femmes, des jeunes adultes comme des personnes âgées. Il y a un vrai côté intergénérationnel, sourit Manon. Ainsi, Martine, hôte dans le sud de la Belgique et inscrite depuis les débuts de la plateforme, ne peut plus se déplacer pour voyager. Accueillir des campeurs dans son jardin lui donne l’occasion de voyager par procuration à travers leurs récits et les photos de leurs périples. "Je reçois aussi des petits mots ou des cartes postales quand ils sont arrivés à destination. Des liens se sont tissés avec beaucoup d’entre eux. Il y a aussi les rencontres entre les campeurs qui viennent ici. J’ai eu une fois une famille de cinq personnes, un couple et deux voyageurs seuls, venus de trois pays différents. Ce fut une superbe soirée".
Pour encore plus de contenu consacré au vélo :
Rendre accessible le slow travel
Fien a entrepris une partie du GR5 en sac à dos avec sa fille de 10 mois installée dans sa poussette. Le duo a été accueilli par quatre hôtes de Welcome To My Garden. La voyageuse a réalisé de nouvelles rencontres, mais aussi appris de nombreuses choses sur le voyage avec un enfant : "J’ai constaté que les enfants n’ont pas besoin de beaucoup de jouets. Il suffit de les laisser regarder autour d’eux, découvrir le monde. Le camping avec un bébé est une aventure, mais il est essentiel de s’adapter à lui et à son rythme".
Manon et Dries continuent de travailler sur le développement de leur projet, mais veulent surtout rassembler les personnes autour du slow travel à travers des meet-up. Récemment, ils ont organisé un festival de voyages à vélo. "On sème des petites graines. C’est essentiel pour nous d’aider à voyager à vélo ou à pied. Cela peut être compliqué car on ne sait pas comment se lancer, ni où aller, il y a tellement de choses à connaître. Mais une fois qu’on a les outils en main, tout semble plus facile (sourire)".
Oser l'aventure Welcome To My Garden à proximité de la nature... et de quelques vaches. © D.R
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