Au commencement, il y a Sébastien, chef et propriétaire de l’Atelier 28, juste en face. Un restaurant plutôt classique. En interrogeant sa clientèle, il réalise qu’elle est très contente de manger chez lui, mais qu’elle cherche aussi “quelque chose de différent”. Il sonde les alentours et remarque un vide. L’idée du bar à tapas est née de là... Et puis il y a Mika. Il a vécu en Espagne pendant vingt ans, est passionné de cuisine et de produits introuvables. Sébastien a fait appel à lui comme consultant. Ils ont sillonné l’Espagne, mangé mille jambons et comparé des thons séchés, choisi ensemble les produits qui allaient figurer à la carte. La mission de consultance s’est visiblement un peu étalée, Mika est revenu vivre en Belgique et c’est lui qui gère El Cuchillo.
Pour s’imprégner...
En vous accueillant, Mika vous parle de l’origine de la viande, des trois petits domaines vinicoles avec lesquels il a décidé de travailler et de la manière dont on commande des tapas : pas dix à la fois, il faut prendre le temps, en choisir deux ou trois, grignoter, s’imprégner. On s’imprègne donc avec une ensalada rusa (5 €), sorte de salade de pommes de terre au thon et à la mayonnaise. Une recette qu’il a arrachée à une vieille Espagnole, la meilleure qu’il a goûtée. Arrivent des fines tranches d’aubergines marinées 24 heures dans la bière, frites et légèrement arrosées de miel (7 €), absolument affolantes. Enfin, on termine de prendre la température avec des croquettes queso y jamon (10 €), petites bombinettes confectionnées avec les parures de manchego et de jambon servis dans le resto. Comme de bien entendu, elles sont servies avec une petite baignoire de mayonnaise à l’ail faite maison. La bouteille de Jumilla bio descend gentiment, un vin glou-glou comme j’aime, sans élevage ni complexité qui me perturbe pendant que je suis concentrée sur mes croquettes. Le resto est désormais rempli. À part Alfonso, très très cool derrière sa plancha, ça court un peu entre la salle et la cuisine, mais sans que le service et l’attention en pâtissent. Mika continue, malgré le rush, à prendre le temps de conseiller et parler des produits, tous en provenance directe d’Espagne, à part les légumes.
Pour poursuivre...
Maintenant que nous sommes bien imprégnés, on commande de fondantes courgettes à la plancha (9 €) et une presa (16 €), un morceau de cochon ibérique. Elle arrive tranchée, avec des patatas bravas et cette mayo à l’ail qui nous avait manqué. La viande est savoureuse, mais un peu tendue à notre goût. Un habitué nous souffle qu’on aurait dû prendre la pluma. On le sait pour la prochaine fois. Il nous reste un peu de place, c’est parti pour les chipirons (mini-calamars) à la plancha (12 €), fondants comme des bonbons, grillés à la perfection. C’est le plat qui m’a le plus transportée. La bouteille de vin est vide. On est désormais bien imbibés (de l’ambiance, pas d’alcool). On partage une crème catalane (7 €). Il a mis de la mayo dans la crème catalane ? se demande Carlo. Hélas non (elle est vraiment délicieuse, cette sauce !), mais il vient, au chalumeau, de former une de ces croûtes, mes amis, j’en ai rêvé la nuit. Elle est bizarrement très chargée en cannelle, ce qui est peu orthodoxe, mais particulièrement bon.
Verdict
On était venus manger vite fait. On sort de là à minuit, en ayant passé une délicieuse soirée. "Enfin un vrai concept de bar à tapas", soupire Carlo (qui sent... l’ail !). On a payé 92 € et on s’est promis de revenir très vite dans le coin, quand ils ouvriront une deuxième adresse dans les anciennes papeteries de Genval.
Retrouvez El Cuchillo au 1 MA chemin du Ruisselet, 1380 Lasne.
T. 02 675 13 26. Ouvert du mardi au samedi de 18 h à 22 h 30. Attention, la réservation est indispensable. elcuchillo.be
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