J’aime la campagne, c’est sûr, la mer aussi, mais j’ai une prédilection pour les restaurants urbains. J’aime quand la ville se fait contrastée, variée, qu’au détour d’une rue un peu improbable, un restaurant me fasse de l’œil avec des mangeurs gourmands attablés. Beaucoup Fish est de cette trempe, et il n’est pas vraiment étonnant que ce soit une équipe plutôt flamande à la barre de cette enseigne.
Le lieu
De grandes “baies-vitrines“, design sobre, cuisine ouverte avec comptoir. Le cadre est simple, élégant. On peut aussi dîner au bar. Le service est prévenant, voire souriant, sans excès d’empressement, à l’image du lieu. On se pose ici pour manger du bon, du vrai, du frais. On sent l’envie d’aller à l’essentiel, de créer une ambiance propice à profiter de l’assiette et rien que de l’assiette, sans snobisme ni maniérisme. Bye bye traces de freinage dans l’assiette et espuma de je-ne-sais-pas-quoi.On ne réinvente certes rien ici, mais on aimerait que notre capitale nous offre plus de restaurants contemporains de ce style ; le genre chic discret moderne et sans faute de goût, où la sobriété suggère avec à-propos que l’on vient ici d’abord et avant tout pour manger.
Médaille de bronze
Manger, justement ! Beaucoup Fish ayant terminé troisième au concours de la meilleure croquette aux crevettes de la capitale (dont votre serviteur est un des jurés, et votre servante aurait adoré en être, mais voilà : elle avait poney), j’avais envie de regoûter l’affaire in situ et de découvrir cette enseigne de “cuisine iodée”, comme on dit dans les guides inspirés. De son côté, Florence ne se fait pas prier : elle adore le poisson (moi moins, surtout le maquereau qui sent fort), mais pour une fois, elle devra choisir (et donc, parfois renoncer) car ici, c’est à la carte que ça se passe. À la carte, et sur un tableau de suggestions nommé Catch of the Day, qui propose ce jour-là, entre autres, un morceau de turbot (39 €) et une sole limande meunière (30 €).
En entrée, on se partage les croquettes aux crevettes, qui sont exemplatives du genre, option non bisquée, appareil ferme mais pas trop, croustillant impeccable et une tostadaà l’avocat et thon albacore qui se révélera une petite merveille de goût. Oui, d’accord, l’avocat c’est mal, et le thon albacore, c’est limite niveau durabilité, mais cette entrée était un véritable tour de force.
En plat, des moules ! Ici, on sort du classique “jumbo-Zélande-marinière” pour nous proposer des bouchots. Et même si la jumbo est un plaisir à la belge qu’on apprécie, cette bouchot, plus petite, dans un jus légèrement anisé est une véritable gourmandise.J’ai opté pour une sole limande meunière, pour laquelle on me signale à la commande que C’est un tout autre poisson que la sole, la texture est différente. Et en effet, malgré une cuisson impec et un beurre meunière coloré ni trop ni trop peu, je finis par fatiguer un peu à terminer cet immense poisson un peu cartonneux.On a bu quoi ? Un Muscadet nature vif et minéral (tarifé plus de 40 €, ce qui est élevé pour un Muscadet et raisonnable pour un vin de belle tenue) qui nous a même fait boire un poil plus que d’habitude mais, comme nous venons dans le centre en transports en commun, nul souci au moment de regagner nos pénates.
On y retourne?
Plus qu’hier encore, on aime cette ambiance bilingue à Bruxelles, avec une restauration contemporaine, qui va à l’essentiel, sans chichis, mais du professionnalisme. Un léger regret toutefois : une addition au final assez élevée (plus de 70 € par personne), même en tenant compte du prix des produits de la mer, pour une cuisine certes précise, mais relativement simple.
Beaucoup Fish, 2 rue Van Gaver, 1000 Bruxelles,.T. 02 218 64 20.
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