L’univers graphique de Pascale Risbourg

Cette créatrice venue de la mode, est à l’origine d’une collection iconoclaste de papiers peints, se passionne aussi pour la céramique. 

PAR AGNÈS ZAMBONI. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES. |

Le papier peint est entré dans sa vie professionnelle il y a quinze ans avec une première interprétation de la toile de Jouy. Avec élégance et humour, Pascale avait revisité ce tissu historique monochrome du XVIIIe siècle. En 2014, l’idée du papier a ressurgi, lorsque cette ex-Parisienne s’est installée à Bruxelles. J’ai eu simplement envie de créer un papier peint pour ma nouvelle maison. Et j’ai dessiné le premier modèle de la collection Pineapple. C’est ainsi que le motif ananas surdimensionné est né. En vitrine, présenté dans la galerie de design Patterns à Ixelles, il affichait sa singularité, interpellait et renouvelait carrément l’idée classique de ce revêtement mural, de nouveau en vogue, après des années d’oubli. Le marché était déjà encombré par de nombreux éditeurs, mais Pascale a réussi à se démarquer. Puis sont arrivés d’autres décors : XXLMarquetery, aux formes monumentales restituant le veinage de différentes essences de bois, The Great Gatsby, d’inspiration Art déco... Dans la collection de papiers peints de Pascale Risbourg, on retrouve des graphismes revisités à la façon du Constructivisme et du Brutalisme, des jeux de formes géométriques retravaillés, un esprit de jungle et végétation luxuriante recomposé et recolorié avec des teintes surprenantes, des formes abstraites monochromes, des compositions cubistes aux tons de terre et de sable, des harmonies pop en contrastes... 

Un style pictural

Tous les décors créés par Pascale Risbourg sont caractérisés par des motifs réalisés à la façon de tableaux, même si les dessins sont répétitifs. Ils traduisent, avec beaucoup de profondeur, des effets de textures, les traces des coups de pinceau et de brosse, un rendu spécial des matières : bois, feuilles, fruits... sont représentés avec une grande recherche de réalisme. On retrouve l’imaginaire des grands papiers peints de la manufacture française Zuber, à qui elle a emprunté, au début, sa palette et un certain parfum d’exotisme. Mais aujourd’hui, son style personnel évolue. Les motifs de taille XXL sont volontairement exagérés et leur échelle surdimensionnée affirme une forte présence : Les motifs que je retravaille sont issus d’un répertoire ancien, mais modernisé pour un rendu actuel. Le terme vintage ne leur convient pas. Je les imagine dans une gamme restreinte de couleurs contrairement à toutes les déclinaisons des marques traditionnelles. Seul le motif White Spirit monochrome est décliné en vingt teintes. Je l’avais conçu d’abord en blanc, puis j’ai créé une véritable palette de teintes. Depuis, il connaît un grand succès. Ce qui inspire Pascale ? Les grands décorateurs comme le studio italien Dimore aux créations toujours chics, la designer britannique Faye Toogood, qui crée des objets conceptuels et intemporels, explorant les formes archétypales et essentielles, le rural et l’élémentaire. Pour créer un nouveau modèle de papier peint, je m’immerge dans l’univers des créateurs que j’admire. Et j’imagine que je dessine un décor pour eux. Côté technique, les papiers peints de Pascale Risbourg sont imprimés numériquement sur papier intissé mat de très haute qualité au toucher duveté. Ils sont découpés et livrés sur mesure et prêts à poser sans raccord pour éviter les chutes.

Une seconde étape

Alors qu’elle s’est installée aux Zaventem Ateliers (créés par Lionel Jadot), Pascale développe de plus en plus la pratique de la céramique. Formée à l’école des Arts d’Uccle, elle expose depuis peu ses créations dans le showroom des architectes Gilles et Boissier à Paris. Elle présentera également d’autres céramiques au prochain salon bruxellois Collectible en mars 2020. Et si le papier peint n’était qu’une étape ? Pascale s’est aussi posé la question depuis que ses mains s’évadent vers un autre chemin... Mon travail à base de terre rouge m’a donné l’idée du dernier papier Loft. Mais j’ai aussi le projet d’une collaboration avec la marque de faïence Gien. Tandis que les sculptures et les objets aux formes géométriques imbriquées qu’elle sculpte se déclinent sur des panneaux muraux néocubistes, une dualité semble s’installer. Une idée un peu décalée peut toujours s’interposer. L’année dernière, elle a osé un clin d’œil ludique entre passé et futur en donnant vie aux saynètes de son papier peint Erotic Toile de Jouy. Via l’application de réalité augmentée Admented, à téléchargement gratuit à partir d’un smarphone, les préliminaires d’ébats coquins s’animent désormais sur les murs. Pascale suit son instinct et fait des choix. Elle a mis du temps à exposer ses céramiques, qui fonctionnent mieux en groupe, comme une micro-architecture, mais qui, isolées, n’offraient pas une identité visuelle assez forte. Alors que des collaborations s’amorcent avec d’autres éditeurs de décoration, son style et sa légitimité s’affirment et l’inspiration tous azimuts se canalise.

Découvrez le site web de Pascale Risbourg ici.

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