Pourquoi le métier de ferronnier redevient-il populaire ?

Les ferronniers travaillent au quotidien le métal. Ils le subliment, l'embellissent et le transforment en meubles et objets uniques. Sean Hedges, fondateur de Beyond Steel, revient sur les raisons du succès de ce métier où se mêlent rigueur, créativité et sens du détail. 

Par Audrey Morard. Crédit photo : D.R |

“J’ai toujours aimé tout casser et démonter. Enfant, les amis de mes parents rangeaient leurs maisons avant que je ne débarque chez eux (rires). J’étais une tornade. À présent, je ne casse plus rien, mais j’imagine des projets à partir de métal” sourit Sean Hedges, ferronnier à Gembloux. Après avoir fait ses armes dans le milieu du bâtiment, le trentenaire se forme à la ferronnerie à Anderlecht. Il travaille ensuite pour un patron, avant de lancer son entreprise, Beyond Steel. “J’avais l’âme d’entreprendre”. glisse-t-il.  

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Avoir “un feeling” avec le métal

Sean est au quotidien au contact du métal, un matériau solide et concret comme il aime le définir. “Il suffit de souder une pièce pour qu’un meuble ou un objet prenne forme. Le métal est dur à travailler, mais plus facile à dominer que le bois. Il faut un certain feeling pour exploiter son potentiel”. 

Les débuts de Beyond Steel se font en douceur, notamment grâce au bouche-à-oreille. Sean peut compter sur ses amis pour lesquels il réalise des chantiers. “Il faut aussi rencontrer les bonnes personnes au moment. Tout a réellement commencé grâce à une publication sur Facebook. Une décoratrice m’a contacté. Son mari, qui est architecte, recherchait un ferronnier. Grâce à lui, j’ai pu travailler sur trois, quatre chantiers”. Sean imagine des projets tous différents les uns des autres. Cela va des escaliers, aux gardes-corps et plaques d’égoût “moins glamour, mais tout aussi intéressant”, en passant par des portes. Le ferronier façonne le métal, lui donne des formes, des courbes, mais surtout un aspect épuré. 

Pour chaque projet, il y a la même envie : celle de créer un vrai contact avec les clients. “C’est essentiel pour moi de leur proposer des idées presque atypiques. Je ne souhaite pas basculer dans le basique et imaginer des projets que l’on puisse retrouver partout, même s’il n’y a pas une grande communauté de ferronniers. J’ai besoin de me démarquer et de tendre vers des réalisations plus artistiques, créatives, mais avant tout qualitatives. La concurrence est là bien sûr, mais chaque ferronnier a sa propre pâte et sa propre identité”. 

L'importance du fait main

Les ferronniers ne sont pas nombreux en Belgique. Sean est installé à Gembloux, et ils ne sont que deux dans cette zone bien que la ville soit réputée pour le travail du métal. “Si on regarde un peu plus loin, nous devons être une petite dizaine, ce qui est peu par rapport aux menuisiers par exemple”. Sean constate toutefois une hausse de la demande. Le métal revient en force dans les intérieurs. Le métier de ferronnier aussi. “C’est vrai qu’il y a un retour des anciens métiers manuels. Je pense aux forgerons par exemple”.

Le fondateur de Beyond Steel rappelle d’ailleurs que ces deux métiers sont bien distincts. “La confusion persiste encore. Le forgeron chauffe le métal pour le façonner. Le ferronnier, lui, travaille avec la soudure et un métal “déjà prêt en main”. Il propose un rendu plus industriel, plus lisse aussi. Mais rien ne m’empêche de travailler quelques fois des objets à chaud pour un résultat plus rustique” 

En 2023, les clients recherchent davantage de meubles et d’objets en fer forgé, à commencer par les verrières. “Les ferronniers n’en fabriquaient pas autant il y a quelques années ou en tout cas très peu. Je remarque aussi une plus forte demande pour les parois vitrées, le sur-mesure et l’envie de s’entourer de pièces uniques faites main”. Sean pointe aussi l’influence des effets de mode très présents dans l’univers de la décoration. “On ne trouvait auparavant pas beaucoup de métal dans les intérieurs. S’il y en avait, il était souvent peint. Ce matériau apporte une touche finale à une pièce. Il est idéal pour un client souhaitant insuffler une ambiance industrielle dans sa maison ou son appartement”. 

La recherche du détail

Sean s’approvisionne toujours chez le même fournisseur à Liège. Il se rend également dans des quincailleries pour acheter des pièces bien spéciales comme les volutes, ces petits ornements sculptés en spirales qui habillent notamment les balcons ou les portails d’époque. Certaines créations nécessitent plus de temps. Sean aime particulièrement travailler sur des petits objets et peaufiner les détails. “Le métier de ferronnier demande d’être rigoureux et minutieux. Il faut aussi savoir se poser, ce que je ne fais pas toujours (sourire). Être soigneux sur le chantier est une autre qualité essentielle. J’observe souvent des petits éléments que les clients ne verront pas forcément”. Le gérant de Beyond Steel se souvient du projet pour une paroi de douche. “J’avais adoré travailler dessus, mais la mise en valeur ne me satisfaisait pas en raison de l’espace qui entourait la paroi. Cela m’avait un peu frustré. Ce sont des détails, mais je me dis souvent qu’on peut toujours mieux faire. Pour un autre projet, j’avais dû m’y reprendre à trois fois. L'exigence tient une place importante dans le métier de ferronnier”. 

Sean se demande souvent s’il y aura une suite à la fin d’un chantier. “Je ne peux m’empêcher de me poser cette question. Et puis deux semaines après, quelqu’un me contacte avec un chouette projet” sourit-il. Une occasion de plus pour lui de mettre en avant son savoir-faire et faire connaître un peu plus l’art de la ferronnerie. 

Plus d'infos : Beyond Steel, 59 rue Haie Nicolas, 5030 Gembloux. Facebook : Facebook.com/HedgesSean, Instagram : _beyondsteel. Tel : 0496 72 86 32

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