Un show de dingue
Si certains se sont demandés ce qu’une personnalité comme Pharrell Williams pouvait apporter à la mode, ils ont leur réponse. Le show d’hier soir était aussi intense qu’un concert à la mi-temps du Superbowl. Sur le Pont Neuf entièrement repeint en doré surplombant la Seine, le chanteur avait fait venir une époustouflante chorale de gospel et un orchestre emmené par le pianiste star Lang Lang, une performance qui a littéralement enflammé Paris. Scandant des chants gospel les bras levés, tous en tunique blanche alors que défilait une armée de mannequins. Si le vêtement aurait pu passer au second plan, il était plutôt incroyablement mis en valeur, il devenait tout à coup familier, comme un point de normalité dans ce show à l’américaine.
Une chorale gospel, le Pont Neuf repeint en doré, le show était total - Photo: Belga
Au premier rang, on a croisé Rihanna rondement enceinte et sautillant au premier rang, Beyoncé ou Zendaya, déjà nonchalamment habillée de cette collection qui s’annonce comme culte.
Pharrell Williams n’a pas seulement composé une collection de vêtements, il a créé tout un univers optimiste et solaire autour de cette collection et à ce titre, cela change singulièrement de ce qu’on a l’habitude de voir sur le Catwalk.
Rihanna, qui fait le buzz à chacune de ses apparitions porte déjà les pièces phares signes Pharell - Photo: Photonews
De la mode non genrée, vraiment, enfin
Alors que, depuis des années, la plupart des marques s’essayent à nous vendre une mode qui tente de s’affranchir des codes et des dictats du genre, Pharrell Williams se lance dans le même exercice avec un brio inespéré. Enfin on dit adieu aux costumes XXL informes, aux survêtements (trop) neutres et surtout encore trop en mode masculin qui ne s’assume plus, qu’on nous a servis jusqu’à présent. Pharrell Williams compose une jupe culotte, sous un blazer ample, un silhouette incroyablement masculine, portée aussi sous un blouson de sport : même les plus réfractaires à la mode non genrée auront envie de les porter…
La jupe culotte, portée et coupée comme si les hommes en avaient toujours porté - Photo Belga
On a vu défiler quelques femmes dans ces tenues, sans tiquer, tout était juste et bien pensé. On a vu des shorts et des bermuda amples, certaines vestes courtes en mode spencer, un long manteau en fourrure, blanc, immaculé, frappé du logo de la marque… Autant de vêtements qui ont été manifestement inspirés des codes du vestiaire féminin, tout en restant parfaitement mixtes, et surtout, sans virer au côté parfois déguisé importable que l’on observe devant certaines tentatives de robe ou de jupe pour homme. Voilà du non genré décomplexé, comme on a envie d’en voir plus souvent.
Des damiers, un imprimé militaire, du féminin masculin, on a adoré. Photo: Belga
Un coup de jeune sur les classiques de la maison
Si le créateur a voulu revisiter avec optimisme le motif damier cher à la marque, c'est une autre pièce phare, qui risque forcément de faire un tabac, la sublime ligne de sacs portés par les mannequins lors du défilé, le fameux sac à damier, le Speedy, un petit bowling bag ultra-célèbre de la marque, qui a été revisité dans différents formats, dans différentes couleurs éclatantes, lui conférant une singulière et joyeuse modernité. La star ? Le Speedy en mode XXL souple, porté sous le bras dans une version rouge vif. Parce que c’est du Louis Vuitton, tous les codes y sont, mais il est plus jeune plus frais, il est joliment mixte, et on a carrément envie de s’en offrir un…
La star absolue: le Speedy façon Williams - Photo Belga
Pour conclure ce défilé, enfin, Pharrell Williams a fait venir sur scène, tous les membres des studios de création qui l’ont aidé à monter cette collection, rendant hommage ainsi à ceux qui ont réussi à traduire dans des pièces et des vêtements forts, les idées du chanteur. Ainsi, avec l’inspiration d’un homme venu du monde du spectacle de l’art, et le talent d’une maison où règne l’excellence, une telle collection peut voir le jour. Le chanteur et directeur artistique a voulu insister sur cette collaboration intense entre les équipes et lui-même… Une belle humilité que l’on salue également. Voilà pourquoi ce défilé bouscule les codes du traditionnel show de la Fashion Week masculine, mais aussi une certaine vision de la mode... Bien joué.
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