Pour nous, « gens normaux », l’étendue des possibilités qu’offre l’intelligence artificielle est encore relativement abstraite. Au mieux, on y voit un outil pour créer un texte sans efforts. Au pire, on la perçoit comme une menace future, dans un monde à la Terminator. Oublions (pour le moment ?) cette vision d’apocalypse, et découvrons que l’IA, c’est déjà bien plus que cela.
Assistant à bord
Figurez-vous que l’IA est déjà présente dans un nombre croissant de modèles. Et le pionnier en la matière fut Mercedes-Benz, avec son système multimédia MBUX, introduit pour la première fois en 2018 dans la Classe A. L’idée principale était de pouvoir parler à la voiture de façon la plus naturelle possible. La commande vocale existait déjà, mais les phrases à prononcer étaient bien précises. Avec MBUX, on peut parler normalement (« Mercedes, peux-tu appeler maman sur son GSM ? »), et aussi lui demander bien plus de choses, comme changer la température de la clim, ouvrir le toit ouvrant, écouter une playlist d’un style de musique en particulier, etc. MBUX a par ailleurs la capacité d’apprendre, et de reconnaître de plus en plus de phrases de l’utilisateur. Six ans après, le système fonctionne toujours assez mal et a tendance à rendre fous ses utilisateurs, mais la concurrence a tout de même dû réagir. C’est ainsi qu’Amazon Alexa a été un temps adopté par BMW, Audi, Volvo et d’autres.
Très récemment, deux autres grands acteurs de l’IA ont émergé : Google, et OpenAI, avec son déjà célébrissime ChatGPT. Actuellement, ce dernier effectue une percée spectaculaire dans le monde de l’automobile. À assez court terme, la technologie sera intégrée aux systèmes multimédias de la plupart des marques de Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, DS, Alfa Romeo, Jeep…), et du groupe Volkswagen. Là encore, le but est de rendre les commandes vocales plus naturelles, mais il est aussi question de rendre ChatGPT utile en voyage, puisqu’il pourrait fournir des informations touristiques, ou encore inventer un quiz pour divertir les occupants.
ChatGPT en voiture aura intérêt à être très fort pour résister à Google. Car le géant américain va loin. Son intelligence artificielle est intégrée à son propre système d’exploitation Google Automotive. À ne pas confondre avec Android Auto qui se contente de connecter un smartphone au système de la voiture, Google Automotive EST le système de la voiture, qui gère non seulement le multimédia, mais aussi certaines fonctions de bord. Bref, l’intelligence artificielle de Google est plus profondément intégrée à la voiture, donc plus efficace. Actuellement, Renault et Volvo commencent à équiper leurs voitures de Google Automotive, et ce, en série.
(Co)pilote
Pour ce qui est de l’IA invisible, notamment en matière de sécurité, elle est de plus en plus intégrée aux aides à la conduite qui nous évitent nombre d’accidents. Elle se cache dans les capteurs qui analysent la route en permanence, et les calculateurs qui déterminent quand et quelle intervention automatisée est nécessaire. Elle permet aussi de régler ces aides de façon plus précise, pour éviter des interventions intempestives, potentiellement dangereuses. C’est par ailleurs l’avènement de l’IA qui permettra de transformer en réalité un vieux serpent de mer automobile : la conduite autonome. On n’y est pas encore et les multiples incidents, parfois graves, qui émaillent les tests réels des taxis autonomes en Californie (Waymo de Google, et Cruise de General Motors) prouvent que la technologie est encore loin d’être parfaite. Mais des IA de plus en plus puissantes font avancer les choses.
Ingénieur
Enfin, l’IA est aussi présente dans l’automobile avant qu’il y ait automobile. L’outil est déjà largement utilisé par les ingénieurs pour accélérer le processus de conception, et optimiser une foule de choses. C’est l’IA qui permet d’optimiser la consommation d’un moteur ou l’autonomie d’une électrique. C’est l’IA qui aide à trouver la meilleure architecture d’une nouvelle batterie. C’est l’IA qui analyse la chaîne de fabrication d’une usine pour trouver comment réduire les coûts, et rendre moins pénible le travail pour un ouvrier.
Bref, loin d’être un sujet de science-fiction, l’intelligence artificielle est déjà là, dans nos vies et dans nos voitures. Pour le moment, elle ne semble pas chercher notre destruction. Il n’empêche que votre serviteur dit toujours « S’il te plaît » et « Merci » quand il demande quelque chose à ChatGPT. On ne sait jamais…
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