Ce qui allait devenir une véritable institution bruxelloise ouvrit ses portes le 29 juillet 2014 à quelques encablures à peine de la charmante Abbaye de la Cambre. Son allure contraste avec ses voisins du quartier, comme un diamant directement extrait d'un autre temps. La façade en bois brut drapée de marbre et de feuilles d'or, a été créée sur mesure pour Emily, la fille du célèbre styliste Pierre Degand. La très ancienne adresse, voisine de la Maison Degand, fut autrefois une boulangerie. Le restaurant sera d'emblée géré par la famille Litvine sous le nom qu'on lui connaissait jusqu'alors : la Villa Emily. Après 8 ans sous ce nom, la famille Degand a décidé de reprendre la gestion du restaurant désormais rebaptisé Emily, changeant en même temps de concept et de chef en cuisine.
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Changement de chef et de concept
Pour opérer cette transition en douceur, le restaurant a fermé durant l'été avant de rouvrir ses portes fin septembre. C'est Luca Gaviglio, qui est aussi chef de son propre restaurant "Un Altro Mondo" à Wavre, que l'on retrouve désormais aux commandes. Si un changement de chef est toujours un risque pour un établissement étoilé, le chef italien débarque avec un solide background, ayant travaillé pendant quinze ans chez Da Mimmo, l'un des meilleurs étoilés italiens de la capitale. Fils d'un père calabrais et d'une mère sicilienne, sa patte consiste à ennoblir les grands classiques transalpins pour leur offrir une nouvelle dimension.
Du changement dans l'assiette donc, puisque l'ancien chef Jean-Marie Bucumi proposait autrefois une cuisine gastronomique aux touches japonisantes où poissons et sauces étaient à l'honneur. Aujourd'hui, place à un menu unique : 3 services le midi (60€) et 4 services le soir (120€). Nous avons poussé les portes d'Emily durant une soirée glaciale de novembre. L'adresse, comme un cocon, s'ouvre alors pour vous offrir une parenthèse atemporelle et réconfortante. C'est à la fois authentique, intime et douillet. À l'étage, la petite alcôve installée face à la fenêtre offre une vue plongeante sur la rue. La lueur des bougies du lustre monumental se reflète dans les petits carreaux en bois qui courent le long des murs. C'est chic et confortable
Ambiance chic mais décomplexée
Le service est attentif et précis, mais décontracté. Au loin, un client souligne la coupe du costume noir de jais d'un des serveurs : "C'est du Degand ?". Des rires jaillissent. Les gestes restent minutieux dans cette petite bulle tamisée. En jetant un oeil du haut de la mezzanine, on devine l'entrée de Pierre Degand. Le dandy décomplexé fait le tour des tables, placide et souriant, comme s'il venait de rentrer à la maison. Pendant ce temps, des mini macarons de foie gras et des tartelettes de caviar dévalent toutes seules jusqu'à l'estomac pendant que l'on termine de siroter l'un des meilleurs Negroni que l'on avait goûté depuis longtemps.
Au menu ?
Ultra-classique et lisible, la carte ne laisse aucun champ libre à l'imagination. Ennuyeux pour certains, réconfortant pour d'autres. En entrée, on goûte une langoustine, crème d'épinards et caviar Baeri, bonne sans être transcendante. Ensuite, place au plat signature du chef, les tagliolini à la truffe de saison. C'est très bien exécuté, mais peut-être un brin trop huileux. Bien plus conciliant est le filet pur de veau cuit basse température, crème de carottes et cumin. En dessert, place au crémeux au chocolat caramel, noisettes et sorbet framboise. Les assiettes sont d'une sobriété raffinée, à l'image de la Maison, même si on se dit que les portions auraient pu être un tout petit peu plus généreuses. Emily, comme l'ancienne adresse qui l'a précédée, continue de s'adresser à un public bien ciblé et se savoure surtout à l'occasion d'événements bien particuliers. Car l'expérience a un prix. Ce qui n'est pas franchement une surprise, l'adresse s'est toujours voulue exclusive et on sait où on met les pieds...
Infos :
Où ? Rue de l’Abbaye 4, 1000 Bruxelles
Quand ? Du mardi au samedi de midi à 14h et de 19 à 21h. Fermé le samedi midi, le dimanche et le lundi.
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