Faut-il passer à la voiture électrique ?

Il y a quelques semaines, Renault nous a invités à découvrir la nouvelle version 100% électrique de sa souris des villes. Nous ne parlerons pas de révélation, car nous avions depuis longtemps un avis sur la question. En revanche, cette nouvelle Twingo Eletric en fut une parfaite confirmation.

Par Stéphane Lemeret. Photos Renault. |

Bleu

La Twingo, on la connait, plus la peine de la présenter. En bientôt trente ans et trois générations, elle a acquis le statut d'icône des villes, de citadine par excellence. Et à défaut d'être aussi incroyablement pratique que la Twingo originelle, celle qui arpente les villes aujourd'hui est toujours aussi craquante que la première. Et elle est encore plus facile à garer.

C'est à l'occasion d'une très légère mise à jour que Renault a lancé la version "zéro émissions". A l'arrière, sous le plancher du coffre, un moteur électrique remplace le moteur essence. Les batteries sont quant à elles logées sous les sièges avant, offrant à la voiture une habitabilité inchangée. Et voici où la Twingo Electric commence vraiment à nous intéresser. Ses batteries ne promettent pas monts et merveilles : 190 km d'autonomie, ou 225 km si on roule toujours avec le bouton Eco enfoncé, voire 270 km grand max si on ne roule qu'en ville. Avant de dire que c'est trop peu, attendez la suite…

Nous reviendrons au pragmatisme bien assez tôt, soyons d'abord enthousiastes. Sur la route, la Twingo Electric est une vraie petite boule de fun. Car entre sa petite taille et son moteur qui, comme tout moteur électrique, réagit au moindre coup de "gaz" instantanément avec une réelle vivacité, c'est un réel plaisir que de la conduire en ville comme en dehors. Au point que lors de notre essai, réalisé uniquement hors ville, sur des routes de campagne, nous n'avons pu nous empêcher de la cravacher. Et malgré cela, nous avons obtenu une autonomie de 180 km. Croyez-en notre solide expérience : cela signifie qu'en la conduisant normalement en ville, on les aura largement, ces 190 km promis. Et même les 225 km, et même pas loin des 270 km si on a un sens aigu de la conduite économique. Maintenant, on peut passer au pragmatisme.

Promesse Vs vie réelle

Dans le monde en plein boum de la voiture électrique, on commence à trouver de tout, mais principalement des SUV compacts ou imposants. Normal : c'est ce que les gens veulent, on en vend plus et pour plus cher, donc les constructeurs rentabilisent mieux l'investissement de l'électrification. Sauf que ces véhicules aussi aérodynamiques que des armoires normandes sont l'antithèse de la raison d'être de la voiture électrique : l'efficacité énergétique. Car pour la plupart des familles, un SUV à 35-40.000€ (le minimum pour une modèle électrique) est la voiture principale du ménage.

Les versions électriques de ces véhicules tentent de vous convaincre qu'ils peuvent assumer ce rôle en promettant des autonomies de plus en plus grandes. 400, 500 km. Pour y arriver, ils embarquent de plus en plus de batteries. Sauf que plus de batteries, c'est plus de poids. Et au final, sert plus à mettre ce poids en mouvement qu'à voyager loin. Le serpent se mord la queue. Bilan : dans le meilleur de cas, un de ces véhicules consomme 25 kWh tous les 100 km, soit autant d'électricité qu'un foyer moyen belge… en une journée. Et pour ce qui est d'atteindre l'autonomie promise, c'est mission rigoureusement impossible.

C'est de la physique élémentaire : avec moins de batteries et moins de poids, une petite citadine consomme beaucoup moins (11-13 kWh/100 km pour la Twingo). Et si l'autonomie promise semble faible, au-moins la promesse est-elle tenue. D'ailleurs, non, l'autonomie n'est pas faible. Pour une voiture à vocation urbaine, qui ne parcourra que rarement plus de 60 km par jour, une autonomie de quelque 200 km est même généreuse, avouez-le. Il y a aussi ceci : actuellement, les limites techniques cantonnent de facto l'immense majorité des voitures électriques au rôle de seconde voiture. Mais qui peut dépenser 40.000€ pour une seconde voiture ? La Renault Twingo Electric démarre à moins de 20.000€. Déjà plus envisageable, non ? Enfin, n'est-ce pas en ville qu'on a le plus besoin de la voiture électrique, de son silence, de son absence de gaz d'échappement ?

Pour toutes ces raisons donc, la Twingo nous montre quelle est la vraie place de la voiture électrique. Pas dans de lourds SUV à vocation routière, contre-productifs par nature. Nous utilisons notre essai de la Twingo pour illustrer le propos, mais tout ceci vaut pour la nouvelle Fiat 500e, et pour celles qui viendront étoffer une catégorie hélas sous-représentée. 

C'est tellement leur place que bientôt, les mini-citadines seront uniquement électriques. Récemment, Luca De Meo, le grand patron de Renault, a annoncé que la Twingo ne serait pas remplacée. Comprenez : le moteur thermique, dans cette catégorie, c'est fini. D'autres marques avaient d'ailleurs déjà annoncé la même chose pour leurs modèles respectifs. Car la prochaine vague de normes européennes seront si strictes qu'il sera impossible, ou plutôt pas rentable, d'y adapter les petits moteurs "de ville".

Si vous étiez anti-électrique, ceci vous aura peut-être permis de nuancer votre position. Si vous étiez déjà pour et que vous envisagiez de faire le grand saut par engagement écologique, vous savez maintenant que certains choix sont plus judicieux que d'autres.

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