L’influenceuse : la nouvelle businesswoman

Blogueuses et instragrameuses sont partout sur la Toile. On les aime ou on les déteste, mais derrière les clichés un peu superficiels se cache une réalité plus complexe.

Par Clara Emonnot. Photos D.R. |

Leur métier est d’inspirer, de dénicher et de créer les nouvelles tendances via les réseaux sociaux, Instagram en particulier. Elles y partagent leur quotidien, ponctué de voyages, de rencontres et de déballage de cadeaux. Mais en vivent-elles et si oui, comment ? Nous sommes allés à la rencontre de quatre d’entre elles.

De 7 h à 22 h

Claire Marnette, connue pour son blog milkywaysblueyes, fait partie de celles qui se sont particulièrement démarquées ces dernières années. L’influenceuse, originaire de la province de Liège, a débuté en 2013 en publiant des photos, vidéos et tutos de mode et de voyages. Sept ans plus tard, son compte Instagram totalise plus de 175 000 abonnés. Aujourd’hui, elle réussit à vivre de sa passion, devenue un véritable business. Dans un article publié sur son site en 2017, elle s’indigne des clichés sur les blogueuses : « Mes journées, je les commence tous les jours à 7h du matin. Si je dois les commencer si tôt, c’est parce qu’elles vont être très remplies et qu’avant 22h, je n’aurai pas de répit. » Tournages, shootings et voyages dans le cadre de partenariats avec des marques sont fréquents. Mais la plupart du temps, Claire travaille chez elle et gère à la fois son entreprise, la relation avec les marques, les réponses aux mails et sur les réseaux sociaux. À 25 ans, comme beaucoup de personnalités ayant choisi cette voie, elle doit être polyvalente et savoir maîtriser les logiciels de retouches de photos et de montage vidéo tout en prenant le rôle quotidien d’une community manager et de conseillère en mode. 

« Il faut aller très vite »

 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Oh hello week, let’s do this 👊🏻

Une publication partagée par Gaëlle (@gaelle_vp) le

« En me réveillant, je sais surtout que ma journée sera complètement différente de la veille » explique Gaëlle van Pottelsberghe, connue sur Instagram sous le pseudo Gaëlle VP. « Il faut aller très vite car les projets peuvent filer chez une concurrente. » La jeune Bruxelloise est influenceuse à temps plein et gère seule son activité. « Mon chéri fait les photos, mais je n’ai pas d’agents ni d’assistant. C’est mon quotidien, mais pas forcément celui de toutes les influenceuses. »

Et en Belgique, peu d’entre elles peuvent réellement vivre de ce métier. « Elles sont seulement une dizaine et une majorité d’entre elles combinent leur blog avec des études ou un autre job » explique Claire Marnette. Et pour cause, chronophage, l’activité est également instable. Capricieux, le succès peut partir comme il est venu. Il est donc important pour les filles qui en font un business model de bien structurer leur activité. 

Un nouveau modèle de publicité

Selon marketing.be, en Belgique, seulement 2,6% des influenceuses ont plus de 100 000 abonnés (source : Marketing.be). Un chiffre minime quand on sait qu’une Kim Kardashian est suivie par plus de 189 millions de fans, et qu’un blogueuse parisienne à succès peut totaliser jusqu’à 3 ou 4 millions de followers. Or, tout comme la pub analyse le nombre de lecteurs d’un magazine ou d’auditeurs d’une radio, la rémunération des publications des influenceurs est classée en fonction de leur nombre d’abonnés.

En Belgique, les petits profils, en dessous de 10 000 abonnés fonctionnent à l’échange produit, ou parfois vous factureront 80 à 100€ pour un post (comptez 20 à 40€ pour une story Instagram, éphémère et donc moins chère). Entre 10 000 et 100 000 abonnés, c’est assez variable, mais on constate un tarif  allant jusqu’à 2 000€ par post et 500€ par story. Pour les influenceuses dépassant les 100.000 followers, un post peut rapporter 1 500 à 4 000 euros et une story peut monter jusqu’à 1 500€. Au-delà de 500 000 followers, les prix s’envolent : 30 000€ pour un post et 10 000€ pour une simple story, des budgets au moins aussi importants que ceux générés par une campagne classique en magazine ou en télévision. 

Ces chiffres sont indicatifs, car la puissance de certaines influenceuses fausse le jeu. Si leur communauté est étroite, mais particulièrement ciblée, elle peut en jouer et se faire payer ce que bon lui semble, chaque partenariat fait d’ailleurs l’objet d’une négociation. D’autres critères que le nombre d’abonnés entrent en compte. Les marques s’intéressent notamment au taux d’engagement de la communauté de l’influenceuse, synonyme d’indicateur de succès et de viralité. Le Web est un média réactif, qui permet d’évaluer l’impact d’une publication, ce qui est moins évident avec un spot radio, par exemple. Ce taux d’engagement est particulièrement surveillé sur Instagram, plateforme la plus prisée des annonceurs. Enfin, évidemment, le prix d’une publication dépend de la nature du contenu réalisé. Simple photo, texte, vidéo ou story : la création du contenu nécessite des budgets plus importants, car l’influenceuse s’implique davantage ou doit faire appel à toute une série de démarches techniques.

La plupart disposent d’une liste de prix et, de plus en plus, les partenariats rémunérés sont clairement mentionnés dans les publications par un #ad ou par une mention très claire. Une démarche souhaitée par le public, mais aussi par les influenceuses dont l’honnêteté et la crédibilité ont souvent été remises en question. On leur a en effet souvent reproché une confusion entre le contenu sincère et la pub. Contrairement aux autres médias, où la pub est strictement distincte de l’éditorial, la communauté des bloggeuses se cherche encore un peu parfois dans cet exercice périlleux de la déontologie. 
 

Une appellation péjorative ?

Le terme d’influenceuse fait débat car il est parfois perçu de manière négative. Il est associé au monde de l’achat et de la consommation. Et les marques cherchent encore le modèle idéal pour collaborer avec ces nouvelles ambassadrices, réellement influentes sur leur communauté mais dont la crédibilité et l’éthique doivent encore pouvoir se stabiliser. C’est pourquoi certaines marques, souvent se tournent vers les « micro-influenceuse ».

Des personnalités qui ne sont pas dans une démarche commerciale, mais des militantes, des artistes ou des créatives, qui ne vont parler des marques que si la connection et la pertinence les touche, une voie plus crédible pour les marques qui travaillent leur image sur le long terme.

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