L'inquiétant succès des "botox party", ces soirées où les injections coulent à flot

On sait que ce n'est pas anodin, comme tout acte médical. Néanmoins, la tendance fait rage et ce genre de soirées où l’on vient se faire injecter de la toxine botulique à la chaîne se multiplient… Décryptage d’un phénomène et des précautions à suivre.

Par Ingrid Van Langhendonck. Crédit photo : Unsplash |

Des chiffres préoccupants

Les chiffres sont éloquents: une récente étude nous apprend qu’il y a aujourd’hui davantage de jeunes âgés de 18 à 25 ans qui ont recours à la chirurgie esthétique, alors que jusqu’à présent il s’agissait principalement des plus de 50 ans… Les psychologues parlent d’une véritable épidémie de dismorphophobie (une affection qui fait que vous ne parvenez jamais à être satisfait de votre physique, quelle que soit l’opération ou les interventions que vous pratiquerez pour vous accepter)… Les jeunes ont en effet une relation désastreuse à leur image, générée par les réseaux sociaux, l’usage abusif des filtres, mais aussi par la peur du rejet et une sorte d’insécurité grandissante dans les mentalités qui se répercute sur les jeunes.

La vidéo du jour : 

La course à la perfection physique a toujours existé, mais elle prend de nouvelles formes alors que les techniques de médecine esthétique et de chirurgie plastique deviennent de plus en plus accessibles, tant financièrement qu’au niveau de l’accessibilité, encore une fois rendue plus fluide via les réseaux sociaux. En janvier dernier, le #plasticsurgery culminait 12 milliards de vues sur TIkTok. Les vidéos avant-après affichant les résultats d'opérations chirurgicales (parfois encore fraîches) sont incroyablement populaires. Le phénomène prend une ampleur phénoménale.

La botox party

Pour preuve, les fameuses Botox Parties, ces soirées où, dans le meilleur des cas, un médecin (dans le pire des cas une praticienne en esthétique) vient injecter du botox ou de l'acide hyluronique dans le front, les joues où la bouche d’une dizaine de clientes en une seule session. Le plus souvent, cela se passe avec une consultation médicale réduite à sa plus simple expression, aucune enquête sur les antécédents médicaux, aucune auscultation préalable… et c'est là que cela devient risqué.

Aude De Doncker, dermatologue, nous explique : "Le visage, et la partie la plus vascularisée de tout notre corps, si vous piquez 2 millimètres trop à gauche, ou trop à droite, vous risquez de créer des œdèmes ou des dommages pas toujours réversibles sur votre visage. Nous, médecins, sommes toujours effarés, quand nous voyons que des esthéticiennes s’autorisent à injecter des produits dans le visage des gens… »

Les hommes, la nouvelle cible de la médecine esthétique - Photo Getty Images /unsplash+

Mais alors, comment expliquer le succès de ces soirées, surtout quand on sait que le prix n’est pas forcément plus élevé si vous passez par un médecin esthétique ? "Il y a tout un marketing autour de cela, la soirée est conviviale, on vous sert une petite coupe de champagne et vous êtes entourées de vos amies ou d'autres candidats et candidates aussi stressées que vous. Cet effet d’entraînement est important, surtout pour celles et ceux qui ont hésité jusqu’alors à sauter le pas… Quand elles sont organisées par des instituts de beauté ou par des particuliers, l’expérience est tentante et on ne vous explique rien sur les éventuels effets secondaires ou risques de l'intervention, c'est vraiment de l'inconscience …

Dans le meilleur des cas, c'est un médecin qui se sera déplacé avec son matériel et prendra le minimum de précautions au moment de l’injection, mais parfois, cela dérape car la personne qui vous injecte les produits n’est absolument pas médecin. Parfois, elle est à peine formée pour pratiquer ce type d’injection. Or, même si la toxine botulique est l’acide hyaluronique sont en theorie résorbables, certains drames surviennent: surinfection, ratés, allergies. Et, dans ce cas, vous n’aurez aucun recours, ni aucune garantie de revenir en arrière. Beaucoup négligent les risques de ce type d’intervention.

Faut-il renoncer aux injections ?

"Pas forcément, elle permettent en effet de ralentir le vieillissement et de lisser certaines rides, et donc de vous sentir mieux dans votre peau. Il n’est pas question non plus d’interdire aux gens de pratiquer de la chirurgie esthétique, mais il est question de mettre en garde contre des pratiques abusives ou inconscientes"… Il est essentiel de passer toujours par un médecin, et pas n'importe quel médecin: choisissez un dermatologue ou un chirurgien plasticien, qui sont les seuls formés à la chirurgie spécifique du visage. Ce spécialiste veillera à ce que ces injections soient pratiquées dans les règles de l’art, dans des conditions d’hygiène optimales, sans endommager aucun tissu…

La médecine esthétique n’est pas nouvelle, ni dangereuse en soi, mais il est important de se tourner vers un bon médecin, car ce n'est pas parce que c'est ésthétique, et donc "pas vital", que les risques n'existent pas. En cas de doute, référez-vous au site de la Société Royale Belge de Chirurgie Plastique  ou au site de la Société Belge de Médecine Esthétique pour vous aider à trouver le bon praticien, les deux sites recensent tous les médecins et chirurgiens compétents et reconnus par le Ministère de la Santé, avec un moteur de recherche par région. Et n'hésitez pas à demander plusieurs avis avant toute intervention.

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