Ces smartphones qui font de vraies photos

Écran sans bords, double capteur, autofocus laser... Les smartphones premium rivalisent d’inventivité optique, jusqu’à ringardiser les gros appareils reflex. Même chez les pros.

PAR DORIAN PECK. PHOTOS D.R. |

Ce n’est plus une tendance, c’est un phénomène : 97 % des images prises dans le monde sont capturées avec un smartphone ou une tablette. Signe des temps, l’iPhone est même devenu “l’appareil photo“ le plus utilisé sur la plateforme de partage de photos et vidéos Flickr, loin devant un Canon ou un Nikon. Les smartphones deviennent de plus en plus intelligents. Mais c’est bien en matière d’optique que se joue la vraie bataille entre l’américain Apple et les groupes coréen et chinois venus bousculer sa suprématie.

Pour preuve : les grands noms de la photographie s’y intéressent de plus en plus. C’est tellement vrai que, récemment, le producteur allemand d’optiques Leica est devenu partenaire du fabricant chinois de smartphones Huawei. Quant à Zeiss, qui fabrique - pour compte propre - des lentilles additionnelles adaptées à certains iPhones (Exolens), il livre aussi du matériel à Sony. Ces rapprochements se font aussi dans le sens inverse. En 2015, Apple a racheté LinX, une entreprise israélienne ayant développé des appareils photos à capteurs multiples. Cette technologie a d’ailleurs servi à équiper l’iPhone 7 Plus d’un double capteur, proposant une qualité d’image remarquable, notamment en termes de profondeur de champ.

Le troisième oeil

À l’époque, seuls LG et Huawei avaient ajouté un deuxième objectif et un autre capteur à l’arrière de leur téléphone. Depuis, ce format est devenu la norme et annonce une petite révolution. Avec deux capteurs photo, le smartphone voit en effet le monde différemment. Décalés d’un centimètre ou plus, ils enregistrent davantage d’informations sur la scène photographiée, et peuvent notamment simuler une très faible profondeur de champ, un rendu jusqu’alors réservé aux appareils photo plus avancés (et plus chers).

Une guerre des capteurs qui ne fait que commencer. Huawei, Samsung et One Plus s’activent ainsi pour le lancement de nouveaux modèles encore plus performants en 2018. En marge du CES de Las Vegas — la Mecque annuelle de la high tech —, il se chuchote que le prochain porte-drapeau de Huawei, le P11, ne viendra pas avec un double mais un triple capteur photos, doté de 40 mégapixels et d’un zoom hybride x5. De quoi vous convaincre de ranger au grenier votre reflex et tous ses objectifs ?

Je n’ai plus aucun scrupule à publier des photos prises avec mon smartphone, confie Alex Lambrechts, photographe de mode et ambassadeur Leica. C’est devenu tellement qualitatif qu’on peut se délester de tous les aspects techniques au profit de son intuition et de sa créativité. Sur mon smartphone, lorsque je presse le déclencheur, plusieurs photos sont capturées simultanément, chacune avec une focale spécifique. Après, c’est la partie logicielle qui prend le relais pour créer la meilleure image possible... À ce stade, ce n’est plus de la photo d’art, mais de la photographie intelligente. 

Les trois meilleurs photophones du moment

Samsung Galaxy Note 8, l'air des grands espaces

S’il est l’un des plus grands smartphones du marché (6,3 pouces), c’est qu’il est d’abord conçu comme un bloc-notes électronique avec son stylet et ses applications spéciales. Mais le Galaxy Note 8 est aussi un séduisant compagnon de voyage doté d’un gigantesque écran qui s’incurve sur les côtés. Samsung adopte la même philosophie qu’Apple : deux capteurs de 12 mégapixels. L’un pour stimuler les prises de vue en grand-angle, l’autre pour zoomer 2X sans perte de qualité. Autre caractéristique intéressante et assez rare sur les smartphones, l’optique des deux modules est stabilisée. Cela permet de réduire les flous de bouger lors de prise de vue en basse lumière. 1009 €.

Iphone X, le roi du selfie

L’iPhone X hérite du double capteur photo de l’iPhone 8 et 8 Plus mais le téléobjectif s’ouvre davantage, soit f/2.4 contre f/2.8 pour les deux modèles de 2017. L’objectif grand angle et le zoom sont stabilisés optiquement, et la caméra frontale de 7 mégapixels irréprochable. Petit plus : Apple a ajouté plusieurs modes pour les portraits, tels qu’éclairage des contours ou “éclairage de scène mono“. L’iPhone X est donc bien fourni au niveau de la prise d’image. Il est par ailleurs le seul sur le marché à pouvoir filmer en 4 K avec 60 images et en Full HD avec 240 images par seconde. C’est aussi le champion du slow motion... De 1159 à 1 329 €.

Huawei Mate 10 Pro, nouvelle référence

Avec la série Mate 10, Huawei présente l’un des fruits de ses recherches : un processeur dit “neuronal“, dédié aux tâches d’intelligence artificielle. À la fois cerveau et bête de course, le processeur Kirin 970 reconnaît immédiatement les visages et le type de scène photographiée... et ajuste les réglages en conséquence. La puce a été nourrie avec plus de 100 millions de photos, nous explique Peter Gauden, chef de produit chez Huawei. Par exemple, il suffit de pointer le smartphone vers un plat pour que le système comprenne qu’il va immortaliser de la nourriture. S’il reconnaît un portrait, l’accent sera à l’inverse plutôt mis sur le traitement de la peau du visage.

Face arrière, Huawei intègre deux focales grand angle et deux capteurs : un couleur et un monochrome. Un parti pris de la prestigieuse maison Leica, qui permet d’obtenir une plus grande nuance de gris, donc des images en noir et blanc plus riches. Plus qu’un coup de marketing, la signature du célèbre manufacturier allemand se ressent surtout à l’usage, dans les nombreux paramètres du logiciel photo qui permet de renouer avec les fondamentaux de la photographie : ouverture du diaphragme, vitesse d’obturation et profondeur de champ. Les résultats sont bluffants, même en basse lumière, ce qui est souvent le très gros point faible des smartphones. Ce Mate 10 Pro est un sans-faute, et pousse le photographe vers des territoires proches des boîtiers professionnels. 799 €.