Cette adresse est le nouveau temple de la cuisine indienne à Bruxelles

Pavan Bajwa et Tim Van den Heuvel, retenez bien les noms de ce couple de restaurateurs. Elle, précédemment designer dans la mode, et lui, DJ. Ils ont lancé avec succès des restaurants de cuisine indienne à Gand et Anvers, un food truck et, récemment, leur premier restaurant bruxellois : Mission Masala’s Bombay BBQ.

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

IIs sont audacieux, ils ont des idées et ils ne s’embarrassent pas de nos spécificités régionales, ils connaissaient très peu notre capitale, ils ne parlent pratiquement pas français, et ils se sont probablement dit que si ça plaisait aux gourmands un peu curieux de Flandre, ça marcherait aussi dans un environnement urbain à forte densité internationale. De fait, Pavan et Tim ont atterri avec un concept bien étudié, sur un coin de la chaussée d’Ixelles dans ce qui était un café à l’abandon, carrément un chancre urbain. Un restaurant dont la façade est résolument flashy, et on se réjouit de voir qu’après quelques précédents un peu rigoristes, l’administration ixelloise accepte désormais la mise en couleur des rez commerciaux, pour autant que les envies artistiques de l’exploitant s’arrêtent au premier étage. La déco à l’intérieur se poursuit dans le même esprit, c’est coloré, la musique “va fort”, les serveurs déambulent à toute vitesse, il y a beaucoup de monde, de bruit, de couleurs, de parfums de cuisine, d’épices.

En vidéo, cet aliment adoré des Belges serait à éviter :

Oubliez donc tout ce que vous savez des restaurants indiens en Belgique. Nous avons dans notre pays de très bons restaurants indiens, où l’on sert, selon de bonnes sources, de la cuisine authentique, avec les variantes végé et régionales, bref, on a le choix pour bien manger de la, des cuisine(s) indienne(s). Oui, mais. Sans vouloir faire nos foodistas en mal de nouveautés, on y mange bien, mais souvent on ne vibre pas.

Bombay BQ, c'est différent ?

Oui, ici, on a intégré les fameux “codes” pour drainer un public jeune, qui aime les saveurs tranchées, les cocktails, et pour qui manger, même à tarif raisonnable, doit être une expérience un peu immersive. On comprendra vite que le respect dogmatique des recettes indiennes traditionnelles n’est pas l’obsession des fondateurs, mais le tour de main, notamment avec les cuissons au tandoor, oui. Et c’est là que Bombay BBQ, dont nous vous parlions déjà à l'ouverture, percute.

Une carte de bières moderne, des cocktails vraiment séduisants. Dark and Desi (12,50 €) pour Florence (rhum, Ginger Beer), Tamarind Margarita pour moi (13,50 €) : crush total ; ce mix tamarin tequila est encore ancré à mes récepteurs divers. Les bières sont sympas aussi, et ne faites pas comme mes amis qui veulent boire du vin partout et toujours, restez sur les bières et les cocktails, vous serez dans le ton du lieu.

Une carte évidemment sharing food. En cuisine indienne, ça fait partie du jeu, et une cuisine qui ose sortir de piste, sans nous infliger forcément du very very hot. L’idéal serait d’y aller à au moins quatre convives (expérience déjà vécue avec mes enfants), histoire de faire du vrai sharing. Oui, parfois nous fréquentons deux à trois fois une adresse avant de vous en parler. Ce soir-là, on s’enfile un fried chicken (12,50 €) avec une mayo spicy, aussi excitant qu’un « tonkatsu » japonais (le poulet pourrait être un poil moins cuit, mais la mayo se charge de le raviver), des aubergines rôties (9 €), dans une sauce tomate épicée (mais point trop piquante), coco et crème aigre on the top, un régal, que je dois placer à un mètre de Florence qui essayait goulument de me chouraver l’assiette et des pimentos del padron (9,50 €) fourrés de fromage paneer.

Petit défaut de nombre de restaurants avec assiettes à partager, tout sort en même temps de la cuisine, ce qui nous fait manger un peu vite, et... un peu froid. Car même si l’on picore çà et là, quand j’attaque la première crevette (géante) du plat nommé prawnography (13 €), c’est moins que tiède. Toutefois, ces belles bêtes sont parfaitement cuites et assaisonnées, à nouveau, sans arracher les muqueuses. L’honnêteté commande de rappeler que j’aime les restos “où ça envoie”, tout en n’aimant pas manger froid ; c’est, selon Flo, mon seul côté client casse-pieds. Avec tous ces plats, des pains naan (4 €) moelleux et un excellent riz pilav (4,50 €).

Affrontons immédiatement une réalité objective. On n’est ici ni dans la bouffe durable ni dans le terroir. On se dit que le fried chicken n’est sûrement pas du coucou de Malines bio, et que les (excellentes) crevettes n’ont probablement pas de label ASC ou MSC, quoiqu’on pourrait être surpris. La qualité se situe ici dans le plaisir simple et percutant des recettes, pas dans l’excellence absolue du produit, mais on se régale, et – on est sympas, on vous épargne tous les restos où on ne se régale pas – ce n’est pas si souvent.
Qui plus est, les plats servis sortent des chemins battus, non pas pour – à notre sens – s’européaniser, mais pour en faire une street fast good food pleine de goûts, de surprises, d’envie d’y retourner en trempant le riz dans les sauces des aubergines, le naan dans la mayo du poulet. Bref, parce qu’on a décidé de faire encore beaucoup de restos pour vous amis lecteurs, nous n’irons pas plus loin que deux cocktails, quatre plats et deux side dishes, et même l’appétit légendaire de Florence y a trouvé son compte.

En conclusion ?

Nous voilà ici dans un fast “bien plus que good”, avec de la cuisine qui tape fort dans les papilles, des cocktails vraiment bons (attention, ils peuvent échauffer l’addition) pour des prix raisonnables qui, en tout cas en ce qui me concerne, me permettent d’y inviter quelques amis ou toute ma progéniture sans y dépenser un rein.

Infos ?

Où ? Mission Masala’s Bombay BBQ, 280 chaussée d’Ixelles, 1050 Bruxelles.

Quand ? Ouvert le soir, du mardi au dimanche. missionmasala.be

  

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